Soutenez

Cryptomonnaies: ce que la réglementation pourrait changer

Une femme regarde ses finances personnelles sur son téléphone et son ordinateur à l'approche de la réglementation prévue des cryptomonnaies.
Photo: iStock

Les investisseurs qui se sont lancés dans la cryptomonnaie en 2021 s’en mordent peut-être les doigts à l’heure actuelle. Après avoir franchi la barre de 67 000 $ américains à la fin de l’année, le bitcoin est tombé sous les 30 000 $ en mai 2022. Il y a de quoi avoir des sueurs froides! Étant donné sa grande volatilité, le risque de fraude et le danger systémique accrus pour le milieu de la finance, un grand chantier pour la réglementation des cryptomonnaies est en cours aux États-Unis.

La crypto n’est probablement pas la valeur refuge qu’on espérait

Le bitcoin a déjà eu le vent dans les voiles. Par contre, comme les autres cryptoactifs, il mange une bonne volée dernièrement. «Certains ont avancé, pas plus tard qu’en début d’année 2022, que le bitcoin était en train de devenir une valeur refuge. Mais les marchés sont en pleine turbulence et le bitcoin ne réagit pas du tout comme on l’attend d’une valeur refuge», explique Annie Lecompte, professeure au Département des sciences comptables de l’UQAM.

Les valeurs refuges sont censées permettre la diversification des portefeuilles d’investissement et offrir une protection en cas de volatilité des marchés. Elles conservent leur valeur, voire l’augmentent, en temps de marchés mouvementés.

Annie Lecompte, professeure au Département des sciences comptables de l’UQAM.

Le début du mois de mai a été particulièrement turbulent pour les investisseurs en cryptomonnaies. La conjoncture économique actuelle fait en sorte que plusieurs investisseurs vendent leurs actifs les plus risqués. Au début du mois de mai, le jeton stable (stablecoin) TerraUSD, censé suivre le dollar américain, a fait l’objet d’une vente massive. Les jetons stables sont aimés parce qu’ils rendent facile le transfert d’argent, permettent de conserver du capital et de faire du jalonnement, une façon pour générer un rendement d’intérêts en prêtant de la cryptomonnaie. L’épisode de mai ayant montré que même les jetons stables comme TerraUSD rattachés à une devise ne sont aucunement protégés de la volatilité, la perte de confiance des investisseurs s’est répandue à l’ensemble du marché des cryptomonnaies.

Le spectre de la réglementation plane au-dessus de nos têtes

Cette volatilité n’empêche pas l’actif virtuel d’être peu à peu intégré à plusieurs entreprises, comme Birks, et produits comme divers fonds négociés en Bourse (FNB). «Si on veut que cette classe d’actifs devienne de plus en plus sérieuse, c’est inévitable qu’il y ait un encadrement additionnel», affirme Annie Lecompte. Pourquoi et comment?

Réduire la spéculation et protéger les investisseurs

«Une réglementation pourrait effectivement moduler la volatilité des cryptomonnaies, parce qu’elle pourrait faire en sorte d’orienter davantage les investisseurs et ainsi réduire la spéculation. Elle permettrait aussi de mieux protéger les investisseurs », poursuit Annie Lecompte. Dans un discours à l’American University de Washington, Janet Yellen a affirmé le désir de son ministère de veiller à ce que les consommateurs, investisseurs et entreprises soient adéquatement protégés, notamment contre la fraude, le vol, les atteintes à la vie privée et les pratiques abusives. Elle a aussi insisté sur l’importance d’avoir des jetons stables qui ne mettent pas en danger les particuliers ni le système financier dans son ensemble, par exemple avec l’effondrement d’un jeton comme TerraUSD même si son discours a été fait avant cet événement).

Mise en oeuvre épineuse

Il y a toutefois plusieurs embûches à la réglementation, à commencer par une résistance du milieu. «Les gens qui œuvrent dans les monnaies virtuelles essaient d’être encadrés le moins possible. Une des critiques qu’on entend le plus est qu’une réglementation pourrait entraver l’innovation, un facteur clé de la progression du marché des cryptomonnaies», explique Annie Lecompte. Il est toutefois difficile d’en dire plus sans connaître précisément ce que stipulerait une telle réglementation. 

Selon elle, il y a aussi un problème lié à la juridiction : qui peut réglementer quoi, à quel moment? À ce sujet, Yellen a affirmé que son ministère travaillait étroitement avec des partenaires internationaux pour promouvoir une réglementation et une surveillance cohérentes à travers le globe. Un autre problème réside dans la mise en œuvre technologique, parce que «les chaînes de blocs sur lesquelles reposent les cryptomonnaies n’ont pas été créées pour qu’une réglementation puisse y être incorporée (‘no regulatory hook’)», dit Annie Lecompte. Ces embûches techniques et juridiques devront être surmontées pour qu’une réglementation ait réellement lieu.

En somme, les discussions entre les instances régulatrices sont encore à leurs balbutiements et ce n’est pas demain qu’on verra un grand changement entrer en vigueur. Au-delà d’un renforcement de l’encadrement légal des cryptos, le chantier lancé par Joe Biden explore la possibilité de créer une monnaie numérique de banque centrale. Voilà un projet ambitieux! Des mois, voire des années, seront nécessaires avant d’en voir les couleurs.

Chaque semaine, une sélection des nouvelles de votre arrondissement.

Nos infolettres vous suivent partout.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Toute l'actualité locale au même endroit.

En vous inscrivant à Mon Métro, vous manifestez votre engagement envers la presse locale. + Profitez d’une expérience numérique personnalisée en fonction de vos champs d’intérêt et du quartier où vous résidez. + Sélectionnez vos articles favoris pour une lecture en différé.