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Alvarez ne voudra pas stopper l’effet domino lancé par sa victoire d’août

FRISCO, Texas — La victoire spectaculaire d’Eleider Alvarez aux dépens de Sergey Kovalev en août dernier a non seulement surpris le monde de la boxe, mais elle a déclenché toute une série d’événements dans la carrière et la vie du Montréalais d’adoption.

Tard samedi, Alvarez cherchera à remporter ce combat revanche non seulement pour conserver la ceinture des mi-lourds de la World Boxing Organization (WBO), mais également pour s’assurer de ne pas freiner cet effet domino.

Ces deux combats contre Kovalev (32-3-1, 28 K.-O.) auront permis à Alvarez d’engranger de fortes sommes. L’argent permettra au Colombien d’origine de subvenir davantage aux besoins de sa petite famille, demeurée en Colombie. Son gérant, Stéphane Lépine, a fait tout un travail afin de bien préparer son ami à gérer ce flot soudain de liquidités.

Mais l’argent pourrait encore davantage entrer dans les coffres du nouveau champion s’il devait confirmer sa victoire d’août dans la nuit de samedi à dimanche.

C’est qu’Yvon Michel, son promoteur, lui a déniché toute une entente avec Top Rank et ESPN, la plus lucrative jamais signée pour un boxeur au Québec, selon le président de GYM. Mais pour qu’il entre en vigueur, une victoire au Texas ce week-end est nécessaire.

«Ce combat-là est la revanche du combat négocié avec Main Events, a expliqué Michel plus tôt cette semaine. Les détails ont été faciles à négocier: Kathy Duva et moi avions convenu qu’en cas de revanche, nous partagions 50-50, mais elle choisissait le lieu et le réseau. Nous croyions que c’était pour être HBO, mais les paramètres ont changé.»

Le retrait subit et surprise de HBO du monde de la boxe a laissé la place à plusieurs nouveaux joueurs, notamment le site de visionnement en continu DAZN et ESPN, qui a lancé son propre service sur le web, ESPN+.

«Nous avons alors négocié avec ESPN et DAZN, où je croyais que nous allions aboutir. Mais ESPN et Top Rank a fait une dernière offre beaucoup plus intéressante.»

Michel précise toutefois qu’il n’a pas cédé la promotion de la carrière d’Alvarez aux Américains.

«Eleider n’est pas sous contrat avec Top Rank, il l’est avec nous. GYM a signé avec Top Rank et ESPN. Évidemment Stéphane (Lépine) et Eleider sont au courant de toute l’entente. Notre contrat, entre GYM et Eleider, va jusqu’en 2024, donc au-delà de celui avec top Rank et ESPN, qui est de sept combats — ou plus, si nous sommes capables — et 24 mois. Idéalement, Eleider voudrait se battre trois fois par an.»

Et le boxeur aura le gros bout du bâton quant aux dates de ses combats.

«Quand Eleider sera prêt, ESPN et Top Rank vont nous trouver des dates, ce ne sera pas le contraire.»

Mais cela signifiera toutefois qu’on le verra moins au Québec au cours des prochaines années.

«J’ai été obligé de pousser fort: ils voulaient seulement le produire à l’extérieur du Québec, souligne Michel. Nous avons obtenu qu’au minimum, deux des sept combats aient lieu au Québec. Nous nous sommes aussi entendus qu’en fonction des ressources financières que nous irons chercher au Québec par rapport à celles obtenues aux États-Unis, il y a une ouverture à ce qu’ils viennent plus souvent. Au départ, eux voulaient le bâtir aux États-Unis dans la communauté latino-américaine.»

Gain important pour Michel et le clan Alvarez: s’il l’emporte samedi, sa prochaine défense de titre aura lieu au Québec. Martin Tremblay, chef de l’exploitation de Québecor Groupe Sports et divertissement, est également sur place cette semaine à Frisco. On peut donc penser que le Centre Vidéotron de Québec accueillerait le premier combat de l’association Alvarez-ESPN.

«Je comprends ce que les partisans craignent, mais ils ne devraient pas s’en faire. Nous allons le ramener au Canada, a indiqué Carl Moretti, vice-président opérations boxe de Top Rank. Sa deuxième défense de titre sera au Canada.»

Moretti a par ailleur confirmé que le million $ américains que recevra Alvarez pour son combat face à Kovalev sera son plus petit chèque de paie des deux prochaines années s’il l’emporte.

«Puisque c’est une division très intéressante, en raison des combats d’unification qui y seront possibles et des aspirants qui s’y trouvent, les sommes impliquées sont plus intéressantes. Eleider, en raison de la position dans laquelle il se trouve présentement, pourra grandement en profiter.»

Si Alvarez devait s’incliner devant Kovalev, Top Rank lui a garanti un certain filet de sûreté avec un combat, mais l’entente ne serait plus valide.

«C’est comme au football, a imagé Michel. Nous n’avons pas de contrat garanti. (…) Si jamais ça s’arrêtait là, ça l’aura rendu millionnaire. Mais une victoire le propulserait vers de très hauts sommets.»

«La boxe à ce niveau, c’est une question de vie ou de mort à chaque combat, a ajouté son entraîneur, Marc Ramsay. Oui, le contrat avec ESPN met de la pression, mais on n’y pense pas vraiment. Au point où nous en sommes, nous sommes concentrés sur le travail à accomplir. Ça ne sert à rien de se mettre une pression supplémentaire avec ça.»

Alors que le Québec était un marché majeur pour la boxe il y a quelques années à peine, son étoile a pâli.

«Ce n’est pas pour rien qu’au sein de Top Rank se trouvent plusieurs membres du Temple de la renommée: ils comprennent très bien le marché. Ce qu’ils m’ont dit, c’est qu’à la suite de leurs études de marché, le Québec, qui a déjà été un très grand marché, est moins fort actuellement. Ils veulent par contre travailler avec nous pour le rebâtir. Et ça ne veut pas seulement dire ramener Alvarez au Québec. Il y a d’autres outils qu’on veut mettre sur pied ensemble.»

Frédéric Daigle, La Presse canadienne

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