Des guitares qui font voyager

Il suffit d’une petite visite chez le luthier Yvon Bisson, à Loretteville, pour faire un véritable voyage à travers des civilisations anciennes, des pays moyen-orientaux jusqu’aux pays scandinaves. Tout cela à travers des cithares, luths, guitares, violons, violes et harpes de toutes les formes.

Il faut dire que le passionné de l’ébénisterie n’en est pas à ses premières armes. Après avoir confectionné plus de 200 instruments de toutes époques, le luthier continue son voyage dans le temps et les civilisations. Car bien plus qu’un simple travailleur du bois, l’homme s’intéresse aux origines des instruments, aux peuples qui les confectionnaient ainsi qu’aux matériaux qu’ils utilisaient.

De cela naissent des instruments en tout point semblables à ceux qu’on retrouvait à l’époque aux quatre coins du monde. Car l’ébéniste prend parfois des airs d’anthropologue lorsqu’il parle de ses instruments, ayant de toute apparence fait des recherches approfondies sur leurs origines avant de tailler les premières pièces de bois.

Dès les premiers pas dans le salon du septuagénaire – un véritable musée pour quiconque – on constate un petit mur d’instruments posés sur une peau, avec des dessins rappelant ces fresques préhistoriques peinturées dans certaines grottes du monde. M. Bisson s’en est d’ailleurs inspiré pour confectionner quelques instruments aux allures plutôt primaires. «Lorsque les hommes se sont aperçus que la corde de leur arc créé pour la chasse donnait des sons différents selon la longueur et la tension de la corde, ils avaient découvert le principe des cordes.»

L’homme qui a travaillé principalement dans la confection d’ameublement pour les églises affectionne aussi les instruments du Moyen-âge et de la Renaissance. Il a d’ailleurs vendu quelques instruments à des groupes de musique traditionnelle et médiévale.

C’est véritablement un travail de moine qu’effectue quotidiennement le luthier. «Pour chaque instrument, c’est un bon 200 heures d’ouvrage, à part le vernissage.» Certains instruments, comme les violons, peuvent compter jusqu’à 18 couches de vernis.

La bonne école

Yvon Bisson dit avoir beaucoup appris de ses premières années en ébénisterie. Dans cet atelier mené par des Français, il a appris plusieurs techniques qu’il utilise encore dans la confection de ses instruments : le placage, la marqueterie, le laminage et bien d’autres façons de pousser son art un cran plus loin.
Certaines techniques ont toutefois bien changé depuis. Le blanchiment du bois se faisait à l’époque avec de l’acide et il fallait maîtriser quelques concepts de chimie pour bien blanchir ses pièces de bois. Et l’ébéniste se souvient d’ailleurs de quelques bourdes qui l’ont parfois obligé à lancer des pinceaux en pleine réaction chimique. «Quelqu’un qui ne fait jamais de tentatives n’évolue pas», ajoute-t-il sagement, sourire en coin.
En plus de s’intéresser aux origines des instruments, le luthier est très méthodique lorsqu’il est question du choix des meilleures essences de bois. Dès l’achat, il teste l’élasticité des pièces de bois ainsi que leurs propriétés acoustiques. Il faut dire qu’il a retiré beaucoup de sa rencontre avec un professeur des sciences du bois de l’Université Laval. Il est maintenant en mesure de considérer la vélocité du bois, la vitesse à laquelle le bois vibre, une minutie qui en laisserait plusieurs perplexes.
Le luthier qui fait partie des artisans de la Place Royale participe à plusieurs expositions, festivals et galas de musique. C’est entre autres là qu’il permet à ses instruments à cordes de voyager, en les vendant à des touristes étrangers. «Moi, je ne voyage pas, mais je fais voyager mes instruments», raconte-t-il, un brin songeur.

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