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Un groupe de médecins dénonce les augmentations consenties aux médecins

QUÉBEC — Le mouvement d’opposition aux hausses de rémunération consenties par Québec aux médecins semble prendre de l’ampleur au sein même du corps médical.

Après les Médecins québécois pour un régime public, la veille, un autre groupe de médecins, le Regroupement des omnipraticiens pour une médecine engagée (ROME), a choisi de dénoncer, mardi, les conditions de rémunération offertes récemment aux médecins de famille et aux médecins spécialistes.

En conférence de presse, le porte-parole et président de l’organisme, qui regroupe quelque 600 membres, le Dr Simon-Pierre Landry, a dit appréhender une crise sociale si le gouvernement Couillard et les deux fédérations médicales (la Fédération des médecins omnipraticiens et la Fédération des médecins spécialistes) ne déchirent pas les ententes conclues.

Les sommes ainsi épargnées devraient selon lui servir à embaucher du personnel hospitalier, notamment des infirmières.

«Nous croyons que nous nous dirigeons vers une crise sociale et politique», a commenté le Dr Landry, convaincu que les augmentations offertes aux médecins ne passent tout simplement pas dans la population.

«La tempête ne passera pas», selon lui.

Le ROME prône un gel de la rémunération des médecins spécialistes et une augmentation suivant l’inflation pour les omnipraticiens.

Selon lui, les têtes dirigeantes des fédérations ne reflètent pas l’opinion des médecins, qui eux ressentent un malaise croissant en regardant leur portefeuille trop bien garni.

«Il y a déconnexion entre une majorité des médecins de la base et des médecins qui contrôlent les fédérations», selon lui.

Grâce à l’entente de principe conclue en février, les 10 000 médecins spécialistes se partageront 2 milliards $ additionnels d’ici 2023, soit 11,2 pour cent d’augmentation. Ils pourront de plus se partager une somme de 480 millions $ en quatre ans, négociée dans le passé en guise de rattrapage salarial avec leurs collègues des autres provinces, mais jamais versée faute de moyens. Un radiologiste, par exemple, gagnait en moyenne en 2016 près de 700 000 $.

Québec versera par ailleurs environ 1,6 milliard $ aux médecins généralistes, d’ici 2023. Un omnipraticien gagne en moyenne environ 245 000 $.

La veille, les Médecins québécois pour le régime public (MQRP), un regroupement totalisant 500 membres, publiaient une lettre en ligne réclamant que le gouvernement annule les hausses salariales accordées aux médecins.

Le Dr Landry estime que, dans l’ensemble, le fonctionnement du réseau de la santé s’est dégradé depuis quatre ans.

Les patients, qui attendent des heures à l’urgence avant de voir un médecin et ne voient pas les améliorations promises par le gouvernement, commencent à exprimer du ressentiment envers les médecins lors des consultations, relate le Dr Landry.  

«Ma job est moins le fun à faire qu’elle l’était», dit le médecin qui travaille à l’urgence d’un hôpital dans la région des Laurentides.

«Le système ne va pas mieux, ajoute-t-il. Il s’est dégradé.»

La situation est telle que selon lui le statut du médecin dans la société est en train d’être remis en question.

Le ROME prône par ailleurs une remise en question de la rémunération à l’acte pour les médecins.

Jocelyne Richer, La Presse canadienne

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