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La double vie de Marko Estrada

LUTTE. Marc Roussel, un résident de Saint-Émile, est gardien de prison à Orsainville depuis cinq ans. Marko Estrada est champion de la North Shore Pro Wrestling (NSPW). Ici, on ne parle pas de deux personnes, mais bien d’une seule. Entrevue avec un homme qui mène une double vie.

Âgé de 31 ans, il consacre une quarantaine d’heures par semaine au pénitencier d’Orsainville. Ceux qui croient qu’il ne se passe jamais rien en prison, détrompez-vous. «Nous avons plus de 900 détenus. Ça brasse pas mal. Il faut avoir des yeux tout le tour de la tête et ne jamais embarquer dans la routine. J’aime mon job parce que je suis capable de me faire une carapace entre ma vie professionnelle et personnelle.»

Percer dans le monde de la lutte professionnelle, ce n’est pas facile. Jeune, Marc Roussel s’est construit un ring dans la cour arrière de la résidence familiale située à Le Goulet, un petit village au Nord-Est du Nouveau-Brunswick. À 18 ans, il fait le saut chez les professionnels après avoir envoyé sa cassette vidéo à un promoteur en tournée à Lamèque. Il a se rend près de Moncton pour suivre des cours et depuis, il n’a pas cessé de se faire remarquer.

Le monde de la lutte n’est guère synonyme de gloire et richesse. À ses débuts, on lui offrait un petit cachet ou on couvrait à peine les dépenses de ses déplacements. Il a passé quelques nuits à dormir sur le plancher. «Mon emploi de gardien de prison fait en sorte que je ne suis pas dépendant de la lutte. J’accepte seulement les offres qui valent la peine. Tu ne peux pas vivre de la lutte. J’ai refusé des offres de la Total Nonstop Action Wrestling (TNA) [un gros joueur aux États-Unis], parce que c’étaient des salaires ridicules», dit celui qui a notamment participé à des galas dans le Maine, à Boston et à Toronto.

Le méchant champion

Au risque de vous surprendre: la lutte, c’est arrangé! Néanmoins, les catcheurs doivent se distinguer pour faire leur marque. Pour Marko Estrada, classé 381e meilleur lutteur au monde, être dans une forme physique irréprochable est un incontournable. «Il faut être crédible et avoir l’air d’être un vrai lutteur professionnel, c’est tout. C’est beaucoup plus crédible que de voir un gros en bedaine», lance-t-il en ajoutant que le sport a toujours été important dans sa famille.

Arrangé ou non, il est aussi très demandant pour le corps de participer à plusieurs galas. «On ne se donne pas des vrais coups de poing au visage, mais quand tu reçois un coup de chaise ou que ton adversaire saute de la troisième corde pour te frapper, ça fait mal, mais c’est une dose d’adrénaline incroyable.»

Marko Estrada a rejoint la NSPW en août 2010 et depuis deux ans, il est le champion incontesté de la fédération qui tient un gala par mois au Centre Horizon de Limoilou. Son côté baveux et son accent acadien font en sorte qu’il est détesté de la foule, mais il adore ça.

Québec Hebdo

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