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Gabriel Filippi et l’importance de suivre son instinct

ALPINISME. L’alpiniste Gabriel Filippi a grimpé les plus hauts sommets des quatre coins de la planète. Le seul Québécois à avoir atteint le Mont Everest par les deux versants rappelle à quel point il est primordial de suivre son instinct.

Il vient de publier son livre Instinct de survie, en français et en anglais, où il raconte son parcours, parsemé de bons souvenirs… et de nombreuses histoires à glacer le sang.

– «Combien de fois avez-vous échappé à la mort?», a demandé le représentant de TC Media Nouvelles.

– «Seigneur. J’aime mieux ne pas compter. Ma femme dit que j’ai écoulé les neuf vies d’un chat, a-t-il répondu, laissant l’auteur de ces lignes incrédule. Les risques sont calculés, je ne suis pas un fou.»

Dans son bouquin, il raconte trois événements où il a subi un choc post traumatique. Il remercie énormément son entourage qui l’a aidé à passer au travers, notamment le réputé Dr Sylvain Guimond.

Tout d’abord, en 2009, son ami Frank Ziebarth a tenté de conquérir l’Everest sans oxygène. Un alpiniste français lui en a offert, mais Ziebarth refusait systématiquement, en dépit de son état qui se dégradait. Finalement, il arrive au sommet à quatre pattes. Lors de sa descente, il ne parcourt que 50 mètres, avant d’y laisser sa peau.

L’année suivante, alors que Filippi retourne au Népal, la conjointe du défunt lui demande de déplacer le corps et de récupérer sa caméra.

«Malheureusement, son corps était tellement gelé que j’ai été incapable de le faire, et je n’ai pas retrouvé la caméra. J’ai vu son visage. C’était marquant, un vrai choc», se rappelle l’alpiniste originaire du Lac-Mégantic.

Ensuite, quatre ans plus tard, en pleine expédition au Pakistan, un mauvais pressentiment le pousse à rentrer au Québec. Il tentait d’être le premier Québécois à atteindre le sommet de la montagne du K2, reconnue pour ses avalanches meurtrières. Le lendemain de son départ, des talibans ont attaqué le campement, tuant 11 personnes.

Il s’agit de la seule et unique fois qu’il a abandonné une mission. Il l’a fait en raison du fameux livre rose, qu’il écrit continuellement à sa fille, aujourd’hui âgée de 25 ans.

«La montagne nous parle, il faut l’écouter. J’ai quitté parce que j’ai eu la vision que quelqu’un remettait le livre rose à ma fille, après ma mort, et je n’étais pas prêt à cela», a dit celui qui ne ferme pas la porte à y retourner, afin de compléter le travail inachevé.

Même s’il n’a pas vécu la tragédie au Pakistan, il a eu beaucoup de difficulté à s’en remettre. Malgré tout, cela ne lui a pas enlevé le plaisir de grimper.

À son retour sur le terrain, en 2015, un tremblement de terre sévit au Népal, ce qui provoque des avalanches. En regardant les nuages, Gabriel Filippi a vu une poussée d’air se diriger vers le camp. Il s’est aussitôt réfugié derrière une roche, geste qui lui a sauvé la vie, une fois de plus.

«L’air rentrait par les narines, puis dans la bouche, ce qui a pour effet de remplir les poumons au maximum», a expliqué celui qui rappelle que la scène a duré 40 secondes.

Toutes ces histoires auraient pu l’inciter à «rester dans mon divan», mais impossible. De nouveaux défis l’animent constamment. Il pourrait, prochainement, compléter la couronne des sept sommets des sept continents. Bien que ce ne soit pas la randonnée qui l’anime le plus, le faire pour une œuvre de charité le motive grandement.

Croyez-le ou non, mais il y a des endroits sur Terre, où l’Homme n’a jamais mis un seul pied. Des sommets inexplorés sont dans la mire de Filippi.

Québec Hebdo

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