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Le financement des athlètes selon Claude Godbout

TÉMOIGNAGE. Comment le financement des athlètes se vit-il de l’intérieur? L’Actuel a recueilli le témoignage de Claude Godbout de Val-Bélair.

L’Actuel: Est-ce que le financement a un impact sur le développement de votre carrière?

Claude Godbout: Sans aucun doute. J’ai dû refuser à plusieurs reprises la participation à des compétitions internationales en Europe par manque de fonds. Puisque le calibre en biathlon se trouve en Europe, je perds chaque fois de très belles opportunités d’apprentissage. Malgré tout, j’ai réussi à tirer le meilleur de cette situation: je suis devenue très débrouillarde et je choisis mes batailles!

AC: On dit que le niveau Élite est l’étape où ça passe ou ça casse alors que le faible financement public conduit plusieurs athlètes à abandonner leur carrière. Est-ce que ça correspond à votre situation?

CG: Oui, je crois que le niveau Élite est sensiblement le plus difficile côté financier. […] C’est au niveau Élite que tu commences à être beaucoup plus sérieux dans ton sport, donc tu dois investir beaucoup plus pour espérer monter les échelons. Les parents deviennent aussi de plus en plus frileux financièrement devant de tels financements. […]

AC: Avez-vous le sentiment que votre performance a partie liée au financement que vous obtenez?

CG: Performance et financement sont en effet étroitement reliés. Par exemple, Biathlon Canada et Sport Canada publient chaque année une liste de résultats à atteindre afin d’être éligible à certains programmes de bourses et autres. Des fonds insuffisants obligent de couper certaines dépenses qui peuvent compromettre les performances d’un athlète. Cette situation est effectivement un stress supplémentaire dans la vie d’un athlète. Spécialement quand tu dois quitter le nid familial pour progresser dans ton sport!

AC: Est-ce que c’est difficile d’aller chercher du financement privé?

CG: C’est une tâche très ardue. Premièrement, la ville de Québec regorge d’athlètes de haut niveau, donc c’est souvent une compétition entre les athlètes. Je me suis rendu compte avec les années qu’avoir des contacts avec des gens haut placés dans une compagnie est souvent la clé du succès. […] Un truc: cessez de jouer la carte de l’athlète qui n’a pas un sou. Les dirigeants d’entreprises sont bien au courant et vous ne vous démarquerez pas des autres athlètes. Transmettez-leur votre passion envers votre sport et vos objectifs!

AC: Avez-vous l’impression d’avoir à vous vendre comme athlète pour obtenir du financement?

CG: Oui, et ceci n’est pas toujours facile. Les résultats sportifs ne parlent pas d’eux-mêmes: il [faut] également avoir une belle personnalité afin que l’entreprise désire investir en vous.

AC: Êtes-vous d’accord avec l’image de l’athlète comme micro-entreprise qui, au-delà de ses performances sportives, doit savoir gérer son image, son budget, sa présence médiatique, sa carrière…?

CG: Oui, tout à fait d’accord avec cette idée de micro-entreprise. En fait, mon conseiller financier m’a conseillé il y a quelques semaines d’avoir le statut de travailleur autonome dans le cadre de mes activités sportives. Je crois que cela prouve l’ampleur de notre statut d’athlète qui n’est plus très simple aujourd’hui.

Claude Godbout

Âge: 28 ans

Sport: Biathlon

Niveau: Élite

Montant reçu en financement public: 4000$ en crédit d’impôt

Avez-vous des sources de financement privé? Oui

Avez-vous un agent? Non

Pour suivre la carrière de Claude Godbout: www.facebook.com/pages/Claude-Godbout/149465781751178.

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Membre du Groupe Québec Hebdo

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