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Retour amer sur la saga de la MDA de Sainte-Foy

Photo: Métro Média

Pour préparer le terrain à la Maison des aînés (MDA) de Sainte-Foy, des coupes massives d’arbres ont eu lieu en avril dernier, à la surprise générale. L’indignation et la mobilisation citoyenne qui s’en sont suivis ont poussé les «partenaires» au dossier, soit le CIUSSS de la Capitale-Nationale (CIUSSS-CN) et la Société Québécoise des Infrastructures (SQI), à suspendre l’abattage et à refaire leurs devoirs au sujet des arbres restants.

Nous apprenions récemment que ce sont au final 9 arbres matures qui seront épargnés au lieu des 3 prévus au plan, sur un terrain où il y avait initialement près de 80 arbres! Ce gain des citoyens n’aura nécessité aucune modification au projet, mais simplement une analyse arboricole appropriée au milieu urbain.

Récemment, les citoyens ont fait parvenir une dizaine de propositions concrètes de bonification du projet aux directeurs et chargées de projet du CIUSSS-CN et de la SQI. Ces propositions ont été écartées, poliment mais fermement, dans une réponse signée par l’«équipe de gestion» du projet.

Nous, simples citoyens, signons de nos noms lettres et pétitions, mais eux, les gestionnaires d’un projet qui va marquer notre milieu de vie pour plusieurs décennies, nous refusent un interlocuteur clairement identifié. C’est insultant, et cela renforce l’impression de faire face à une machine qui a peu de considérations pour l’individu et la communauté.

Une grosse machine qui utilise des beaux mots (intégration, discussion, partenariat), mais ne les met pas en pratique. Sauf, si elle y est absolument contrainte par ce qu’ils appellent les «représentations citoyennes» (euphémisme pour parler de nos lettres, manifestations, pétition de 800 noms, etc.). Nous devons donc les croire sur parole quand ils nous disent que le système de livraison par gros camions est optimal pour notre quartier résidentiel, que la zone de manœuvre asphaltée qui créera un îlot de chaleur a été réduite au minimum, ou que le stationnement est parfaitement dimensionné et ne peut aucunement être réaménagé. Seulement voilà, pourquoi croirions-nous une machine qui, il y a quelques semaines, nous affirmait sans sourciller que tous nos arbres étaient malades et dangereux (ce qui a été infirmé par un expert qualifié)?

La cause n’est pas assez grande, les enjeux ne sont pas assez importants pour que nous continuions à nous mobiliser dans ce dossier, même si cela serait légitime, même si nous avons envie de répliquer à chacune de leurs réponses pour demander une justification ou dénoncer un illogisme. Nous allons donc les regarder couper nos arbres, répandre de l’asphalte à outrance, et préparer pour nos aînés des petites cours bétonnées dans lesquelles il fera trop chaud, l’été, pour qu’ils puissent en profiter. Et nous nous habituerons au fait d’avoir été dépossédés de nos arbres, de notre stationnement et d’une partie de notre parc… avec le sentiment latent que tout cela aurait pu être fait autrement.

À vous les citoyens cachés derrière l’«équipe de gestion», vous qui servez la machine et nous répondez par des “pas possible”, “pas envisageable” avec un brin de condescendance. Peut-être un jour, vous trouverez-vous du côté des citoyens pris au dépourvu, tentant de vous faire entendre à propos d’un projet pensé ailleurs qui touche directement votre communauté.

À tous les acteurs et décideurs au dossier qui êtes aussi, car c’est là notre dénominateur commun, habitants d’une planète suffocante. Dans quelques années, vous repenserez à ces événements et vous n’en reviendrez sûrement pas, qu’à une époque pas si lointaine, on pouvait être fier d’un projet qui condamne, en pleine ville, 68 des 71 arbres matures d’un site.

À vous enfin, Mme Blais et M. Legault, qui avez choisi de déployer les Maisons des aînés en mode accéléré. L’urgence d’améliorer la situation de nos aînés ne justifie pas le manque de respect à l’égard des citoyens, de l’environnement et du patrimoine bâti qui a été démontré dans ce dossier et dans plusieurs autres, très semblables, partout au Québec.

Marie-Hélène Felt et Mireille Tanguay, résidentes mobilisées du quartier Saint-Louis et membres fondatrices du mouvement citoyen Vigilance Arbres Sainte-Foy

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