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L’eau potable doit être protégée par des professionnels

Photo: Métro Média

Le 2 septembre dernier, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCCC) annonçait dans la Gazette officielle du Québec la modification du Règlement sur la qualité de l’eau potable (RQEP). Bien que ce ne soit pas le genre d’annonce qui anime les foules et soulève les passions, il en est de la responsabilité de l’Ordre des chimistes du Québec (OCQ) de soulever les problématiques en lien avec la modification de ce règlement. Bien qu’il soit honorable de la part du MELCCC de vouloir assurer une réglementation optimale sur l’eau potable, les conséquences peuvent être délétères si cela n’est pas fait avec l’expertise adéquate.

La modification du règlement prévoit notamment que des plans d’action soient élaborés lors de cas de non-conformité, c’est-à-dire lorsqu’il y a détection d’un taux de plomb trop élevé dans l’eau. Toutefois, le règlement ne précise pas qui sera responsable de réaliser ces plans d’action. En conséquence, un plan d’action erroné, mis en place par des personnes n’étant pas qualifiées en chimie, pourrait avoir des conséquences graves sur la santé des utilisateurs ainsi qu’engendrer des coûts faramineux en installations. En ce sens, le RQEP doit préciser que les personnes responsables des plans d’action en cas de non-conformité soient des chimistes spécialisés.

Pour le moment, il n’y a également aucune garantie dans la modification de ce règlement que les prélèvements d’eau potable seront effectués par des professionnels. Comment est-ce que le MELCCC prévoit assurer une eau potable de qualité aux Québécois et Québécoises si les prélèvements ne sont pas faits avec une méthodologie rigoureuse et professionnelle ? Les stratégies de prélèvement et d’analyse de l’eau devraient non seulement être élaborées en premier lieu par des chimistes, mais les résultats finaux devraient aussi être contrevérifiés par une méthode analytique standard réalisée par un laboratoire accrédité par le Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec.

En plus de la modification du RQEP, il semblerait que le MELCCC envisage d’effectuer une modification réglementaire afin que les tests de vulnérabilité des sources d’eaux destinées à l’alimentation en eau potable ne soient plus obligatoirement réalisés par des professionnels. Encore une fois, il est crucial que les analyses de l’eau qui sera consommée par la population soient réalisées par des personnes ayant une qualification reconnue en chimie.

Le MELCCC et la population doivent prendre garde aux experts autoproclamés. En effet, ceux-ci s’attribuent divers titres non réglementés qui laissent croire qu’ils ont des compétences professionnelles propres aux chimistes alors que ce n’est pas le cas. Sans code de déontologie strict pour encadrer leurs activités, les motivations de ces individus sont souvent incertaines et empreintes de conflits d’intérêts, exposant du même coup la population à de nombreux risques de préjudices.

C’est pourquoi, il est important que le MELCCC clarifie dans les règlements qu’il adopte que ce seront des professionnels chimistes qualifiés qui seront responsables de l’analyse et du suivi de la qualité de l’eau potable consommée par la population québécoise. Ces précisions assureraient non seulement la santé et la sécurité de la population, mais également la préservation d’une ressource naturelle qui est chère aux yeux des Québécois et des Québécoises.

 

Michel Alsayegh, président de l’Ordre des chimistes du Québec

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