Centre Morrin: Sur les pas des condamnés à mort

HISTOIRE. Le centre Morrin est étonnant. Alors que les sous-sols, composés d’anciennes prisons de condamnés à mort, sont froids et sinistres, les étages supérieurs, eux, nous plongeraient presque dans l’univers d’Harry Potter…. Une belle dualité à visiter dans un lieu méconnu des Québécois.

C’est en costume d’époque que la guide nous accueille au sein du Centre Morrin. Longue robe blanche et bandeau sur la tête, Malena nous guide à travers les corridors sombres qui mènent aux cachots. En effet, au sous-sol de la grande bibliothèque de langue anglaise, se trouvent les «couloirs de la mort». Des endroits où les condamnés à mort étaient enfermés avant leur sentence.

Conservé dans ses conditions d’origines, l’endroit fait froid dans le dos. Dans ces geôles se sont côtoyés les condamnés à morts mais aussi les prisonniers mis en isolation dans la noirceur la plus total pendant un mois. Une expérience que la guide prend d’ailleurs plaisir à faire tester aux visiteurs intrépides qui ont le courage d’être enfermés quelques secondes dans la petite cellule. «Par cette technique, on voulait briser l’esprit du prisonnier. Il était dans la pénombre, uniquement nourri au pain et à l’eau, avec juste une couverture. Et des rats pour lui tenir compagnie…», explique Malena. Beaucoup d’hommes sont tout de même parvenu à s’échapper de ce triste corridor. Dont un pas moins de… Dix fois!

Dans les cellules, certains prisonniers ont laissé leurs empreintes en gravant leurs initiales dans la pierre. Un marin a même indiqué le nom de son navire et de son port d’attache. 1864 sera l’année de la dernière pendaison publique, qui aura rassemblé à l’époque pas moins d’un tiers de la ville soit 8000 spectateurs! Si la guide peut raconter toutes ses anecdotes, c’est en partie parce que le Centre a rassemblé des archives, en plus d’être appuyé par la Société Littéraire et Historique du Québec, la première société savante au Canada, ainsi que par des historiens de l’Université Laval spécialisés dans l’histoire carcérale à Québec.

L’ancien collège anglophone

Une fois que l’on quitte cette triste pièce, l’atmosphère change soudainement. Au premier étage, place à l’ancien collège anglophone de la ville. En activité de 1868 à 1902, après la rénovation du bâtiment, l’établissement accueillait 25 élèves par année. Un petit taux suite à son statut d’école anglophone protestante et non catholique. Le corridor des morts ne nous quitte jamais totalement cependant. Aux fenêtres disposées dans les grands espaces éclairés, l’on peut encore voir la marque des barreaux des anciennes cellules. Un contraste saisissant entre deux mondes radicalement opposés.

Une fois que l’on grimpe les marches, qui ont plus de deux siècles et sont réputées pour ne jamais craquer, on accède à la salle de chimie. On peut y observer une ancienne chambre noire, mais aussi nombre d’objets de l’époque. Encore plus haut, sur un balcon intérieur qui surplombe la bibliothèque, les livres sont présents à foison. Plus de 20 000 ouvrages composent la collection du Centre Morin, dont beaucoup doivent être restaurés suite à leur ancienneté. La statue de Wolfe, détestée par les anglais pour sa petite taille, lève le doigt et veille sur toute la collection. Du haut de la balustrade, difficile de ne pas penser à l’imaginaire du monde d’Harry Potter en voyant cette salle colorée.

«C’est vraiment intéressant de guider les visiteurs ici. Ils viennent surtout pour la prison puis finalement ils sont émerveillés quand ils voient le reste de la visite, c’est un peu comme un monde de Disney tout d’un coup», s’amuse Malena. La jeune guide est d’ailleurs étonnée qu’aucun de ses amis québécois ne connaissent l’endroit où elle travaille. «Les gens viennent souvent de l’extérieur de Québec. Les résidents ne connaissent que rarement cet endroit», constate-t-elle. Pourtant le Centre a bien besoin de visiteurs. C’est grâce aux bénéfices engendrés par les visites, les locations de salles mais aussi les dons des membres qu’il parvient à entretenir son bâtiment et à restaurer ses livres anciens.

Plus d’informations sur http://www.morrin.org/

Québec Hebdo

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