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Zack Fitzgerald, entre le football et Allah

Depuis l’enfance, la religion a toujours fait partie du quotidien de Zack Fitzgerald. D’abord, le catholicisme pendant son adolescence, avant d’opter pour l’islam au début de l’âge adulte.

«La tuerie à la mosquée de Québec m’a grandement attristé. Mais je ne me suis pas empêché d’aller prier le lendemain matin. Ma famille a eu peur et m’a demandé si ça valait la peine. La réponse est oui.»

Photo Métro Média – Charles Lalande

Le demi défensif du Rouge et Or de l’Université Laval se rappelle que ses parents lui ont donné «les bases» en le baptisant à l’église catholique. «Ils ne sont pas pratiquants, mais ils m’ont fait prendre conscience qu’il y avait une puissance supérieure. De 15 à 18 ans, j’allais à l’église catholique par moi-même.»

Puis, il a commencé à se poser de nombreuses questions sur la religion et sur le sens de la vie en général. «J’ai beaucoup lu sur l’islam, qui a répondu à toutes mes interrogations», dit celui pour qui cette religion n’était pas inconnue au moment où il a commencé à se documenter. Originaire de Montréal, il a fréquenté des écoles où les ethnies étaient nombreuses.

Malgré un horaire chargé, vie d’étudiant-athlète oblige, l’homme de 22 ans prend quotidiennement le temps de prier cinq fois depuis sa conversion. Il traine toujours son tapis avec lui, prêt à pratiquer sa religion n’importe où.

«Chaque jour, je veux m’améliorer, être un meilleur pratiquant. C’est à Dieu de décider si je suis un bon musulman ou pas.»

Il fait également le Ramadan, c’est-à-dire que, pendant un mois, il ne doit pas manger, boire, fumer et avoir une relation sexuelle de l’aube au coucher du soleil. Les deux derniers Ramadans ont commencé au milieu du mois de mai pour se conclure à la mi-juin, juste avant le lancement officiel de l’été. Le footballeur concède qu’ils ont été particulièrement difficiles, lui qui devait s’entraîner et suivre ses cours d’été. «Mais j’ai réussi. Quand tu as la motivation, tu peux y arriver.»

Un mariage

Zack Fitzgerald a choisi le Rouge et Or car «il ne peut pas demander mieux» que le programme d’excellence, autant en tant que footballeur qu’étudiant en sciences de la consommation.

C’est également dans les couloirs de l’Université Laval qu’il a rencontré une fille qui est devenue la femme de sa vie. Les deux amoureux se sont d’ailleurs dit oui le 21 juillet dernier dans une cérémonie traditionnelle devant parents et amis.

«L’islam a toujours été attaché à elle, mais elle n’était pas convertie ou pratiquante. […] Contrairement à ce qui peut être dit, l’islam respecte beaucoup la femme. Ce n’est pas une religion qui tolère de niaiser une femme ou d’aller voir à gauche et à droite. Quand tu as trouvé la bonne, tu vas voir son père pour lui demander sa main.»

Ce qui se dit, ce qui est écrit

Fitzgerald se rappelle encore du moment où il a annoncé à ses parents qu’il avait choisi de se convertir à l’islam. Ceux-ci étaient un brin sous le choc.

«Tout ce que ma mère connaissait sur l’islam provenait des réseaux sociaux ou des médias, laisse-t-il entendre, faisant allusion aux associations entre la religion musulmane et le terrorisme. Cette religion ne demandera jamais à quelqu’un de poser un geste qui va mettre sa vie, ou celle de tout autre être humain, en danger. J’ai dû lui montrer les versets du Coran pour lui prouver le contraire et la rassurer.»

Zack Fitzgerald a fait ses premiers pas au football civil. Il a joint un programme scolaire à la quatrième année de son secondaire.

Photo Métro Média – Charles Lalande

De son côté, le paternel n’a pas entamé de grandes discussions avec son fils, lui conseillant cependant de «garder cela pour lui» à cause d’une société portée à juger son choix. «Mais je ne le cache pas, je suis un musulman converti et fier. […] De façon générale, expliquer ma conversion à un non-musulman est le plus difficile.»

Dans le vestiaire du Rouge et Or, Fitzgerald est heureux que ses coéquipiers respectent et acceptent son choix. Certains d’entre eux, de nature curieuse, lui posent parfois des questions, mais toujours sur un ton civilisé et respectueux.

Étienne Moisan, qui en est à sa cinquième et dernière saison, est un leader dont la voix résonne dans le vestiaire. Il a beaucoup de respect pour son camarade: «Il a lu la Bible et le Coran, puis il a pris sa décision. De s’informer et de s’assumer ainsi, c’est un geste vraiment mature de sa part.»

Moisan enchaîne avec une anecdote, racontant que le mariage de Fitzgerald a surpris plusieurs joueurs dans le vestiaire. «Se marier à un jeune âge, on ne voit pas ça très souvent dans notre génération. Un gars a même dit à Zack de féliciter son frère pour son mariage, ne pouvant croire que c’était Zack le nouveau marié.»

C’est exactement ce que le joueur qui en est à sa deuxième saison veut: qu’on le laisse vivre sa religion loin des jugements. «Honnêtement, tu ne peux pas avoir une opinion sur un sujet si tu n’as pas lu sur le sujet en question. Je comprends que notre façon de voir les choses dépend parfois de notre éducation, mais à 20 ans, tu es assez vieux pour t’informer toi-même. […] Chacun sa croyance, qu’on soit athée, chrétien, juif ou musulman.» 

De 15 à 20 ans, Fitzgerald a effectué plusieurs visites chez le tatoueur. «Ils ont tous une signification particulière, je rends principalement hommage à ma famille.»

Photo Métro Média – Charles Lalande

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