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Syphillis: les médecins appelés à plus de prudence pour les femmes enceintes

MONTRÉAL — Le Collège des médecins appelle les médecins à redoubler de prudence dans le dépistage de la syphilis, une infection transmise sexuellement qui est en recrudescence et qui peut avoir des conséquences graves chez les bébés de mères non traitées.

Cette semaine, l’ordre professionnel a publié un avis sur son site internet pour inciter les médecins à ne pas oublier la syphilis dans l’éventail de leurs diagnostics, surtout lors des suivis de grossesse.

«La syphilis était en voie de disparition, c’est certain qu’à ce moment-là, au niveau de la vigilance des médecins, il y avait peut-être moins d’inquiétudes par rapport à cette maladie-là», a expliqué en entrevue le docteur Jean-Bernard Trudeau, qui est secrétaire adjoint du Collège des médecins.

Mais récemment, la santé publique note une augmentation des cas chez les femmes. Selon les dernières données, le nombre d’infections déclarées à la syphilis est en augmentation chez les femmes en âge de procréer (15 à 49 ans) — en 2017, on dénombrait 172 cas.

D’après les données de la santé publique, entre 2014 et 2017, environ 25 pour cent des cas déclarés de syphilis ont été constatés chez des femmes enceintes.

D’ailleurs, le Collège des médecins se préoccupe d’une hausse du nombre de cas de syphilis congénitale dans les dernières années. Dans les 15 dernières années, on dénombrait cinq cas déclarés, mais entre 2016 et 2018, il y aurait eu sept cas.

«Même si ce sont de petits chiffres, il y a quand même une augmentation qui est significative», a souligné le docteur Trudeau.

Si elles ne reçoivent pas des traitements adéquats, les femmes peuvent transmettre l’infection au foetus et au nouveau-né, qui peuvent avoir des séquelles importantes.

«Ça peut atteindre plusieurs organes, d’où l’importance de prendre ça au sérieux, parce qu’on peut venir handicaper la vie de l’enfant pour le restant de ses jours», a résumé le docteur.

Le collège juge important de faire cette mise en garde, puisque les graves conséquences de la maladie sur les bébés peuvent être «facilement prévenues».

«Il faut demander le test lors d’une première visite quand une femme est enceinte, il faut aussi demander le test à l’accouchement ou à la sortie du bébé et de la mère de l’hôpital», a ajouté le docteur Trudeau.

«Ce n’est pas un test qui est compliqué, ça vaut la peine de le demander, parce que s’il est positif, on peut faire quelque chose et on peut prévenir aussi la situation.»

Le docteur Bernard suggère aux Québécois d’évidemment bien se protéger lorsqu’ils ont des relations sexuelles avec plusieurs partenaires, mais aussi d’être «proactif comme patient».

La syphilis est souvent asymptomatique, mais elle peut se manifester par un ulcère buccal, anal ou génital. L’apparition de ces symptômes devrait inciter les patients à consulter, selon le docteur Bernard.

Et même sans cela, dit-il, les patients ne devraient pas hésiter à parler de cette infection à leur médecin et à demander le test s’il y a lieu.

Vicky Fragasso-Marquis, La Presse canadienne


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