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Christian Maranda, son histoire

RÉCIT DE VIE – Vendre le sport paralympique personne par personne. Histoire par histoire. Christian Maranda en fait la clé de la promotion du paralympisme, qui tend à souffrir de la comparaison avec les performances des athlètes sans handicaps physiques dont les podiums peuvent suffire à résumer le parcours. Or, si les résultats de Christian Maranda en kayak le placent pour l’heure au sommet de sa catégorie en Amérique du Nord, c’est son histoire qui fait d’abord de ce survivant de Kandahar un champion – de la résilience.

Christian Maranda fait partie de ceux qui, s’ils ne l’avaient pas avant, ont maintenant la mémoire des dates. Le 3 avril 2009, il débarquait en Afghanistan en tant qu’officier du deuxième bataillon du Royal 22e Régiment. Le 1er août de la même année, il est victime d’une bombe artisanale, survivant là où deux de ses hommes périssent.

«Donnez-moi trois semaines et j’y retourne», dit-il à son supérieur depuis son lit d’hôpital. La mâchoire pulvérisée, les jambes traversées de vis, celui qui s’était enrôlé avec l’ambition d’être déployé à l’étranger ne réalise pas la gravité de son état. Trois mois plus tard, toujours alité, son cœur s’arrête momentanément, trop faible pour continuer à pomper le sang. C’est là que la réalité frappe de plein fouet.

Il passera une trentaine de mois à l’hôpital et dans un centre de réadaptation pour réapprendre à marcher, à parler. Souffrant d’un choc post-traumatique, il sera aux prises avec des problèmes de santé mentale. Mais l’armée aura déjà quelque expérience en la matière et apportera le soutien nécessaire, ayant appris de la première génération de blessés de 2007. Surtout, ajoute-t-il, «j’ai eu le bon réflexe de lever le bras pour dire que je n’allais pas bien».

Dans sa condition physique, le résident de Charlesbourg sait que son temps dans l’armée est compté. Côté cœur, son couple arrive à échéance. Ses points de repère tombent l’un après l’autre.

S’accrocher à son embarcation

Sa bouée de sauvetage viendra du programme mis en place par l’armée pour faire découvrir différents sports aux soldats blessés. Fin juillet 2011, il fait l’essai du kayak. Avec une jambe encore dans le plâtre, résultat d’une opération majeure récemment pratiquée, il prend souvent l’eau. «Dieu sait que j’étais poche! J’ai passé beaucoup plus de temps dans l’eau que sur le bateau», admet-il en riant – ce rire, il résonnera souvent au cours de l’entrevue.

En deux jours, l’amélioration est visible. On lui parle des Championnats canadiens qui auront lieu dans un mois. En l’absence des meilleurs athlètes qui participent au même moment aux Mondiaux, il décroche l’or, à sa grande surprise; il répète l’exploit l’année suivante, cette fois en présence des parakayakistes accomplis. «Ce que je trouve le fun, c’est de battre des gens qui m’ont battu l’an dernier», explique-t-il, y voyant là un meilleur indicateur de performance que les médailles.

Les yeux devant

Chaque compétition est alors devenue, pour le membre du Club de canoë-kayak Lac-Beauport, un objectif à atteindre, une raison pour s’accrocher. Au passage, il remercie ses deux filles, sa conjointe, sa famille et sa chaîne de commandement au sein des Forces armées canadiennes. «Sans eux, je ne pourrais pas faire ce que je fais avec succès», confie-t-il.

Maintenant dans sa mire, les Jeux paralympiques de 2016, qui accueilleront pour la première fois sa discipline. Christian Maranda espère compter parmi les 10 athlètes de sa catégorie qui en mettront plein la vue, d’autant qu’il envisage de remiser sa pagaie après ce but ultime.

2016 marquera également la fin de son contrat avec l’armée. En dépit de ce qu’il a vécu en Afghanistan, il n’a jamais regretté s’être enrôlé, d’avoir fait une différence, visible, sur le terrain – comme il en fera une, peut-être, pour le sport paralympique.

Tableau des médailles

– Championnats canadiens 2011: or

– Championnats canadiens 2012: or

– Championnats mondiaux 2013: 12e place

– Coupe du monde 2014: bronze

Membre du Groupe Québec Hebdo

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