Un restaurant mobile qui ne bougera pas d’un pouce

Peut-être est-ce le début d’un mouvement de restaurateurs-camionneurs à Québec. Le premier Panache mobile à Québec a été inauguré le 14 juin dernier. Il s’agit de la deuxième roulotte de l’Auberge Saint-Antoine, la première ayant élu domicile au Vignoble Ste-Pétronille à l’Île d’Orléans.

La formule, inspirée notamment des États-Unis, est unique à sa façon puisqu’en raison des lois municipales, le Panache mobile demeurera au même endroit tout l’été. Comme sa jumelle insulaire, la roulotte gourmande passera tout l’été sur son site, soit le Bassin Brown situé sur les terrains fédéraux du Port de Québec, à proximité de la Promenade Samuel-de-Champlain.

«Ils existent parce que ce sont des Panache mobile immobiles. Au niveau légal, ces véhicules-là n’ont pas le droit de bouger. Il y a notamment du propane et un besoin d’eau potable», explique le responsable des deux restaurants Panache mobile, David Plante.

Ce deuxième bébé sur quatre roues de la famille Price, propriétaire de l’Auberge Saint-Antoine, aura probablement une vocation plus touristique et familiale. Les clients commanderont au comptoir comme à la cantine et l’alcool ne sera pas vendu sur place. Près d’une vingtaine de tables à pique-nique ont été installées sur le site pour accueillir les gourmands. Le menu mettra en vedette les produits locaux. Le nouveau chef du Panache, Julien Dumas, revisite présentement quelques-unes des recettes. Pas de panique, la fameuse guedille de homard et avocat est toujours au menu.

À la différence de la traditionnelle bouffe de rue qui se mange d’une main et rapidement, les mets du Panache mobile sont plus élaborés. Une salade d’asperges vertes, canard fumé

et amandes, une assiette de saucissons des Viandes Biologiques de Charlevoix ainsi qu’un focaccia aux fines herbes, tomates confites, tapenade et légumes grillés sont notamment au menu. Certains légumes en saison estivale proviennent du jardin biologique du Panache sur l’Île d’Orléans. La surproduction maraîchère des dernières années est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles le premier Panache mobile a été institué.

Montréal entrouvre la porte à la bouffe de rue

Alors qu’à Montréal, la Ville a annoncé le 13 juin la tenue d’une commission de consultation sur la bouffe de rue, la Ville de Québec ne semble pas envisager un changement de ce côté. Les camionneurs-restaurateurs demeurent interdits sur son territoire. À Montréal, une réflexion aurait été entamée à savoir si le règlement datant de belle lurette au sujet de la vente alimentaire dans les rues devrait être mise à jour.

Du côté de l’Auberge Saint-Antoine, le projet de roulotte constitue un service estival pour l’instant. «On fait nos demandes, on essaie de repousser les limites toujours dans le domaine des lois actuelles. On travaille avec les paramètres existants», poursuit M. Plante. La première expérience au Vignoble Ste-Pétronille a démontré définitivement l’engouement pour ce type de restauration, selon lui. L’équipe souhaitait servir entre 40 à 50 repas par jour dans la cadre des activités du Panache mobile. C’est entre 250 et 300 services que le personnel a cumulé quotidiennement. Record battu: 314 clients en six heures.

Autant de services pour une aussi petite cuisine a créé d’importants délais au niveau du temps d’attente. Pour cette raison, une cuisine de production à même l’Auberge Saint-Antoine a été construite afin de permettre aux chefs l’exécution des préparations. Au total, une somme de 700 000$ a été investie cette année, incluant le coût de la deuxième roulotte.

Comparativement aux cantines mobiles de l’époque, ce nouveau mouvement de bouffe de rue propose en général des plats haut de gamme. En entrevue avec l’hebdomadaire TC Media Le Journal de Rosemont, l’un des pionniers des restaurateurs-camionneurs de la métropole, Gaëlle Cerf, différencie ladite bouffe de rue du fast-food. «On veut démontrer que la bouffe de rue de qualité, oui, c’est possible, indique Mme Cerf, propriétaire du Grumman’78. On n’a rien à voir avec les hot-dog steamés ou les bretzels de New York, ou encore avec des grillades de viandes sur une plaque électrique alimentée au moyen d’une vieille batterie de char. Nous, on se conforme aux règlements sanitaires du MAPAQ (ministère de l’Agriculture, des Pêches et de l’Alimentation du Québec), on a l’eau courante, les espaces de travail sont lavés et désinfectés et on engage de vrais cuisiniers. On a nos permis, comme tout vrai restaurant».

Ce mouvement ne fait cependant pas que des heureux, l’Association des restaurateurs du Québec (ARQ) a réitérer son opposition au développement de ce type de service de restauration quelques heures après l’annonce faite par la Ville de Montréal d’accorder au Comité de développement économique et d’habitation un mandat d’étude visant la bouffe de rue sur son territoire. «Nous jugeons la concurrence dans notre secteur suffisamment grande sans qu’en plus on ajoute des camions ambulants», a expliqué le vice-président aux affaires publiques et gouvernementales de l’ARQ, François Meunier, dans un communiqué de presse.

Un portrait différent à Québec

La concurrence dans le milieu de la restauration serait-elle différente de l’autre côté de la 20? C’est ce que semble croire le responsables des Panache mobile, David Plante. «À Québec, je ne pense pas qu’il y ait une grosse [opposition] à ce niveau. Je crois qu’il y a de la place pour les deux [restaurants mobiles et immobiles], fait valoir M. Plante. C’est clair qu’il y a de la place pour tout le monde en saison estivale.» Ce dernier soutient que la manne touristique de mai à septembre constitue une clientèle très volatile. «Peut-être qu’il y aura des craintes, mais l’Auberge Saint-Antoine, eux, exploite différents types de restauration», conclut M. Plante.

Les Panache mobile sont ouverts de 11h à 17h. La roulotte située à l’Île d’Orléans est actuellement ouverte, et ce, jusqu’au 8 octobre. Par ailleurs, les premiers repas au Bassin Brown seront dégustés à partir du 22 juin. Les activités de restauration feront relâches pour l’hiver le 8 octobre. Québec Express, membre du Groupe Québec Hebdo

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