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Le dernier tour de piste des Marquis

Philippe Marquis ne réalise peut-être pas qu’à sa dernière descente à Pyeongchang, ce n’est pas seulement la fin de sa carrière olympique qui prendra fin, mais celle d’une famille qui a marqué l’histoire du ski de la région de Québec.

La dernière année de ski olympique pour la famille Marquis.

Photo TC Media – Jean Carrier

Quand François Marquis et sa femme Nicole Morin ont décidé d’acheter un chalet à Stoneham, ils étaient loin de se douter que l’amour du ski et de la montagne allaient se transmettre à leurs fils dans le plus haut niveau de compétition de la planète. Cela n’a jamais été le but du médecin sportif et orthopédiste François Marquis.

«Tout ce qu’on voulait, c’est que la famille profite du chalet les fins de semaine pour faire du ski. Vincent a été un précurseur en faisant partie de la première équipe de bosses du club de ski de Stoneham. Philippe a simplement suivi les traces de son frère. Le but a toujours été qu’ils aient du plaisir, le fait de les avoir vu évoluer à un aussi haut niveau a été un énorme bonus.»

Ce sentiment est partagé par les deux frères qui ont un immense respect pour tout ce que leurs parents ont donné afin de voir leurs rêves olympiques se réaliser. Vincent, le frère ainé de Philippe qui avait terminé quatrième à l’épreuve des bosses de Vancouver, n’avait que de bons mots sur le support dont ses parents ont fait preuve. «C’est quelque chose que tu prends conscience avec le temps. Ils étaient toujours là pour nous et ils ont donné beaucoup de temps comme bénévoles. Ils étaient juste assez présents, mais pas trop pour nous empêcher de respirer.» Philippe ajoute ceci aux propos de son frère : «Le meilleur mot pour représenter ce qu’ils ont été pour nous est le mot guide!»

Recette gagnante

Pour François Marquis, qui agit encore parfois comme médecin sur l’équipe nationale de ski, avoir deux athlètes olympiques dans la famille apporte beaucoup de fierté. «C’est certain que je suis fier de mes gars, mais personne ne pouvait prévoir qu’ils se rendraient aussi loin.» Il assure qu’il n’y a pas de recette miracle pour avoir des athlètes olympiens. «Il ne faut pas penser qu’on poussait nos enfants à faire du ski nuit et jour. Ils ont toujours skié pour avoir du plaisir et c’était aussi important qu’ils pratiquent d’autres sports.» Le médecin orthopédiste est très au fait qu’il peut être néfaste au niveau des blessures de faire pratiquer un seul sport à un jeune de façon intense.

Vincent a été un athlète accompli en football où il a joué au poste de quart-arrière. Philippe se débrouillait aussi très bien en football au poste de secondeur, mais c’est plutôt le soccer qu’il a pratiqué longtemps. Philippe ajoute que tout ce temps à pratiquer des sports d’équipe a augmenté son bagage d’athlète. «C’est une des choses que j’apporte sur l’équipe nationale, le fait d’avoir un bon esprit équipe et de s’encourager même si on pratique un sport individuel.»

Le chant du cygne

À moins d’un changement exceptionnel, ce sont les derniers jeux de Philippe et probablement sa dernière saison en coupe du monde. Il se souvient très bien de chaque rendez-vous olympique auquel il a participé. « À Vancouver, en 2010, j’étais ouvreur de piste et j’ai vu c’était quoi le big show ! J’étais aux premières loges pour regarder mon frère et Alexandre Bilodeau. En 2014, à Sotchi, c’était mes premiers comme athlète. Il y avait eu beaucoup de rebondissements pour simplement participer à ces jeux et je n’avais pas offert mon meilleur ski. En 2018, je suis un athlète beaucoup plus mature et je sais ce que j’ai à faire. »

La tâche en question est de réussir à battre son compagnon d’entraînement Mikaël Kingsbury. Il est sans aucun doute le favori pour remporter l’or à PyeongChang et représente tout un défi. Philippe affirme qu’il croit en ses chances. «Je sais qu’il n’y a aucune statistique pour m’appuyer, mais j’ai l’intime conviction que si je suis à mon mieux, je peux le battre. Il faut simplement que je sème un doute dans sa tête.» En attendant de semer le doute, il continue sa préparation optimale pour arriver prêt en février.  

Philippe pourra compter sur l’appui de ses parents qui seront du voyage. Son frère Vincent, qui agira comme mentor d’athlète pour la délégation canadienne du comité olympique canadien, sera également présent. D’une certaine façon, c’est toute la famille qui devra faire son deuil après ces jeux olympiques. Ce n’est pas seulement la fin d’une carrière amateur qui prendra fin, mais la fin d’une façon de vivre.

Blessure dévastatrice

Depuis l’écriture de ce texte, Philippe a subit une déchirure ligamentaire au genou droit lors d’une épreuve de la Coupe du monde le 9 janvier dernier. Pour la très grande majorité des athlètes, ce serait la fin du rêve olympique. Après une réhabilitation en physiothérapie (il n’a pas eu de chirurgie), il a démontré aux dirigeants de Ski acro Canada que son genou serait capable de tenir le coup. Il a réussi à obtenir son billet pour PyeongChang en démontrant sa force de caractère dans l’adversité. Cette participation aux Jeux est bien plus grande que la gloire d’un podium, car c’est l’esprit olympique qu’il incarne.

Les frères Marquis!

Photo TC Media – Jean Carrier

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