Savourer la chance d’avoir été adoptée

ADOPTION. «On est dans notre quotidien, mais parfois, je m’arrête pour réaliser à quel point ma vie aurait pu être différente.» Pour Sammie Dubeau, avoir été adoptée à 8 mois, par un couple de Saint-Émile en Chine, c’est tout comme gagner à la loterie. Elle a réalisé cette chance lorsqu’elle est retournée à l’orphelinat où elle a été adoptée, quelques années auparavant, et a constaté les dégâts que la politique de l’enfant unique a créés en Chine: des orphelinats remplis à craquer d’enfants seuls, abandonnés, dont certains ne bénéficieront jamais du secours d’une famille extérieure.

Au fil des ans, Sammie a rencontré plusieurs Chinoises adoptées par des Québécois qui ont honte d’avoir été adoptées, et qui ont vécu de l’intimidation au primaire parce qu’elles étaient les seules Chinoises de leur classe. «Certaines sont fâchées après leurs parents adoptifs. Elles croient que c’est tabou et qu’elles ne devraient pas en parler», indique-t-elle.

Le retour à son orphelinat, dans la province de Shaoyang, a été tout un déclencheur pour l’étudiante au HEC en comptabilité, en réalisant une véritable prise de conscience en regardant tous ces enfants… qui attendent. «J’étais tellement émotive, souligne-t-elle. J’ai vraiment pu voir les enfants qui y étaient, et qui n’avaient pas d’avenir, qui avaient des maladies, et que les parents n’adopteront pas parce qu’ils ne sont pas assez en santé.»

Elle n’a jamais pensé partir à la recherche de ses parents biologiques, surtout parce que les orphelinats ne gardent aucune trace des personnes qui viennent porter les bébés, souvent retrouvés seuls dans la rue, déposés d’urgence par les parents qui sont contraints par la politique de l’enfant unique, selon Sammie. «Je pense que ça serait impossible. Plus j’y pense, et que ça ne serait pas possible. Mes parents (adoptifs) ne savent même pas qui est venu me porter à l’orphelinat. Ça ne m’est pas passé par la tête.»

«Ne pas avoir été adoptée, ce que ça veut dire réellement, ce n’est pas de papier et pas de futur, lance la jeune étudiante comme dernier message. Il faut prendre cette conscience et de réaliser que tout ce que j’ai, ça vaut des millions pour l’enfant en Chine qui va peut-être rester dans cet orphelinat.»

Sammie Dubeau est l’auteure du texte «Millionnaires à vie, on a gagné le gros lot», sur le blogue French Bones.

L’Actuel, membre de Québec Hebdo

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