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Décevant tramway!

Photo: Métro Média

Ceux qui pensaient que le tracé du futur tramway de Québec serait déterminé par de savants experts afin de maximiser les déplacements en transport en commun, savent désormais qu’il n’en est rien : avec les importantes modifications de dernière minute au tracé du tramway, ils auront compris que celui-ci résultera, en définitive, de tractations politiques et de compromis, avec tous les désavantages qui en découlent. À ce chapitre, les usagers du transport en commun devront subir les inconvénients suivants suite à l’implantation du tramway :

1) La perte du Métrobus 800. Il s’agit de la plus grave lacune du nouveau tracé. Les Métrobus 800 et 801 avaient été élaborés sans contraintes et représentaient la véritable colonne vertébrale, les trajets les plus achalandés du Réseau de transport de la Capitale (RTC) : d’est en ouest pour le 800 et du nord au sud pour le 801. Or, en redirigeant le tramway vers D’Estimauville, le nouveau tracé retranche toute la portion du boulevard Jean-Lesage, qui desservait pourtant des pôles majeurs de déplacements tels la Société de l’assurance automobile du Québec, le Palais de justice et le Vieux-port de Québec. Le simple fait d’imaginer que la Gare du Palais ne sera pas connectée au futur tramway défit l’entendement! Les politiciens feront valoir que le tramway doit être connecté au futur pôle d’échange de Saint-Roch. Ce à quoi nous répondons que ce pôle avait sa raison d’être pour un tracé nord-sud, et non pour un tracé est-ouest.

2) L’absence de desserte de Charlesbourg. Si les choses avaient été correctement faites, le tramway aurait, dans sa première phase, emprunté le tracé du Métrobus 801 (plus achalandé que celui du 800) dans sa totalité, jusqu’au Terminus de la Faune. Dans une seconde phase, le tramway aurait remplacé le Métrobus 800 vers Beauport. Ici encore, les contraintes budgétaires imposées par le politique l’auront emporté sur la raison.

3) L’absence de desserte de l’édifice Marly. En supprimant l’actuel Terminus de Marly, les 3800 employés et la clientèle du siège social de Revenu Québec utilisant le transport en commun y perdront au change. À l’avenir, il faudra une ou plusieurs correspondances pour rejoindre l’agence gouvernementale, avec tous les désagréments que cela comporte. Pourtant, le gouvernement tient par ailleurs à ce que les banlieues soient bien desservies par le futur réseau. Quel curieux développement du transport collectif que celui qui se fait au détriment d’une partie de sa clientèle actuelle!

Dans tout le débat ayant entouré le tracé du tramway, on aura entendu s’exprimer des politiciens, des gens d’affaires, des promoteurs immobiliers, des experts universitaires, des écologistes, mais très peu d’usagers du transport en commun, ce qui est paradoxal quand on songe que c’est pour eux que l’on met en place le futur réseau de transport structurant! Il en résulte hélas que les lacunes exposées précédemment viendront grandement diminuer les bénéfices escomptés du futur tramway. Espérons seulement que le RTC saura être à l’écoute de ses usagers afin de trouver des solutions qui minimiseront les impacts négatifs de ce nouveau tracé somme toute décevant.

Pierre Gagné, ancien porte-parole du Comité régional des usagers du transport en commun à Québec

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