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Pour le maintien de la Loi sur l’immatriculation des armes à feu

En tant que représentant de la communauté du CCIQ ayant subi une tuerie de masse commise à l’aide d’armes à feu, je peux dire que nous avons été fortement rassurés par les promesses électorales du parti de François Legault en lien avec le contrôle des armes. Il a non seulement reconnu le «devoir» du gouvernement «de faire respecter la loi (sur l’immatriculation des armes) qui s’appliquera définitivement en février 2019», mais a également énoncé son ouverture à améliorer le processus d’octroi des permis de possession d’armes en visant à «mieux encadrer la recherche des antécédents pour éviter des tragédies».

Comme il est maintenant bien connu, le tueur du 29 janvier 2017 avait des antécédents liés à des troubles mentaux, mais la Sûreté du Québec n’avait pas effectué de vérification quant à ceux-ci, et les proches d’Alexandre Bissonnette ne les avaient pas signalés aux autorités. Étonnamment, aucune vérification de la sorte n’est effectuée lorsqu’un candidat pour un permis de possession nie avoir eu des épisodes dépressifs sur le formulaire de demande, comme l’a fait Bissonnette. Ainsi, il y a certainement lieu d’améliorer les procédures au niveau de l’octroi et du maintien du permis.

Il est clair que la vérification systématique des antécédents et une meilleure sensibilisation du public quant à l’importance de signaler les comportements à risque constituent deux améliorations cruciales aux contrôles qui visent à empêcher l’accès aux armes à des personnes à risque. En effet, si les policiers avaient été alertés des antécédents de Bissonnette et qu’une enquête avait révélé un risque pour la sécurité publique, ils auraient pu entamer la prochaine démarche, soit la saisie préventive des armes à feu en sa possession.

Or, étant donné qu’il possédait des armes non restreintes, incluant l’arme d’assaut CSA-VZ-58 qui s’est par chance enrayée à son premier coup lors de la tuerie, les policiers n’auraient pas su quelles armes ils auraient eu à confisquer. Depuis l’abolition du registre fédéral au Québec en 2015, il n’est effectivement plus possible pour les autorités policières de savoir quelles armes sont détenues par un détenteur de permis de possession. Seules les armes à autorisation restreinte comme les armes de poing demeurent enregistrées (au fédéral), et celles-ci représentent à peine 5% des armes qui circulent au Québec.

Le contrôle des armes est constitué d’un ensemble de mesures et de procédures qui, lorsque bien arrimées et appliquées, peuvent prévenir toutes sortes de tragédies évitables. C’est pourquoi nous réclamons au fédéral l’interdiction des armes de poing et d’assaut, et que nous réclamons de la part du gouvernement du Québec le renforcement des procédures liées à l’accès au permis. C’est aussi pourquoi nous appuyons l’immatriculation de toutes les armes.

Nous espérons donc pouvoir compter sur le présent gouvernement pour qu’il respecte ses promesses électorales et assure la mise en vigueur définitive de la Loi sur l’immatriculation des armes à feu à partir du 29 janvier prochain, date qui coïncide avec le triste anniversaire de la tuerie à notre mosquée.

En tant que survivants et témoins de la souffrance inimaginable qui peut résulter de l’accès aux armes d’un seul individu malintentionné, nous souhaitons ardemment l’amélioration du système afin d’éviter et de prévenir que d’autres subissent le même sort que les victimes de la tuerie ciblant notre communauté, soient nos six frères assassinés, cinq blessés graves et de nombreux fidèles, dont plusieurs enfants, qui sont maintenant traumatisés à vie, tous des citoyens québécois.

Boufeldja Benabdallah, Msc. lng.f., président et cofondateur (1985) du Centre culturel islamique de Québec

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