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Comment faire pour que votre ado lâche les écrans

Catherine Ratelle croit que le temps d’utilisation des écrans doit être le résultat d’un consensus familial et des besoins de chacun. Photo: IStock photo

La grande majorité des parents peuvent en témoigner, de nos jours, il devient de plus en plus difficile de motiver nos ados à laisser tomber leur cellulaire plus de quelques minutes à la fois. Nous avons discuté avec Catherine Ratelle, docteure en psychologie, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les pratiques parentales et les trajectoires scolaires et vocationnelles, pour lui voler quelques trucs éducatifs.

Formée en psychologie de la motivation, Catherine Ratelle travaille à mieux comprendre comment la motivation se développe au cours de la vie, notamment par l’entremise des parents. Lorsqu’il s’agit de gestion de temps d’écran, elle croit que le point de départ doit être de comprendre les trois besoins psychologiques fondamentaux de l’être humain: besoin d’autonomie, de compétence et d’appartenance sociale.

«En général, les parents ont tendance à gérer tous les écrans, que ce soit tablette, téléphone, ordinateur ou télé, de la même façon. Mais il faut d’abord se poser la question: qu’est-ce que mon ado va chercher dans son utilisation des écrans? Est-ce que ça vient combler l’un ou plusieurs de ces trois besoins pour lui? Ça va nous permettre de mieux le comprendre et de l’aider à mieux intégrer son utilisation de façon harmonieuse dans sa vie», explique-t-elle.

«On peut avoir le réflexe de penser que l’utilisation des écrans est trop importante, mais ça peut aussi être une façon pour notre ado d’entretenir son appartenance sociale. À notre époque à nous, c’était démonisé de passer notre temps au téléphone. Aujourd’hui, les jeunes gardent le lien par des applications comme Snapchat ou par les textos, par exemple.»

Catherine Ratelle

Sans vouloir généraliser, les filles auront peut-être plus tendance à se parler par vidéo, alors que les garçons vont échanger dans le cadre de jeux coopératifs. «Les jeux coopératifs ça les aide à développer des habiletés, ça demande de la stratégie, des habilités visuospatiales, donc leurs trois besoins peuvent être nourris et satisfaits dans ces activités-là et c’est pour ça que c’est plaisant pour eux, c’est prouvé par des recherches. Donc, il faut aller au-delà de la simple utilisation d’un écran.»

C’est quand ces activités empiètent sur les études et que l’enfant n’est plus capable de déposer son téléphone pour faire ce qu’il a à faire, que cela devient un problème. À ce niveau, des études récentes démontrent que lorsqu’il y a des règles d’utilisation dans la famille, les jeunes vont avoir plus de facilité à gérer leur temps d’écran. «C’est donc important d’avoir une conversation avec notre ado pour établir l’ensemble des règles de fonctionnement. Mais la façon dont on va le faire peut les motiver ou les brimer si on leur impose notre façon de voir et de ressentir les choses. Le mieux est de le faire dans les règles du soutien à l’autonomie, en lui expliquant les raisons valables pour lesquelles on lui demande de limiter son utilisation», suggère-t-elle.

À ce niveau, elle nomme les risques connus de la surutilisation des écrans, et l’importance du temps de qualité en famille. «Et il faut aussi être ouvert à sa vision à lui des choses. Parce que si on souhaite que notre ado prenne le contrôle de la question, il faut qu’il sente qu’on respecte son point de vue.»

Des bonnes et des mauvaises façons de faire

En termes de mauvaises façons de faire, elle cite: contrôler en imposant des règles, en le manipulant avec des récompenses et des punitions, en le questionnant sur un ton inquisiteur et en le faisant sentir coupable ou comme une moins bonne personne parce qu’il a perdu le contrôle de son utilisation une journée X. «Il faut éviter ce genre de pratique parce que ça va nuire à l’intériorisation de la valeur d’apprendre à gérer de façon harmonieuse les écrans dans sa vie.»

Une meilleure façon de procéder passera donc par la confiance en les valeurs qu’on leur a déjà transmises, en étant sensible aux besoins de notre enfant, en posant des questions, en amenant une réflexion sur l’importance pour lui des études, de la santé et de réaliser ses ambitions. Elle suggère aussi, dans une approche pédagogique, de regarder avec lui chaque semaine son utilisation en détail, et, surtout, de montrer l’exemple soi-même en laissant tomber notre propre téléphone ou en écoutant moins la télé, ce qui renforcera notre crédibilité et le modèle qu’on leur offre.

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