Une page d’histoire capillaire

PORTRAIT. Pendant la crise d’Octobre en 1970, une voiture de police vient cueillir Pierre Laflamme à son chalet. Le Charlesbourgeois est escorté jusqu’au parlement, où l’attend Robert Bourassa. Devant le premier ministre, il sort son attirail: rasoir, ciseaux, peigne. C’est l’heure de la coiffure.

«C’était tout un privilège», estime le principal concerné, qui a travaillé sur la tête de M. Bourassa pendant plusieurs années, jusqu’à son décès. Pour celui qui compte près de 60 ans de métier, «ça fait partie des bons moments» de sa carrière, qui a débuté dans le salon de son père au coin des rues Cartier et Crémazie, dans les années 1950. En 1960, il ouvrait Laflamme coiffure à proximité du Carrefour Charlesbourg, avant de déménager ses activités non loin de là, sur l’avenue Villeneuve, où il restera jusqu’en 2004.

Pierre Laflamme sort tout plein de photos qui racontent un autre temps. Celui où, par exemple, un coiffeur devait se consacrer à un seul sexe sous peine de contravention, à une époque où les prix des coiffures et les heures d’ouverture étaient fixés par le gouvernement. «J’ai passé proche d’avoir une amende», confirme pour sa part l’ancien membre du Comité paritaire des coiffeurs, qui avait eu l’audace de toucher les cheveux de madame. Il faudra un juge pour statuer que «la tête n’a pas de sexe» pour que les règles en viennent à s’assouplir à partir de 1977.

Un savoir-faire en voie de disparition

Pierre Laflamme le dira d’ailleurs lui-même: «Je suis un coiffeur, pas un coiffeur pour femmes ou pour hommes. Un cheveu, est-ce que c’est féminin ou masculin, je ne le sais pas. Par contre, il faut s’adapter au mouvement et au style que la personne veut avoir.» Il en connaît évidemment tout un rayon sur le sujet; il fait partie de cette génération qui devait suivre une formation de cinq ans pour devenir maître-coiffeur.

À ce diplôme s’ajoutera celui de «capilliculteur agréé de la biochimie esthétique – Paris». Ils sont rares aujourd’hui ceux qui, comme Pierre Laflamme, sont des spécialistes de la santé capillaire, habilités à produire une analyse des cheveux pour prodiguer des soins qui amélioreront l’hygiène capillaire. Ce savoir-faire lui fait dire que bien des produits couramment utilisés, dont les gels, sont à l’origine de problèmes du cuir chevelu, qu’il s’agisse de calvitie ou d’inflammation.

Avenir du métier

C’est une telle méconnaissance qui, à son avis, fait défaut de nos jours chez ceux qui exercent le métier de coiffeur. Certes, qu’il ne se donne plus de cours de capilliculture peut expliquer en partie la chose, mais Pierre Laflamme observe également un certain désintérêt pour ces questions d’hygiène chez la relève. Ce qu’il recommande pour l’avenir de la profession? «Un peu plus d’instruction, dont le niveau est trop bas actuellement», conclut celui qui, depuis 2004, opère son salon à Lebourgneuf.

Il a dit…

– «J’ai coiffé Robert Bourassa, Marc-Yvan Côté… Mais je n’ai jamais eu le maire de Charlesbourg! (sourire)»

– «Je ne suis pas un coiffeur-confident, je suis un coiffeur conseiller.»

– «Robert Bourassa ne s’est jamais peigné les cheveux lui-même.»

Pour plus d’info: cliniquecapillairecharlesbourg.com.

Membre du Groupe Québec Hebdo

Mon
Métro

Toute l'actualité locale au même endroit.

En vous inscrivant à Mon Métro, vous manifestez votre engagement envers la presse locale. + Profitez d’une expérience numérique personnalisée en fonction de vos champs d’intérêt et du quartier où vous résidez. + Sélectionnez vos articles favoris pour une lecture en différé.