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Respect de la justice et souhait d’un retour au cours normal de la vie

Le vendredi 8 février 2019, la sentence a été prononcée par le juge après six heures de présentation. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas facilement oublier la violence extrême qui nous a frappés ce 29 janvier 2017, mais nous voulons, avec résilience, consacrer dorénavant nos efforts pour élever nos enfants et reprendre le cours normal de la vie.

Nous voudrions émettre ce communiqué à l’attention de nos concitoyennes et nos concitoyens. Il comporte deux parties principales, à savoir: un rappel sommairement du vécu des familles endeuillées depuis l’attaque de la Mosquée de Québec jusqu’à aujourd’hui et un appel à toutes et tous, citoyens ordinaires ou personnes en autorité.

Le vécu des familles du 29 janvier 2017 au 8 février 2019

Le fil de ces 2 années a commencé en cette soirée d’hiver du 29 janvier 2017, quand ces familles couraient dans tous les sens à la recherche de leurs maris à la mosquée, dans les hôpitaux, sur les brancards des ambulanciers et dans les morgues, jusqu’à ce que la nouvelle tombe sur elles comme une chape de plomb «votre mari est mort», ou «votre mari est dans le coma, ou en salle de chirurgie», ou encore «votre mari est avec les enquêteurs, il est rescapé», sans oublier la maman qui cherchait son enfant qui se trouvait dans le lieu de la tuerie et qui a été retrouvé sain et sauf.

Toutes les familles et le CCIQ ont ensuite entendu le lendemain matin de la tragédie, Régis Labeaume, maire de Québec, Philippe Couillard, premier ministre du Québec, des dizaines de personnalités et près de 15 000 citoyens déclarer leur compassion face à cette tragédie. Et ce fut le même sursaut à travers le Québec et le Canada. Ces familles ont connu l’angoisse en se présentant devant le juge pour témoigner, entendre les autres témoignages et aussi entendre l’auteur de la tuerie déclarer «non coupable!» malgré son crime évident et, à peine quelques heures plus tard, plaider «coupable!». Ce revirement les a mises dans ne confusion de sentiments indescriptible. Malgré cela, elles ont quitté dignement le Palais de justice en sanglots, mais ni dans la colère, ni dans la vengeance. Elles ont connu aussi le moment douloureux et insoutenable de la rencontre avec le coroner de l’hôpital qui leur a expliqué en détail comment les balles ont fait périr leurs maris.

Elles ont connu aussi l’angoisse en visionnant, à huis-clos (sur autorisation du juge), le film de la tuerie. Elles ont pu voir de leurs propres yeux l’assassin tuer leurs maris et blesser gravement d’autres personnes. Elles l’ont vu tirer sept balles de suite sur un père de famille «Aymen», aujourd’hui cloué sur sa chaise roulante, le corps inerte. Elles ont pu voir un adulte couvrir de son corps un petit enfant, préférant la mort que de voir cet enfant se faire tuer, pendant que son père gisait quelques pas plus loin, touché par plusieurs balles.

Durant ces deux années, ces familles ont lutté pour reprendre, un tant soit peu, la vie normale avec leurs 17 orphelins, soutenues par la compassion des citoyennes et des citoyens québécois. Mais à côté de ces moments difficiles, elles ont connu également de grands moments de générosité, comme ce 25 janvier 2019, par la visite de Justin Trudeau, premier ministre du Canada et ce 29 janvier 2019 quand Régis Labeaume, maire de Québec, et quelques orphelins dévoilèrent la maquette du mémorial de la tragédie de la Mosquée et ensuite, le même jour en soirée, à l’Université Laval où a eu lieu la 2e commémoration citoyenne de cette tragédie, à laquelle ont participé des centaines de citoyennes et de citoyens dont François Legault, premier ministre du Québec, Régis Labeaume, maire de Québec, Jean-Yves Duclos, ministre fédéral, Joël Lightbound, député fédéral, les dignitaires dont ceux du Parti libéral, du Parti québécois, de Québec solidaire, du Parti conservateur du Canada, et Mme Sophie D’Amours, rectrice. Un bel élan de générosité et de solidarité très apprécié par les familles qui ont tenu à ce que cette commémoration ait lieu pour qu’on ne les oublie pas.

Ensuite, ce 8 février 2019, après une attente de plusieurs mois, elles ont entendu, durant 6 heures, la présentation de la sentence prononcée par le juge. De nouveau, l’émotion, la surprise, l’étonnement, l’incompréhension et le mécontentement étaient au rendez-vous. C’est tout à fait humain. Nous n’avons pas compris le dosage de la sentence qui a soufflé le chaud et le froid durant les six longues heures de présentation, ballotés entre les 9 conditions atténuantes et les neuf conditions aggravantes, entre la gravité du crime et le respect de la dignité humaine que dicte la charte canadienne des droits et libertés. Tels sont les évènements qu’ont vécus avec résilience et dignité les familles et et le CCIQ.

Les souhaits des familles endeuillées et du CCIQ

Aujourd’hui, quelques jours après la sentence, la poussière commence à retomber. Nous ne pouvons parler de satisfaction ou d’insatisfaction mais de résilience, car ni la satisfaction, ni l’insatisfaction ne peut rendre la vie aux six pères de famille ou la santé d’avant aux blessés, et encore moins la tranquillité d’esprit aux rescapés ou encore la quiétude d’antan à la Grande Mosquée de Québec.

Aujourd’hui, ces familles et le CCIQ déclarent: «nous prenons acte de la sentence et nous respectons le système de justice de notre pays. Nous respecterons la décision du Directeur des poursuites criminelles et pénales de porter ou pas le jugement en appel. Nous souhaitons tout simplement reprendre la vie normale et protéger nos enfants, et que la quiétude s’installe pour tous.

Nous demandons aux gouvernements du Québec et du Canada, par les décisions qu’ils prendront en ces jours de grande tension sociale, face à des promesses et un équilibre fragile, de veiller en premier lieu à la paix et à la sérénité de notre société. Nous leur demandons aussi de prendre les moyens appropriés pour demeurer des gouvernements inclusifs afin que chaque citoyenne et chaque citoyen puisse vivre dans la dignité et dans le respect de son voisin.

Enfin, nous leur demandons de prendre tous les moyens légaux en leur possession afin qu’il n’y ait de place ni aux types d’armes à feu qui ont tué et blessés ici et là des citoyennes et des citoyens innocents aux Québec et au Canada, ni aux actes haineux contre quiconque de notre société.»

Salam. Paix à toutes et tous.

Le Centre culturel islamique de Québec (CCIQ)

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