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Le parkour: apprivoiser son corps et son environnement

TESTÉ POUR VOUS. Le parkour, où l’art du déplacement, c’est un peu comme réapprendre à faire des mouvements de base: courir, sauter, grimper, rouler. Du moins, c’est la définition qu’en font Jonathan St-Pierre et Kevin Dugal, deux des cofondateurs de l’Académie québécoise d’art du déplacement qui m’ont accueilli le temps d’une entrevue à découvrir leur passion.

Kevin Dugal et Jonathan St-Pierre, haut perchés dans leur local.

(Photo TC Media – Prisca Benoit)

Sur la rue Saint-Jean, au confluent des quartiers Montcalm et Saint-Jean-Baptiste, un local aux grandes baies vitrées borde la rue. On y voit des structures de métal avec à l’occasion, des hommes et des femmes qui s’y exercent. L’été, c’est plus tranquille, car les entraînements se font à l’extérieur, dans les parcs et les rues de la ville.

Le parkour a tristement fait les manchettes ces dernières semaines. Un adolescent est décédé à la suite d’un accident en tombant sur un boîtier électrique. Pour mieux comprendre les règles de base qui entoure la discipline et la mission que s’est donnée l’Académie québécoise d’art du déplacement, Québec Hebdo est allée à la rencontre d’instructeurs fondateurs de l’école.

Les constats

Je propose à Jonathan de suivre avec lui un cours de parkour, question de découvrir la discipline. «Bonne idée, répond-il. Ça va pouvoir t’aider à mieux comprendre ce que l’on fait.» On se rencontre à leur local où un entraînement intensif d’une demi-heure m’attend. Mes deux hôtes sont tous les deux fondateurs avec deux autres confrères de l’Académie, un organisme à but non lucratif qui vise à faire connaître cet art. Jonathan St-Pierre est président du conseil d’administration, alors que Kevin Dugal est à la direction générale.

Je crois n’avoir jamais eu aussi chaud pour une entrevue. Après du catamaran, du yoga, du cirque, du traîneau à chien, voilà qu’on me lançait un défi de taille. Après un échauffement sommaire, on commence des exercices de renforcement physique, essentiels pour la pratique du parkour. À quatre pattes, je dois traverser la salle aller-retour, un exercice plus difficile qu’il n’y paraît, surtout quand on change de direction. Mais ce n’était rien à côté des prochains mouvements. Accroupie, les pieds à plat au sol, je dois traverser la salle encore une fois, s’en suit ensuite une planche où le même scénario se répète. Je sens les gouttes qui commencent à couler dans mon dos… Aye!

C’est le fruit d’un travail de longue haleine qui a amené les deux hommes là où ils sont aujourd’hui.

(Photo TC Media – Prisca Benoit)

Je croyais, à tort, que ceux qui pratiquaient le parkour étaient avant tout des espèces de petits singes super agiles qui réussissaient à se faufiler n’importe où. Ce n’est pas totalement faux, mes deux instructeurs sont quand même grimpés sur une structure de près de 8pi de haut pour que je les prenne en photos, mais il y a bien plus que l’agilité. C’est aussi une question d’endurance et de force physique.

«C’est un peu comme si tu te créais ta propre armure, illustre Jonathan St-Pierre. Ton corps est plus prêt à absorber les chocs si jamais tu tombes ou tu te blesses.» «C’est aussi ça qui te permet de repousser tes limites, poursuit Kevin Dugal. Tu vas pouvoir sauter un peu plus loin, grimper un peu plus haut.» Ne fait pas du parkour qui veut donc, il faut d’abord mettre le temps et l’énergie nécessaire pour réussir ses prouesses en toute sécurité.

L’auteure de ces lignes, en pleine action dans un safety vault.

(Photo TC Media)

Après, le fun commence! Jonathan et Kevin en sont à me montrer quelques mouvements de base d’art du déplacement. Même si je suis bien loin encore d’être une Yamakasi, cette troupe de Parisiens qui ont popularisé la discipline au début des années 2000, je réussis quand même à y trouver du plaisir. La moindre petite amélioration est satisfaisante. On commence par un safety vault, un saut bien simple par-dessus un obstacle. Puis suivent quelques minutes d’équilibre pour finir avec une figure où le corps se déplace sous une rampe pour finir debout, bien droite.

Des règles, des valeurs

Au centre du parkour, on retrouve d’abord la culture de l’effort, selon Kevin Dugal. «C’est une discipline qui nécessite un certain investissement et un certain effort physique et mental pour réussir à s’améliorer», explique-t-il. Même si ce sport est forcément individuel – «personne ne va faire le saut à ta place», soutient Kevin – la notion d’équipe est bien présente dans l’enseignement de l’Académie de Québec. «C’est le volet de partage et d’entraide, poursuit-il. Tu n’es jamais laissé seul avec toi-même.»

Force physique, endurance et agilité: les trois clés pour réussir ses déplacements comme Jonathan St-Pierre et Kevin Dugal.

(Photo TC Media – Prisca Benoit)

L’Académie tient à transmettre un certain nombre de règles à respecter pour s’amuser en tout respect. «Jamais sur les toits, lance très clairement Kevin Dugal. De toute façon, rendu là, c’est juste dangereux et il n’y a rien à faire.» Mieux vaut rester près du sol où les obstacles sont plus nombreux, et donc plus attrayants. D’autres directives comme celles-ci guident la pratique de l’école: jamais sur les terrains privés, jamais on ne brise quoi que ce soit.

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