Les Jardins Saint-Ambroise à Loretteville: une autre manière de jardiner

Depuis huit ans, les Jardins Saint-Ambroise proposent aux jardiniers – érudits ou amateurs – de joindre l’utile à l’agréable. Remplir son panier à légumes n’aura jamais été aussi convivial et chaleureux qu’à Loretteville!

Situés sur la rue Yves-Thériault en plein cœur d’un quartier résidentiel, les Jardins Saint-Ambroise sont nés d’une initiative de la ville de Loretteville. Mis de côté au moment des fusions municipales du début des années 2000, puis ressuscité par l’arrondissement de la Haute-Saint-Charles en 2004, le projet repose aujourd’hui sur les épaules de cinq résidents du secteur. Ensemble, ils forment le conseil d’administration et voient au bon fonctionnement des Jardins Saint-Ambroise et ce, presque 12 mois par année.

Grâce à leur travail, des centaines de jardiniers ont donc un lieu où s’exercer et socialiser. Des gens qui, pour la plupart, n’auraient pas l’opportunité de cultiver un potager à la maison, soit par manque d’espace, de connaissance ou de matériel spécialisé. Mais cette réalisation ne s’est pas faite «sans le soutien et la générosité de l’arrondissement», comme le souligne la présidente du conseil d’administration des Jardins Saint-Ambroise, Denise Martel.

Mme Martel insiste également sur un autre point: il ne s’agit pas d’un jardin communautaire à proprement parler. «On ne dit pas le mot communautaire. Il y a 114 jardinets de 10 pieds par 10 pieds et chacun appartient à un particulier», précise-t-elle. «Tous les printemps, ce sont les propriétaires qui viennent semer. C’est eux qui désherbent, qui s’en occupent, qui le nettoient. Nous, on fournit l’engrais, on fournit l’ACTI-SOL pour renforcer les racines. Mais il reste que chacun est responsable de son petit jardinet», ajoute-t-elle.

Ainsi, ne récolte pas qui veut aux Jardins Saint-Ambroise. Les jardiniers autorisés à cultiver paient chaque année 20$ pour avoir accès, entre autres, au composte et aux outils contenus dans le cabanon. Ces derniers sont aussi invités à prendre part aux trois assemblées générales, durant lesquelles les règlements sont établis, et s’engagent à ne pas négliger leur jardinet sans quoi ils reçoivent un avertissement des administrateurs. Quant à ceux et celles qui seraient intéressés de posséder un petit lopin de terre à cet endroit, ils doivent préalablement s’inscrire sur une liste d’attente. Les noms d’une vingtaine de personnes sont présentement consignés sur cette liste. «L’attente est d’un an ou de deux ans maximum», tient cependant à rassurer Céline Levesque, secrétaire du conseil d’administration. Pour l’instant, il n’est pas question d’agrandir afin d’accueillir davantage de propriétaires, en raison principalement des contraintes logistiques qu’implique la présence déjà de plus de 110 jardiniers.

Une ambiance familiale

Si les Jardins Saint-Ambroise ne s’affichent pas comme un «grand bar ouvert», il n’en demeure pas moins que l’esprit qui y règne est résolument…communautaire. «C’est un bel endroit. C’est une très belle ambiance. C’est excellent pour la communauté d’avoir ça ici», confirme Sylvain Therrien, un résident du quartier qui cultive un potager avec sa conjointe depuis deux ans.

Selon la présidente Denise Martel, l’opinion de M. Therrien est représentative de celle de l’ensemble des propriétaires, qui apprécient le fait qu’ils puissent apprendre à connaître leurs voisins tout en bénéficiant de l’expertise de certains d’entre eux. «Quand tu fais ton jardin chez toi, parfois tu es mal pris, tu ne sais pas comment t’y prendre. Tu fais ton possible, mais des fois, tu aurais pu avoir des conseils de quelqu’un pour t’aider. Ici, c’est ce qu’on tente de valoriser», affirme-t-elle.

Et preuve que l’entraide et la serviabilité sont des valeurs prônées par les membres des Jardins Saint-Ambroise, la très grande majorité des propriétaires acceptent volontiers de donner quatre heures de leur temps durant l’été pour accomplir des tâches bénévolement. Il peut s’agir d’entretenir les rocailles, de retirer les mauvaises herbes ou encore de s’impliquer dans l’organisation de l’une des trois activités sociales. Un party hot-dog de même qu’une épluchette de blé d’inde sont notamment au programme cet été. Dans le même esprit, les jumelages entre propriétaires sont encouragés. Ainsi, une liste affichée à l’intérieur du cabanon permet aux jardiniers qui partent à l’extérieur pour les vacances de trouver quelqu’un pour prendre la relève de leur potager pour une période limitée.

Or au-delà des gestes d’entraide et des trucs de jardinage, Céline Levesque estime pour sa part que les Jardins Saint-Ambroise contribuent surtout à briser l’isolement de certaines personnes. «La première année où j’ai participé, se souvient-elle, il y avait une dame qui me disait : “Vous savez, je suis tellement contente, c’est le seul moment dans la semaine où je peux voir des gens. C’est l’fun, on jase”. Les Jardins ont été créés dans ce but-là, également.»

Un lieu qui vaut le détour

Qu’ils possèdent ou non un jardinet, les deux membres du C.A. invitent tous les citoyens à venir visiter «respectueusement» les Jardins Saint-Ambroise puisque, de toute manière, l’endroit, n’est pas fermé à clé. «Sans vouloir prêcher pour ma paroisse, c’est un des plus beaux jardins du genre que j’aie vu. Et veut veut pas, quelqu’un qui vient ici, ça aide pour le moral de voir autant de belles fleurs!», soutient Mme Levesque.

Quant aux risques de vandalisme que pourrait représenter une augmentation du nombre de visiteurs, la présidente Mme Martel se montre plutôt philosophe: «Vous savez, les agriculteurs disent toujours: “Seigneur, je t’en donne 10% pourvu que tu m’en laisses 90% !”»

L’Actuel, membre du groupe Québec Hebdo

 

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