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Prêt-à-manger: le prix de la simplicité

L’offre de plats préparés en épicerie est en croissance. Si l’appétit des consommateurs pour ces produits est manifeste, le prêt-à-manger pourrait néanmoins devenir un peu moins digeste en période d’inflation.

En 2020, les Québécois ont dépensé plus de 1,78 G$ pour l’achat de mets préparés surgelés et plats prêts-à-manger cuisinés dans les supermarchés. Cela représente un bond de 28 % par rapport à 2019, selon un rapport du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).

Mais comment cet engouement peut-il affecter le portefeuille des consommateurs s’il perdure dans un contexte inflationniste où le prix de plusieurs aliments est en hausse?

«Ce qu’on risque de voir, c’est que ces plats en épicerie vont augmenter davantage en pourcentage que seulement les aliments», croit Pascal Thériault, agronome et économiste à l’Université McGill. En effet, il faut non seulement penser à la hausse du prix de plusieurs ingrédients qui composent un plat préparé, mais aussi tenir compte du coût de la préparation, de l’énergie, du transport et de l’emballage, note-t-il.

À lire dans cette série:

La folle organisation de l’épicerie face à la hausse des prix

Payer plus pour manger autant

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Bouffe tes économies

«Ce qui coûte très cher dans les plats préparés, c’est la main d’œuvre. Actuellement, en plein-emploi, pour attirer des travailleurs, il faut payer les travailleurs en conséquence», ajoute Maryse Côté-Hamel, professeure adjointe à l’Université Laval en Sciences de la consommation.

Métro l’a testé

Afin d’illustrer concrètement l’impact que peut avoir l’achat de plat préparé sur le portefeuille, Métro a fait l’expérience de comparer le prix d’une portion de pâté chinois à celui d’un pâté chinois maison. On se doute bien que le prix du premier est plus élevé que celui du deuxième, mais nous voulons mesurer l’écart entre les deux.

Pour commencer, on se rend dans la section des plats préparés du Provigo. On choisit d’abord une portion individuelle de pâté chinois. Son coût est de 5,97$.

On rassemble ensuite les ingrédients pour faire une recette similaire, en essayant de prendre les aliments les moins chers: bœuf haché, maïs en crème, patates jaunes, oignon espagnol, beurre, lait et paprika. Total de la facture: 28,89$.

Une fois à la maison, on calcule le coût de ce qu’on va utiliser pour la recette. Le prix pour ce pâté chinois: 12,17$

On se met ensuite à la préparation : entre la cuisson de la viande et des patates, la confection de la purée de patate et la cuisson, on calcule une bonne heure.

Une fois le plat prêt, il s’agit de prendre une portion équivalente à celle achetée en magasin. On ne pèse pas les aliments, mais à vue de nez, ça représente environ un sixième du plat cuisiné.

Conclusion de cette expérience non-scientifique: chaque portion coûte environ 2,03$, soit près de trois fois moins cher que le plat acheté en magasin.

Maryse Côté-Hamel, professeure adjointe à l’Université Laval, précise que le prix des aliments n’augmente pas à la même vitesse et que les entreprises ont peu de flexibilité pour modifier les recettes des plats préparés. Le consommateur qui cuisine à la maison a une plus grande marge de manœuvre puisqu’il peut aisément substituer un aliment dont le prix a fortement augmenté.

Des comportements en évolution

Si le choix des plats préparés est évidemment plus cher, plusieurs éléments motivent son choix, notamment l’économie de temps que cela procure.

Ainsi, les experts consultés croient que la popularité des plats préparés est là pour rester même si la cuisine à la maison a connu un certain regain en période de pandémie.

«Oui, il y a eu une augmentation des gens qui se sont mis à cuisiner, mais je pense que ça va rebaisser quand on va retourner à la normale», indique M. Thériault. Au niveau d’avant la pandémie? «Je ne pense pas, répond l’expert. Il y a une tranche de la population qui a réappris à cuisiner, repris plaisir à cuisiner».

La série «Bouffe tes économies» se penche sur les impacts de la hausse du prix du panier d’épicerie sur le budget des familles. Au menu: perspectives, témoignages et astuces. À lire dans la section Parlons cash.

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