Logements insalubres : «des propriétaires délinquants»

La qualité de certains logements n’est pas à la hauteur des espérances des locataires. À l’image de deux colocataires du quartier Saint-Sauveur qui ont été contraintes de retourner vivre dans leur famille. Porte défoncée, cloison cassée et plafond éventré, les deux locataires ne peuvent plus vivre dans leur appartement. Aujourd’hui, elles espèrent faire entendre leur cause.

En rentrant chez elles, le 27 septembre dernier, les locataires d’un appartement situé sur la rue Saint-François Ouest, dans le quartier Saint-Sauveur, ont eu la mauvaise surprise de découvrir une cascade d’eau chaude dans leur salon, provenant de l’étage supérieur. Cette fuite a causé de nombreux dégâts notamment dans le salon et dans la salle de bain.

Avant d’entamer quelque procédure que ce soit, les deux locataires ont tenté un arrangement à l’amiable avec le propriétaire. «Nous lui avons demandé de nous payer un nouveau divan puisque nous avons dû jeter le nôtre. Nous voulions également un mois de loyer gratuit en dédommagement et la possibilité de résilier notre bail en tout temps. Ce n’est pas grand-chose. Mais la propriétaire n’a jamais répondu.»

Aide à la régie du logement

Face au silence, les deux femmes lancent une procédure. «Nous avons envoyé une mise en demeure le mois dernier à la propriétaire. Un ouvrier est seulement venu ouvrir le plafond de la salle de bain mais les travaux de réparation ne sont pas entamés pour le moment, témoignent-elles découragées. Nous avons également fait appel à un inspecteur municipal pour faire pression, mais ça ne change rien.»

Depuis cet évènement, les deux locataires ne vivent plus dans leur appartement. Elles sont hébergées dans leur famille. «Pendant ce temps, on continue de payer notre loyer et on ne peut pas en payer deux en même temps», déplorent-elles.

Locataires depuis 2003, elles avouent avoir «un propriétaire très négligent, c’est un délinquant. Tout est fait de bric-à-brac, c’est un logement insalubre».

Dans les jours à venir, elles iront déposer une demande d’aide auprès de la régie du logement en espérant faire entendre leur cause. Elles espèrent trouver un logement à un prix abordable en juillet prochain pour quitter leur appartement et une chose est sûre : «on n’abandonnera pas les démarches même si nous quittons le logement», assurent-elles.

La maison de l’horreur

Le regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) a profité de l’Halloween pour dévoiler une maison de l’horreur dans leur local. Une manière pour les locataires d’illustrer concrètement, à partir de photos prises dans leur logement, les problèmes d’insalubrité et de détérioration du parc locatif. «Près d’un tiers de nos appels concernent des problèmes de qualité des logements. Il peut s’agir d’une absence de chauffage, de fenêtres cassées. Nous avons de plus en plus de cas d’appel pour de la moisissure et des punaises de lit», explique Nicole Dionne, coordinatrice au Bureau d’animation et information logement du Québec métropolitain (BAIL).

Un code du logement provincial

Et à travers cette maison de l’horreur, le RCLALQ souhaite «dénoncer l’inactivité du gouvernement. Nous demandons une réglementation, un code du logement provincial pour que l’ensemble des locataires du Québec ait les mêmes droits et les mêmes protections. Sur plus de 1000 municipalités que compte la province, seulement neuf ont une réglementation», souligne-t-elle. Et Québec fait partie de ces neuf villes. «La Ville de Québec ne poursuit pas les propriétaires délinquants car les amendes sont ridicules. La réglementation actuelle prévoit une amende 300 $», souligne Jonathan Carmichael au BAIL.

Selon le RCLALQ, des centaines de milliers de locataires sont aux prises avec des problèmes de logements.

 

Le Québec Express, membre du Groupe Québec Hebdo

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