Dossier accidents routiers : la Capitale cumule un bilan pire que Montréal

Sans être le cancre de la classe en matière de conduite automobile, la région de Québec affiche un bilan peu reluisant pour le nombre des accidents routiers. Elle se hisse au-dessus de la moyenne provinciale et fait même pire que Montréal.

Voilà ce que révèle une enquête réalisée par TC Média, à partir des données compilées par la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) au cours des sept dernières années. Reconnue pour être un haut lieu de collisions au Québec, Montréal se retrouve au 107e rang (sur 180) avec un taux de 13,51 accidents par 1 000 habitants. C’est loin derrière la ville de Québec, qui arrive au 59e rang avec une moyenne de 19,58 accidents par 1 000 habitants.

Pareil résultat place les conducteurs de la capitale dans une situation moins enviable que ceux du reste de la province et des villages (-5 000 âmes) éloignés et aux routes plus hasardeuses. Ces catégories affichent des bilans respectifs de 16,04 et 18,86 accidents par 1 000 habitants. Aspects positifs, Québec fait meilleure figure du côté des blessés et des victimes de la route, comparativement à la moyenne provinciale.

«Il faut noter que la région de la Capitale a un taux moyen (7 ans) de véhicules en circulation par 1 000 habitants de 748,2 alors que ce même taux dans l’ensemble du Québec est de 736,2. De plus, le taux moyen (7 ans) de titulaires de permis par 1 000 habitants est de 678 pour la région de Québec contre 642,1 pour la province. Dans les circonstances, la Capitale peut revendiquer un meilleur bilan», relativise la Direction des études et stratégies en sécurité routière à la SAAQ.

Zones à risque

L’enquête de TC Média constate que c’est la ville de Mont-Tremblant, avec ses 9 430 résidents (en 2012) et 2 millions de visiteurs annuels, qui trône au sommet du sombre palmarès. Elle revendique le plus haut taux d’accidents des sept dernières années dans la Belle province, soit 34,48 par 1 000 habitants. Les municipalités de Joliette (31,29), Sainte-Agathe-des-Monts (27,71), Saguenay (27,30) et La Tuque (26,05) complètent le top 5.

Des données intéressantes et fiables, estime Jean-Marie De Koninck, président de la Table québécoise de la sécurité routière et professeur au département de mathématiques et de statistiques à l’Université Laval. «Il faut toutefois regarder les raisons et les circonstances. Il y a entre autres l’affluence de tourisme et la présence de camions impliqués dans des accidents généralement plus graves», explique ce dernier.

Routes à double sens, courbes prononcées, vieilles chaussées sont au nombre des aspects qui peuvent expliquer que certaines municipalités aient un lot d’accidents plus élevé, fait valoir M. De Koninck. C’est sans doute ce qui explique que dans la région de Québec, les secteurs périphériques comme Charlevoix et Portneuf montrent des moyennes plus élevées d’accidents par 1 000 habitants. C’est le cas particulièrement de La Malbaie (25,79), Baie-Saint-Paul (25,01), Sainte-Catherine (20,42) et Donnacona (16,62); de même que de Stoneham à l’entrée du parc des Laurentides (19,1).

«Il est difficile de localiser des portions de routes qui pourraient être problématiques dans les secteurs mentionnés. Signalons que les artères principales de ceux-ci sont, pour la plupart, des routes à 90 km/h dont les voies pour chaque direction ne sont pas séparées. On sait que ces routes sont plus accidentogènes que celles dont les voies sont séparées par un terre-plein ou un boisé par exemple», précise-t-on à la SAAQ.

Par ailleurs, la densité urbaine fait que la métropole s’avère sans surprise le territoire où il se produit le plus d’accidents. Entre 2006 et 2012, pas moins de 164 152 accidents sont survenus à Montréal. Dans l’ordre, Québec (71 533), Laval (35 106), Gatineau (31 383), Saguenay (27 478), Trois-Rivières (21 139), Longueuil (21 054), Sherbrooke (18 852) et Lévis (18 103) complètent le top 10 du plus grand nombre de collisions. Dans l’ensemble des municipalités de moins de 5 000 habitants au Québec, on dénombre un peu plus de 170 000 collisions.

Correction des infrastructures

Le ministère des Transports du Québec (MTQ) publie annuellement une liste des sites à potentiel d’amélioration. Cette année, une quarantaine d’endroits ont été ciblés en vue d’améliorer le bilan routier. «Un site à potentiel d’amélioration est un site à dimension restreinte qui a été le lieu d’accidents graves, mortels, ou en nombre élevé pouvant être réduit par l’intervention sur l’infrastructure», mentionne Sarah Bensadoun, porte-parole du MTQ, précisant que pour 2012-13 quelque 275M$ ont été investis à cette fin.

«Pour déterminer ces endroits, le ministère doit localiser tous les accidents ayant fait l’objet d’un rapport de police. Concrètement, les analyses tiennent compte de plusieurs facteurs, dont le débit de circulation, la vitesse, le type d’infrastructures et la topographie des lieux. Pour quantifier le niveau de risque d’un site, le MTQ regarde trois critères : gravité, fréquence et taux d’accidents», poursuit Mme Bensadoun.

Jean-Marie De Koninck note toutefois que la responsabilité revient aux conducteurs, pas à la SQ, à la SAAQ ou au MTQ. «Le responsable, c’est soi-même. Il ne faut pas consommer d’alcool, ne pas s’endormir, ne pas utiliser de cellulaire au volant. Il faut aussi savoir dans quoi on s’embarque quand on emprunte une route méconnue», recommande-t-il.

(Avec la collaboration de Stéphanie Mac Farlane)

Pour accéder à tous les tableaux statistiques des différentes régions du Québec : metroquebec.com/media/flying/4212/BilanRoutierTC.pdf

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