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La force tranquille des athlètes de boccia

12h45. Thomas Côté-Huot de l’île d’Orléans et Olivier Roy de Charlesbourg se présentent à la salle d’appel, située dans le gymnase du Cégep de Chicoutimi, aidés de leur accompagnatrice respective. Leur entraîneur, Marc Desgagnés, leur donne les derniers conseils avant le début de la partie. Puis, le cochonnet est lancé, la joute de quatre manches est commencée.

Il s’agit d’une nouvelle discipline intégrée pour la première fois au programme officiel de la 48e Finale des Jeux du Québec, la boccia. Un sport de précision ayant des ressemblances avec le curling et la pétanque. Les athlètes inscrits vivent avec une paralysie cérébrale ou un autre handicap similaire. Selon leur mobilité, ils peuvent utiliser une rampe afin de lancer les balles de cuir constituées de sable.

L’entraîneur demeure dans la section des spectateurs. Le seul boss, c’est l’athlète durant la partie. «Une fois le jeune sorti de la salle d’appel, c’est sa game», lance Marc Desgagnés. La stratégie appartient qu’à celui qui lance et c’est à lui de voir les ouvertures sur le jeu. Ce sport exige au compétiteur une concentration exemplaire et un important contrôle de la respiration malgré les spasmes musculaires subits. La foule suit attentivement chacun des lancers. Quand la balle atterrit, les applaudissements se font entendre.

«Ce qui me plaît par-dessus tout, c’est le fait de repousser mes limites. On tente de comprendre la façon de jouer de l’adversaire. On essaie de tester pour voir s’il est à l’aise avec le jeu loin ou proche», explique Thomas Côté-Huot, classé dans la catégorie Lanceur. Il savoure sa première victoire alors que son coéquipier de neuf ans fera la même chose quelques minutes plus tard dans la catégorie Junior Rampe.

Arrivée depuis mardi à Saguenay, l’équipe de Boccia de la Capitale-Nationale relève un défi en soi en se présentant. «Ils n’ont pratiquement pas dormi. Les deux étaient motivés», soutient leur entraîneur, Marc Desgagnés. Accompagnés de leur mère, Audrey Dompierre-Côté et Isabelle Michaud, les jeunes sont tout sourire et comptent partager cette expérience pleinement. En effet, Thomas Côté-Huot et Olivier Roy s’apprêtent à vivre un séjour complètement hors du commun.

«Ça a été un petit parcours pour venir ici», confie la mère de Thomas, Audrey Dompierre-Côté. Le prédépart a nécessité beaucoup de coordination à l’équipe puisqu’en plus des parties, les accompagnatrices devaient planifier les soins spécifiques et obtenir les différentes autorisations. D’ailleurs durant la joute, Audrey Dompierre-Côté rappelle à l’entraîneur qu’elle devra partir avec Thomas pour ses traitements. Parce que malgré l’univers magique de l’événement sportif, la douleur, elle, n’arrête pas.

«Thomas m’a dit récemment que le bonheur pour lui, c’est lorsqu’il n’a pas mal. Il utilise bien le haut de son corps et sa tête roule à 300 km/h. Et il abuse de ce qu’il peut utiliser», illustre la maman. Le mal physique, la fatigue, la médication. Rien n’est facile et tout est précieux en même temps. «On essaie de mordre dans la vie sans savoir ce qu’il peut se passer», poursuit-elle. Voilà ce qui a amené le jeune de 13 ans à Saguenay. Cette fragilité de la vie palpable à travers les mots de la mère de famille souligne tout le cœur mis dans ce type d’activités sportives. Deux autres voyages sont à l’horaire de Thomas au cours des prochains mois, un blitz à l’aube d’une chirurgie majeure nécessitant plus d’une année de rétablissement. Comme chaque expérience vécue à fond, nul doute que Thomas Côté-Huot lancera chacune de ses balles en vivant pleinement le tournoi de boccia.

La boccia fait son entrée aux Jeux

Au total, 29 entraîneurs et 12 arbitres ont été formés au courant de l’année en prévision des Jeux. L’Association Québécoise de Sports pour Paralytiques Cérébraux (AQSPC) chargée de la boccia constate déjà l’impact positif de l’entrée de cette discipline au programme officiel des Jeux du Québec 2013. «Ça a vraiment permis de la développer. On est super content», mentionne la directrice générale de l’AQSPC, Jo-Ann Arvey. À Saguenay, dix régions sont représentées dans ce sport.

En plus d’apparaître dans les différents établissements scolaires de la province comme à l’école Madeleine-Bergeron, Mme Arvey confirme que trois groupes ont manifesté leur intention de créer des clubs. À Québec, le Club Lions existe depuis trois ans et il a été l’hôte d’un premier tournoi provincial récemment à Québec. Le regroupement de Québec devrait d’ailleurs intégrer l’an prochain le circuit de compétition Boccia Québec.

Une médaille de bronze a aussi été remportée dans cette discipline par le Québécois Marco Dispaltro et l’Ontarien Josh Vander Vies aux Jeux paralympiques de Londres l’été dernier. «Ça aussi, ça stimule», fait valoir Jo-Ann Arvey. À l’école Madeleine-Bergeron à Sainte-Foy ainsi qu’à l’école du Domaine dans Duberger-Les Saules, Josh Vander Vies s’est rendu discuter avec les élèves afin de démystifier son sport. L’entraîneur, Marc Desgagnés, a constaté que cette rencontre a éveillé un engouement notable créant ainsi une ouverture vers ce grand rêve à long terme pour les athlètes. Un projet qui permet aux paralytiques cérébraux ou handicapés de s’évader et de croire. Un souhait qui n’est pas si loin de la réalité. Les Jeux du Québec, n’est-ce pas des mini-jeux olympiques pour les jeunes sportifs québécois?

 

L’Autre Voix, membre du Groupe Québec Hebdo

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