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Le basket québécois en progression, mais…

Une entrevue avec l’entraîneur Charles Dubé-Brais en est une avec une personne qui n’a pas la langue dans sa poche. Une discussion où l’argumentaire est crucial pour faire avancer le débat. Bienvenue dans le monde sportif du dynamique entraîneur qui frappe aux portes de la NBA. 

Charles Dubé-Brais était de passage au Peps de l’Université Laval pour discuter avec son bon ami et l’entraîneur-chef du Rouge et Or basketball masculin, Jacques Paiement Jr.

Photo Métro Média – Jean Carrier

L’état du basketball canadien se porte bien. Le sport est en fulgurante progression avec plusieurs athlètes qui ont été sélectionnés très tôt dans les derniers repêchages de la NBA. Il y a aussi plusieurs joueurs qui mettent le cap vers les États-Unis pour évoluer dans la NCAA. Des vedettes comme Andrew Wiggins, Cory Joseph, Jamal Murray, Nik Stauskas proviennent principalement de l’Ontario. Au Québec, Chris Boucher vient de signer un contrat avec les Raptors de Toronto et Quincy Guerrier sera assurément à surveiller dans les prochaines années.

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«Le basketball québécois a beaucoup progressé dans les dernières années, mais on accuse un retard évident avec l’Ontario. Je pense que cette progression est freinée par le système scolaire dans lequel nos joueurs évoluent pendant la saison», affirme l’entraîneur qui favorise l’approche de club civil auquel il a été habitué en France.

«Notre système est là pour utiliser le sport comme levier afin de garder le jeune à l’école et c’est très louable. Cependant, il est aussi là pour prendre des décisions en pensant en premier lieu aux institutions scolaires et par la suite à l’athlète. Cet aspect mène souvent à des décisions qui sont prises au détriment des jeunes. L’approche de club place le développement de l’athlète en premier et permet à la personne d’atteindre son plein potentiel», atteste l’homme de 36 ans.

Cette approche européenne amène aussi son lot de détracteurs. Selon lui, c’est au club civil à voir au succès des jeunes à l’école. «En France, nos athlètes étaient tous d’excellents étudiants et je n’ai jamais vu nos jeunes démotivés ou blessés comme pensent ceux qui parlent des méfaits de la surspécialisation. Je pense aussi que l’approche de club permet à l’athlète de pratiquer son sport beaucoup plus longtemps. En Amérique du Nord, si tu ne réussis pas à jouer professionnel après ta carrière universitaire, tu arrêtes complètement de jouer. En France, il existe une multitude de ligues d’élite adulte qui permet à la personne de pratiquer son sport à un haut niveau et de se maintenir en forme.»

Profession du métier d’entraîneur

L’approche de club permet plus d’occasions pour ceux qui veulent faire carrière comme entraîneurs. «Au Québec, il y a environ une vingtaine de personnes qui gagnent leurs vies en coachant du basketball. En France, je dirais qu’il y a environ 5000 entraîneurs qui peuvent y gagner leurs vies. Je sais qu’il y a plus d’habitants en France, mais ce n’est pas assez pour expliquer un tel écart.»

Cette vision est très différente et vient en contradiction avec ce qu’on entend régulièrement au Québec. Le jeune entraîneur en remet «Je sais qu’il y en a plusieurs qui vont grincer des dents avec ce que je vais dire, mais je remets aussi en question la place des éducateurs physiques. Ils voient les jeunes peut-être trois heures par semaine et ce sont eux qui ont les gros salaires alors que les entraîneurs qui passent beaucoup plus de temps et ont beaucoup plus d’impact sur les jeunes ont de la difficulté à joindre les deux bouts. Je pense simplement que les entraîneurs doivent avoir une plus grande place dans le développement sportif québécois», assure celui qui se défend d’avoir un agenda personnel autre que de voir la progression de son sport au Québec.

Charles Dubé-Brais n’a aucunement la prétention de tout connaître, mais il est assurément toujours d’attaque sur un débat qui lui tient à cœur. Il espère simplement engager une réflexion importante sur l’avenir de ce métier pas comme les autres. 

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