Le travail de coroner: des recommandations pouvant sauver des vies

En 1985, Dre Louise Nolet a postulé pour un poste de coroner sans trop savoir ce qu’était la fonction d’un coroner. Une nouvelle loi, en 1986, a modifié le rôle de cette profession. Cette dernière vise la prévention du décès et laisse à la police la détection du crime.

À l’époque, Dre Nolet a été embauché dans le cadre de cette récente formule donnant une vocation plus sociale. «Au début, on bâtissait le système. Il y avait beaucoup de formation à faire», se rappelle-t-elle. Diplômée en médecine, Louise Nolet a poursuivi des études en droit tout en travaillant et en s’occupant de ses six enfants. La plupart des professionnels ont une formation en médecine, en droit ou un combiné des deux. Coroner permanente pendant 18 ans, oeuvrant notamment à la morgue située au Parc industriel de Duberger, Mme Nolet a assumé aussi le rôle de chef adjointe et a été nommée officiellement en 2008 coroner en chef.

Alors qu’avant 1986 la préoccupation majeure était la détection du crime, le coroner est plutôt appelé, depuis l’adoption de la Loi sur la recherche des causes et des circonstances des décès, à procéder à des investigations lors de morts obscures ou violentes non causées de façon naturelle. La fonction de coroner est bien différente du boulot des policiers. Elle consiste, à l’aide des résultats de l’enquête policière, à recueillir l’information et produire un rapport d’investigation afin de déterminer les causes et les circonstances du décès. Il peut y avoir notamment l’examen sur le corps, consultations des analyses toxicologiques et rencontres avec des témoins ainsi que des proches de la victime.

«Chaque jour est différent. On peut avoir un plan de travail prévu en tête et absolument ne rien faire de ce qui est prévu. J’aime l’imprévu. Je trouve de beaux défis. Chacune a sa petite histoire et c’est ça qu’il faut découvrir au bureau du coroner. C’est la réalité humaine. Il y a toujours une perte de vie malheureusement. Il y a toujours un côté humain, c’est parfois très touchant.»

Il y a des enquêtes qui remuent l’âme comme les tragédies concernant les enfants ainsi que les histoires familiales. Parmi les cas touchants, un parent ayant frappé son petit bout de chou en reculant avec son véhicule. «Aussi, c’est arrivé qu’une famille ait perdu plus d’un enfant de façon similaire et c’était des cas de coroner, explique-t-elle. Pour des parents, j’ai trouvé ça difficile. Avoir des enfants et les perdre dans deux événements de la route.» Il y a aussi les fois où il est ardu de retracer des membres de la famille de la victime. Mourir seul constitue un aspect dur qu’a côtoyé la professionnelle. «On peut peut-être s’habituer [à côtoyer la mort et son univers], mais on garde toujours l’empathie», poursuit la coroner en chef et résidente de Cap-Rouge.

«Ce que j’aime le plus, c’est quand on a un rapport à donner et que l’on sait que les gens vont trouver des réponses. C’est ce qui est le plus valorisant, le fruit du travail du coroner», précise Dre Nolet. Comme chef, quand elle envoie un dossier avec recommandations et que le milieu change des choses, le résultat démontre concrètement l’utilité du coroner. Le tracel à Cap-Rouge constitue un bon exemple, selon la coroner en chef. L’installation de caméra a diminué drastiquement le nombre de décès ou de mort volontaire. «Ç’a été un beau dossier, c’est satisfaisant», confie l’auteure des suggestions.

Second rôle: l’enquête publique

Parfois, une enquête publique est ordonnée par le coroner en chef ou à l’occasion par le ministre de la Sécurité publique. Dre Louise Nolet a complété un de ces dossiers au sujet d’une noyade d’un jeune lors d’un camp de jour. Ce processus est distinct de l’investigation. Il y a souvent des audiences publiques impliquées.

Les cas les plus connus récemment sont l’enquête publique de la coroner Catherine Rudel-Tessier sur les 16 morts survenus lors de l’éclosion de la bactérie Clostridium difficile à Saint-Hyacinthe ainsi celle sur les circonstances de la mort du jeune Fredy Villanueva. Une troisième risque de marquer l’actualité dans la Capitale-Nationale puisque le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, a demandé le 30 août la tenue d’une enquête publique sur l’éclosion de légionellose à Québec.

 

L’Actuel, membre du Groupe Québec Hebdo

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