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Les effets combinés de la pandémie et de l’inflation inquiètent Moisson Québec

Période habituellement creuse, le printemps s’annonce plus exigeant que jamais pour les organismes de soutien alimentaire. Photo: Photo Métro Média - François Cattapan

ENTRAIDE. Crise sanitaire, perte de revenus, flambée inflationniste et rupture dans la chaîne d’approvisionnement en succession. Plus que jamais, le monde de l’entraide alimentaire affronte une tempête parfaite. Cet ensemble de facteurs représente autant de défis à relever pour Moisson Québec, dans une période où tout le monde est confronté à une hausse des coûts d’énergie et, surtout, du panier d’épicerie.

Comble de malheur, la banque alimentaire de la région traverse une période annuellement moins faste. En effet, après avoir profité d’un élan de générosité durant la période des Fêtes, l’entrepôt du parc Colbert voit ses étalages se dégarnir chaque printemps. Pourtant, c’est une période au cours de laquelle les nécessités des familles en difficulté ne diminuent pas, loin de là.

«J’aimerais vous dire que ça va mieux après deux ans de pandémie, mais ce n’est pas le cas. Nous avons encore le vertige pour les semaines à venir. On sent un essoufflement chez la plupart des organismes qui offrent de l’aide alimentaire. Notre espoir est de pouvoir combler leurs besoins pour ne laisser personne sur sa faim. Parce que derrière chaque ventre vide se cachent d’autres problèmes latents», observe Élaine Côté, directrice générale de Moisson Québec.

Malgré les programmes d’aide gouvernementaux temporaires, le quasi-plein emploi dans la capitale et la pénurie de main-d’œuvre généralisée, les demandes de soutien ne déclinent pas. Une réalité difficile à admettre dans une région nantie comme Québec qu’autant de besoins restent à combler. Les données compilées par l’équipe de Mme Côté s’avèrent éloquentes. De fait, la banque alimentaire a vu la Covid-19 doubler de 35 000 à 70 000 le nombre de personnes qui bénéficient de son aide.

«Avec le début de relance économique, à l’automne 2021, ce nombre a régressé autour de 56 000. Malheureusement, avec la flambée des prix depuis le début de 2022, ce chiffre a grimpé à nouveau au-delà de 60 000. De plus, on constate que les nécessités sont plus récurrentes, ce n’est pas juste une fois par mois. Ces gens en difficulté vont avoir besoin de temps pour se relever. On vit des extrêmes. Les gens pauvres le sont davantage qu’avant, donc inévitablement, ils mettront plus longtemps pour s’en sortir», indique la directrice de la banque alimentaire, rappelant que personne n’y vient de gaité de cœur.

Une sortie de pandémie remplie de défis pour la directrice générale de Moisson Québec, Élaine Côté, et son équipe. Photo Métro Média –  François Cattapan

Mission perturbée

Le fait que Moisson Québec se trouve au bout de la chaîne d’approvisionnement n’est rien pour faciliter ses opérations. Sa mission de réduire l’insécurité alimentaire dans sa communauté par le biais des 123 organismes locaux qu’elle supporte s’en trouve perturbée. Ce réseau de dernier recours s’avère on ne peut plus fragilisé et sous pression depuis le début de la pandémie. L’espoir réside dans les mesures permanentes.

À cet égard, il y a du positif du côté du déploiement du Programme de récupération en supermarchés (PRS). Ce dernier rejoint davantage de nouveaux partenaires et rapporte jusqu’à 15% des denrées récoltées annuellement. Il s’agit surtout de produits périssables et de viandes. Les nouvelles installations ont permis une expansion en cette matière, mais cela amène un nouveau défi de formation chez les épiciers participants.

En contrepartie, le souhait d’obtenir une aide gouvernementale accrue et à long terme a été quelque peu déçu lors du récent budget provincial. Selon Mme Côté, l’État avait pourtant tout en main pour cibler plus directement les ménages en difficulté. Elle y voit une occasion manquée de faire une différence.

«Tout le monde est content de recevoir un chèque de 500$. Cependant, ça ne règle pas les problèmes des familles en situation financière précaire ni ceux occasionnés par un recours accru aux banques alimentaires. En définitive, ça ne fait qu’accroître l’écart entre les riches et les pauvres», déplore celle qui y va d’un appel à tous. «Si cette ristourne inattendue n’a que peu d’impact sur votre budget familial, songez à partager avec les banques alimentaires et les organismes d’entraide.»

Don démultiplié

  • Chaque don de 1$ à Moisson Québec équivaut à 8,25$ en denrées alimentaires.
  • Ainsi, un don de 100$ représente 825$ en denrées, ou 270 repas, ou 1 mois d’épicerie pour une petite famille.

Pour plus information ou faire un don: www.moissonquebec.com.

Rare bonne nouvelle, le Programme de récupération en supermarchés prend de l’expansion et rapporte déjà 15% des denrées. Photo gracieuseté

Métro Média

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