Daniel Picard sur la route des Premières Nations

Le Huron Daniel Picard a récemment lancé La route des Premières Nations un livre relatant ses rencontres avec des autochtones des quatre coins du Québec. Des anecdotes, des confidences, des constats tirés de 1300 entrevues télé réalisées pendant six étés.

Le cinéaste qui se dit ni auteur, ni photographe, est avant tout producteur de séries pour différents réseaux, dont le Canal Évasion, APTN, RDS et TV5. Il est aussi à concocter un film sur ses rencontres.

Malgré quelques constats plus sombres faits au cours de son périple, c’est un récit positif que Daniel Picard offre aux lecteurs. Des anecdotes savoureuses comme celle d’un aîné, né dans le bois, qui y a vécu jusqu’à l’âge de 60 ans. À sa retraite, il s’achète un petit terrain de trappe. «On lui a empêché d’avoir un permis d’exploitation parce qu’il refusait de suivre un cours de survie en forêt sur la rue Ontario, à Montréal, donné par un fonctionnaire blanc», rigole M. Picard.

Aussi, des exemples de factures d’épicerie exorbitantes du Grand Nord, où 24 canettes de bière coûtent 65$. Des choses qu’il a entendues dans les radios: «Interdiction de faire de la friture à partir d’aujourd’hui, puisque les pompiers ne peuvent plus sortir de la caserne à cause de la neige.» Et bien d’autres…

Des différences énormes entre les communautés

Daniel Picard a vu l’éventail des situations que vivent les autochtones. «La grosse différence [entre les communautés], c’est de passer du tiers-monde, dans des communautés où il n’y a pas l’eau courante ni l’électricité, à des communautés comme Wendake, qui compte plus d’une quinzaine de millionnaires. C’est l’écart. C’est ça, au début, qui dérange le plus. T’arrives ici dans un hôtel de 20 M$ avec de la haute gastronomie, tandis qu’à cinq heures d’ici, t’as pas d’eau ni d’électricité dans les maisons. Ç’a été un choc.»

Le producteur ne se gêne pas pour blâmer les communautés autochtones. «Il y a un gros manque d’organisation. Tu ne peux pas te battre sans éducation. Les communautés où ça fonctionne sont celles qui auront mis l’accent sur l’éducation et le commerce.»

M. Picard donne l’exemple d’aînés qui ont longtemps vécu en forêt et qui ont à négocier, en français, avec des ministres. Des négociations évidemment difficiles, la langue étant un obstacle majeur.

D’un autre côté, les jeunes qui vont étudier à l’extérieur sont parfois mal perçus, note-t-il. C’est encore vu, par certains aînés, comme un signe de traitrise. «Ce qui va bien c’est de dire : «Tu vas y aller trapper la perdrix avec grand-papa, mais une fois que t’auras eu 75% dans ton bulletin.» Et ça, ça choque les personnes âgées, bien souvent.»

Pour l’auteur, la communauté de Wendake est «la plus belle en Amérique, la plus fonctionnelle, organisée et culturelle».

D’autres communautés sont des exemples de réussites : Pointe-Bleue, Sept-Îles – de plus en plus, et même Betsiamites qui «était, il y a 20 ans, un des plus gros dépotoirs. Les gens se sont pris en mains et c’est devenu probablement une des plus belles communautés au Québec. Ils ont commencé à planter des fleurs, ils ont commencé à s’entraîner, à se mettre en forme, à suivre des cours de danse, à ouvrir des restaurants où l’on sert de la meilleure bouffe, à renouer avec leurs traditions…»

Dans le Nord, il a aussi constaté les succès florissants du tourisme d’aventure, où les visiteurs étrangers cherchant le dépaysement sont prêts à payer cher pour une aventure en motoneige.

Des déceptions

Toutefois, il y a aussi d’autres endroits, comme la communauté Atikamekw, où Daniel Picard n’a pas voulu aller tourner, à cause de l’insalubrité du territoire. «Y’a deux semaines, le chef de police s’est fait arrêter pour trafic de drogue», de se montrer déçu l’observateur, qui souligne que sans moteur économique, une communauté, quelle qu’elle soit, ne peut aller bien loin.

«Tu ne peux pas vivre dans une collectivité si t’as pas de moteur économique. Si t’as 400 personnes dans un village et il n’y a rien pour travailler, c’est impossible. Tu ne peux pas dire à ces gens-là d’être des êtres humains normaux, puis d’être socialement adaptés.»

Ainsi, l’auteur a sciemment passé outre certaines communautés, comme les Mohawks, où, caméra à la main, il s’est parfois fait questionné brusquement, et où le climat est parfois malsain, souvent même entre les membres de la communauté.

«J’espère qu’ils vont lire le livre pour voir comment les autres ont réussi à s’en sortir.»

La route des Premières Nations est publié aux éditions Cornac. Le livre de 144 pages est vendu 29,95$.

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