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Urgent besoin de main-d’oeuvre

Photo: Métro Média

La pandémie a engendré des variations inédites sur le marché du travail. À cet effet, elle lègue étonnamment, un an plus tard, un bilan caractérisé par de nombreuses perturbations, mais aussi par une forte reprise de tous les indicateurs. Ce rebondissement rapide de l’emploi sur une année (entre le mois de février 2020 et celui de février 2021) s’observe dans plusieurs régions. Toutefois, c’est sans contredit dans la région métropolitaine de recensement (RMR) de Québec que le regain demeure le plus prononcé au Québec.

État de situation sur l’emploi en Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches

1. Les douze derniers mois ont été hors du commun. Les données du marché du travail montrent que l’emploi a rapidement rebondi, particulièrement dans la région métropolitaine de recensement (RMR) de Québec.
2. Statistique Canada dénombrait 429 700 personnes en emploi en février 2021, soit 5 000 (-1,2%) de moins qu’en février 2020.
3. Malgré les difficultés que vivent plusieurs industries, la pandémie n’a pas enrayé la problématique de rareté de main-d’oeuvre vécue par les entreprises de la région.
4. Le taux de chômage s’est rapidement replié à Québec : en février 2020 il était de 4,1% tandis qu’une année plus tard, il est de 5%. Il avait bondi à 12% au printemps dernier, au moment de la mise sur pause de l’économie.
5. Au quatrième trimestre de 2020, Statistique Canada estimait à 15 010 le nombre de postes vacants dans la région de la Capitale-Nationale (CN) et 6265 en Chaudière-Appalaches (CA).
6. En comparaison au quatrième trimestre de 2019, on constate une augmentation des postes vacants de 5% dans la CN.
7. Malgré la pandémie, la région a réussi à maintenir sensiblement le même nombre d’étudiants internationaux inscrits dans nos institutions et les secteurs tels que les TI, la santé, les sciences naturelles et appliquées et les sciences administratives représentaient 66% des étudiants attirés et plus de 76% de ces étudiants souhaitent demeurer dans la RMR de Québec après leurs études.

Analyse sectorielle: Les «gagnants» et les «perdants» de la crise

La pandémie a affecté inégalement les divers secteurs de l’économie. Bien que dans l’ensemble, le marché du travail de la région se soit promptement relevé et resserré, n’oublions pas que certaines industries telles que la restauration, l’hôtellerie, le tourisme et le commerce au détail peinent toujours. La chute de l’emploi dans les différentes industries  t le rythme de la reprise sont toujours en fonction des restrictions de la santé publique et de leur durée dans le temps. Néanmoins, on retrouve tout de même quelques «gagnants» dans le contexte de la crise.

Les catégories professionnelles de la «vente et service», de l’«informatique», du «secteur de la santé» et des «métiers, transport et machinerie» comptaient le plus de postes vacants. On constate que les trois principales industries gagnantes au Québec représentaient plus d’un tiers (35,1%) des emplois de la région de Québec en 2019. Sur un total de près de 460 000 emplois dans la RMR de Québec en 2019, les soins de santé occupaient 69 800 travailleurs, les services professionnels, scientifiques et techniques 41 400 et l’administration publique 50 600.

Le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MTESS) a confirmé que 22% des emplois devront être pourvus par l’immigration dans les régions. Ainsi, si on calcule qu’actuellement 21 275 postes sont vacants dans les régions de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches, ce sont plus de 4600 postes que l’immigration devra pourvoir. En 2019, la région a réussi à attirer plus de 1700 nouveaux travailleurs en provenance de l’international. En 2020, malgré la pandémie, ce fut 1458 travailleurs. Malgré cette performance, c’est trop peu. Le déficit d’attraction demeure, et il est difficile de concurrencer avec la Métropole qui, spontanément, attire plus de 85% des immigrants.

Comment une région métropolitaine de petite taille comme celle de Québec peut-elle penser pouvoir tirer son épingle du jeu? Dans ces circonstances, il faut donc redoubler les efforts pour positionner la région et investir davantage pour la promouvoir et la faire connaître. La guerre des talents est universelle et les bassins de candidats potentiels sont limités puisque pour favoriser leur intégration et leur rétention, ce sont des marchés francophones ou francophiles qui sont ciblés. Pour relever ce défi, la région a besoin de l’appui et du soutien des deux paliers de gouvernement, soit provincial et fédéral. La région a un besoin urgent de main-d’oeuvre et les partenaires signataires de cette lettre croient fermement que les éléments ci-dessous pourraient contribuer à répondre aux besoins grandissants des entreprises et des organisations, et ce, afin d’assurer la croissance et la prospérité
économique du territoire, soit:

1. La mise en place d’un projet-pilote pour la région de la Capitale-Nationale semblable à celui mis en place dans les provinces de l’Atlantique permettant d’accélérer l’obtention de la résidence permanente pour des travailleurs recrutés par des entreprises locales. Ces programmes visent à attirer des immigrants hors des métropoles canadiennes. Ceci permettrait aux candidats ayant été sélectionnés et embauchés par une entreprise de nos régions de pouvoir obtenir de façon accélérée leur résidence permanente (RP). En effet, la rapidité à obtenir la RP est un facteur décisif dans l’attraction et la rétention de talents et un programme accéléré tant au niveau provincial que fédéral contribuerait certainement à combler la pénurie de main-d’oeuvre dans la RMR de Québec. En ce moment, un Certificat de sélection du Québec (CSQ) prend 6 mois à obtenir et la résidence permanente, 27 mois.

2. Le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) demeure conscient des enjeux de recrutement dans plusieurs industries et a mis en oeuvre trois programmes pilotes menant vers la résidence permanente visant trois secteurs: préposés aux bénéficiaires; l’intelligence artificielle, des technologies de l’information et du cinéma; et le secteur de la transformation alimentaire. Ces programmes pilotes sont limités à 550 demandes par secteur par année. Nous demandons au ministère de l’Immigration de conserver 20 % de ces 550 dossiers pour des travailleurs recrutés dans une région en dehors de la région métropolitaine de Montréal. Ceci éviterait la course au Certificat de sélection du Québec et éviterait que les régions soient en concurrence avec Montréal qui demeure, par sa notoriété, la grande gagnante au niveau de l’immigration.

3. En février 2021, lors de la révision de la liste des professions admissibles au traitement simplifié dans le cadre du programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), 54 professions ont été retirées dû à la contraction du marché du travail dans le contexte de la pandémie. Or, avec la relance économique, la rareté de main-d’oeuvre se fait déjà sentir pour certaines professions, par exemple la demande au niveau des cuisiniers diplômés ou expérimentés. Comme la liste est habituellement révisée annuellement au mois de février, il serait souhaitable de ne pas attendre à ce moment pour l’actualiser.

4. Dans le cadre du PTET, le gouvernement fédéral doit augmenter la proportion de 10 % à 20 % en ce qui concerne le nombre de travailleurs étrangers temporaires que les employeurs peuvent embaucher dans des postes peu spécialisés à bas salaire pour les régions à faible taux de chômage et où le nombre de personnes en âge de travailler est insuffisant pour combler les besoins.

5. Continuer à financer l’attraction et la rétention des étudiants internationaux. Éviter que les efforts d’attraction soient anéantis parce que l’étudiant a manifesté une double intention en venant au Québec, soit venir étudier et espérer y travailler. Nous considérons que si l’étudiant est attiré dans le cadre d’une initiative structurée coordonnée par un organisme reconnu par le MIFI, la double intention ne devrait pas être un critère d’octroi du permis d’étude. Le gouvernement devrait également favoriser la prise de données biométriques aux points d’entrée sur le territoire et faciliter la démonstration de la capacité financière du candidat étudiant. Le Québec doit s’assurer d’être concurrentiel dans son offre aux étudiants internationaux, tant pour l’attraction que la rétention, et ce, en répondant aux besoins régionaux.

Les gouvernements du Québec et du Canada, s’ils souhaitent favoriser le développement économique des régions, et plus particulièrement appuyer la RMR de Québec, n’ont d’autre choix que de s’inspirer des éléments ci-haut mentionnés dans leur réflexion et la mise en place de programmes pour favoriser le recrutement de main-d’oeuvre à l’international.

Les partenaires signataires de la RMR de Québec
Sophie D’Amours, Université Laval
Raymond Day, Pôle régional en enseignement supérieur de la Capitale-Nationale
Pierre Dolbec, Corporation des parcs industriels du Québec
Steeve Lavoie, Chambre de commerce et d’industrie de Québec
Raphaëlle-Ann Samson, Jeune chambre de commerce de Québec
Carl Viel, Québec International

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