Musique du Faubourg fermera ses portes à l’automne

Musique du Faubourg fermera ses portes à l’automne. Le disquaire indépendant de la rue Saint-Jean – véritable institution – n’est plus rentable. Les gens commandent leur musique dorénavant par Internet, souvent à coût moindre, directement des compagnies de disques. L’endroit aurait fêté ses 20 ans l’an prochain.

«Moi, ma clientèle, ici, a commencé à acheter en ligne, d’indiquer Stéphane Laroque, propriétaire de Musique du Faubourg depuis cinq ans. Ils ont délaissé les magasins indépendants pour aller acheter sur Internet. Pas downloader, acheter [des albums palpables]. Moi c’est ça qui m’a fait mal. Comme Amazon et compagnie.»

 

Ce dernier a accepté de parler de la fermeture prochaine de son commerce pour aider les autres qui continuent d’opérer, en espérant que ça ait comme effet d’encourager la population à considérer ces petits disquaires lors de leur prochain achat de disque.

 

Musique du Faubourg est ce petit commerce de la rue Saint-Jean qui échange des disques usagés, vend des disques neufs, ainsi que des vinyles.

 

Le petit magasin chargé de disques, placés sur des murs amovibles – afin de pouvoir accéder à d’autres murs de disques, derrière – faisait à une certaine époque la joie des étudiants, des amateurs de métal, de progressif ou de classiques du rock d’hier. Une véritable caverne d’Ali Baba pour ces derniers. Les habitués ont toutefois délaissé le magasin, et ce sont les touristes qui font vivre le magasin, depuis quelque temps. «On n’a plus de clientèle locale. Le quartier [Saint-Jean-Baptiste] s’est vraiment appauvri.»

 

Les indépendants ne pourront survivre longtemps, croit le propriétaire. «Le gros phénomène qui a fait que les indépendants vont disparaître, c’est que les distributeurs se sont mis à vendre en ligne directement aux clients… En bas du prix que je les paye ici, au Canada!», peste M. Laroque, dont les pertes de ventes se chiffrent à entre 15 et 17% annuellement, depuis 2006.

 

En fait, certains gros noms de la vente de disques au détail ont l’avantage d’avoir comme entreprise soeur des distributeurs, rendant la compétition difficile aux petits disquaires.

 

Stéphane Laroque avait misé, dans les derniers mois, sur la vente de vinyles. Mais l’engouement ne fut pas assez grand pour sauver le commerce.

 

Le propriétaire s’est récemment fait demander pourquoi il ne voulait plus acheter de publicités pour des publications locales ou des organismes. «Je leur ai posé la question : « C’est quand la dernière fois que vous avez acheté un CD dans un magasin indépendant? » C’est simple, la réponse est là», ajoute celui qui dit faire du bénévolat dans son commerce depuis maintenant deux ans. «La dernière étape vient d’arriver. Les cessations d’emploi des derniers employés viennent de rentrer… Je ne peux pas aller plus loin que ça», dit celui qui doit se départir de ses trois employés, et qui en a déjà licencié un.

 

Stéphane Laroque repart de Québec, une ville qu’il n’a pas eu le temps de connaître à fond, ayant des semaines bien chargées. Il retourne en Outaouais, où il déménage son magasin. Un magasin qui fera surtout des affaires en ligne, une façon de faire qu’on ne peut plus éviter. Il se tournera entre autres vers Amazon pour vendre ses disques. Vers ceux-là mêmes qui auront tué son commerce. Comme quoi il vaut parfois mieux embarquer dans la parade, avant qu’elle nous écrase.

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