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Il y a 25 ans, Manon Rhéaume écrivait l’histoire

HOCKEY. Le 26 novembre 1991, Manon Rhéaume brisait une barrière en gardant les buts des Draveurs de Trois-Rivières, devenant la première femme à jouer dans un match de hockey junior. L’année suivante, elle écrirait à nouveau l’histoire en gardant les buts du Lightning de Tampa Bay pendant un match présaison de la LNH. Un quart de siècle plus tard, elle revient sur ces faits d’armes, qui ont inspiré plusieurs hockeyeuses à persévérer.

Les souvenirs de deux moments marquants de la vie de Manon Rhéaume ne décorent pas encore les murs de sa nouvelle résidence d’un chic quartier de Northville, une banlieue de Detroit. Peu importe. Ils sont gravés à tout jamais dans sa mémoire puisqu’ils ont contribué à tracer sa destinée et lui permettent de gagner sa vie.

Tous les cinq ans depuis 1996, la Québécoise est invitée à raconter en détails ce qui s’est passé le 26 novembre 1991.

Ce soir-là, avec les Draveurs de Trois-Rivières, elle a inscrit son nom dans les annales de son sport en devenant la première femme à garder les buts lors d’un match du calendrier régulier de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Et immanquablement l’année suivante, les médias l’inviteront à ressasser un autre événement sans précédent et jamais imité. Le 23 septembre 1992, elle a enfilé masque, plastron et jambières lors d’un match préparatoire de la LNH dans l’uniforme du Lightning de Tampa Bay.

Grâce à son cran et à sa persévérance, Manon Rhéaume est devenue la pionnière du hockey féminin.

Tout a commencé pendant l’été 1991. Gaston Drapeau, alors directeur-général et entraîneur-chef des Draveurs de Trois-Rivières, l’a invitée à participer au camp d’entraînement.

« On m’avait dit non tellement souvent dans ma carrière parce que j’étais une fille. Maintenant que quelqu’un me donnait une chance, j’ai dit oui, je la prends. Pour moi, c’était une occasion de vivre une expérience à un niveau plus élevé », s’est rappelée Rhéaume, que La Presse canadienne a récemment rencontrée dans son coin de pays.

Avec les Draveurs, Manon retrouvait au moins une personne qu’elle connaissait bien : son frère Pascal, un attaquant repêché en 8e ronde, quelques semaines plus tôt, par les Draveurs.

Aujourd’hui entraîneur-adjoint du Phoenix de Sherbrooke dans la LHJMQ, Pascal Rhéaume n’a nullement été étonné de voir sa sœur aînée au sein de la même équipe de hockey que lui, même de niveau junior.

« Pour moi, c’était normal, raconte Pascal, d’un an son cadet. J’ai grandi avec Manon. Elle venait à l’aréna, elle se tenait avec des gars et jouait avec des gars depuis qu’elle était novice. Pour moi, Manon était rendue là.»

 

Son histoire sur grand écran

Manon Rhéaume n’a pas fini de faire parler d’elle. L’année prochaine, on célébrera un autre 25e anniversaire, celui de sa participation à un match préparatoire avec le Lightning de Tampa Bay le 23 septembre 1992.

Il n’est pas encore sûr si la formation floridienne soulignera l’événement, mais il semble assuré que l’histoire de Rhéaume sera racontée au grand écran.

Angie Bullaro a déjà commencé la production du film «Between the Pipes» dans lequel elle jouera aussi le rôle de Rhéaume. Le tournage devrait commencer au tournant de 2017 et pourrait se faire à Toronto ou Calgary.

Si tout fonctionne comme prévu, le film sera présenté vers la fin de 2017, juste avant les Jeux olympiques d’hiver.

«Je cherchais à produire une histoire vraie portant sur le sport, et quelqu’un m’avait dit que plusieurs femmes avaient joué dans la LNH, mais aucune au poste de gardien. En cherchant l’identité de la toute première joueuse, j’ai constaté que Manon était la seule.

«Quand j’ai réalisé cela, je me suis dit qu’il fallait absolument lui parler et l’objectif était de raconter à quel point elle avait été une inspiration», raconte Bullaro, qui est originaire du Michigan et dont les parents vivent non loin de Rhéaume.

Bullaro, qui a rencontré Rhéaume il y a environ un an et demi, a été impressionnée par l’attitude de battante de la Québécoise.

«Elle n’a jamais abandonné. C’est ce que j’ai aimé chez elle. Et elle s’est toujours concentrée sur l’aspect positif.»

Mais avant de rencontrer Rhéaume, Bullaro ne savait pas trop à quoi s’attendre.

«Au début, j’ai eu l’impression qu’elle était un peu méfiante et je ne savais pas si elle allait être intéressée et aussi emballée que nous. Quand on l’a rencontrée et j’ai immédiatement vu à quel point elle était si gentille, et si humble. Et elle est devenue aussi emballée que nous. »

Si ce déclic s’est fait si rapidement, c’est peut-être parce que les deux femmes se ressemblent à bien des égards, d’abord physiquement.

Aujourd’hui, Rhéaume participe à plein au projet.

«On se ressemble pas seulement physiquement, mentionne la Québécoise, mais aussi de la façon dont elle pratique son métier, de la façon qu’elle fonce, qu’elle refuse de se faire dire non et de continuer de travailler. Elle me rappelait comment j’étais lorsque j’étais plus jeune. Et quand elle m’a dit qu’elle voulait produire un film qui servirait d’inspiration pour les gens, j’ai accepté. C’est un projet qui m’emballe beaucoup.»

 

Faits saillants de sa carrière

 

• Née le 24 février 1972 à Beauport

• Soeur de Pascal Rhéaume, ancien coéquipier avec les Draveurs de Trois-Rivières, qui a joué 318 matchs en dix ans dans la Ligue nationale.

• Première fille à participer au Tournoi international pee-wee de Québec, en 1984.

• Invitée au camp des Draveurs de Trois-Rivières en 1991.

• Première femme à prendre part à un match de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, le 26 novembre 1991 avec les Draveurs de Trois-Rivières.

• Première femme à participer à un match dans la Ligue nationale de hockey, un match préparatoire le 23 septembre 1992 avec le Lightning de Tampa Bay.

• Première femme à signer un contrat professionnel.

• Entre 1992 et 1997 participe à 24 matchs avec sept équipes différentes.

• Membre de l’équipe canadienne qui a gagné la médaille d’or au Championnat du monde de hockey féminin en 1992 et en 1994.

• Membre de l’équipe canadienne qui a gagné la médaille d’argent aux Jeux olympiques de 1998 à Nagano.

• Entraîneuse des gardiens du programme de hockey féminin de l’Université Minnesota Duluth lors de la saison 1999-2000.

• Récemment nommée gérante du programme de hockey féminin de Little Caesars, organisation liée aux Red Wings de Detroit.

Par Michel Lamarche, La Presse canadienne

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