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Médecins spécialistes: le PQ et la CAQ pressent Couillard de déchirer l’entente

L’entente de principe conclue entre le gouvernement et les médecins spécialistes devrait être déchirée, selon l’opposition péquiste (PQ) et la Coalition avenir Québec (CAQ).

Gaétan Barrette

Photo Presse canadienne / Jacques Boissinot

Compte tenu de l’importance des sommes en cause, l’opposition a dit souhaiter, mardi, faire de cette entente controversée un enjeu de la prochaine campagne électorale.

Le gouvernement et la Fédération des médecins spécialistes (FMSQ) ont conclu une entente de principe sur leur rémunération et leurs conditions de pratique, dont les grandes lignes ont été rendues publiques vendredi dernier.

En vertu de cette entente, les 10 000 spécialistes pourront, notamment, se partager 2 milliards $ supplémentaires d’ici 2023.

Leur rémunération globale atteindra alors 5,4 milliards $, une somme jugée vraiment excessive par les partis d’opposition.

Mais le premier ministre Philippe Couillard a rejeté d’emblée l’argumentaire de l’opposition. Lors d’une mêlée de presse, il s’est porté à la défense de son ministre de la Santé, Gaétan Barrette, et a vanté une fois de plus les mérites de l’accord intervenu avec les spécialistes.

Il a rappelé l’importance de conclure une entente négociée avec eux, l’absence de conflit entre les parties étant «à l’avantage des patients».

Le premier ministre a aussi réaffirmé sa satisfaction d’avoir réussi à maintenir l’augmentation de rémunération des spécialistes autour de 3 pour cent par année.

En point de presse, le chef de la CAQ, François Legault, a quant à lui dénoncé le fait que les médecins spécialistes québécois gagnaient désormais davantage que leurs collègues ontariens, une injustice, selon lui.

Il croit que Québec pourrait éviter d’éventuelles poursuites judiciaires intentées par la FMSQ, en cas de non-respect de l’entente signée, en misant sur le fait qu’on en est encore à l’étape de l’entente de principe et non de l’entente finale.

Il faudrait donc attendre l’élection du prochain gouvernement, le 1er octobre, avant d’entériner cette entente, une fois revue à la baisse, a fait valoir M. Legault, se disant convaincu que les médecins spécialistes accepteront de bon gré, au bout du compte, de renoncer aux augmentations consenties.

«Je fais confiance à la bonne foi des médecins spécialistes», a dit M. Legault. Son avis est partagé par l’opposition péquiste, persuadée elle aussi que ces derniers, craignant de voir leur réputation ternie, seront ouverts à la discussion.

«Je joins ma voix à celle de M. Legault», a renchéri le chef péquiste, Jean-François Lisée, pour lancer au gouvernement: «Ne signez pas l’entente!».

Il plaide lui aussi pour «laisser le prochain gouvernement décider de ce qui va se passer pour l’avenir».  

Les partis d’opposition ne sont pas les seuls à juger que le gouvernement a fait fausse route dans ce dossier. Le père de l’assurance-maladie, en 1970, et ex-ministre libéral de la Santé, Claude Castonguay, avait fait une sortie la veille dans le cadre d’une entrevue télévisée pour exprimer toute sa colère envers le gouvernement. Il se disait abasourdi par les «âneries» proférées par le premier ministre, prompt à soutenir avoir fait des milliards de dollars d’économies grâce à cette entente. Il réclamait du même coup la tête du ministre Barrette.

Sans surprise, le gouvernement a refusé de débattre d’une motion de félicitations envers M. Castonguay présentée par le PQ.

Québec solidaire (QS) est aussi revenu à la charge pour demander à nouveau la démission du ministre Barrette. En quelques jours seulement, 50 000 personnes ont signé une pétition mise en ligne par QS en vue de provoquer la démission du ministre, qui a perdu toute crédibilité dans le réseau et auprès de la population, selon le député solidaire Amir Khadir.

En parallèle, QS, qui cherche à se transformer en «mouvement citoyen», organise une manifestation au centre-ville de Montréal samedi pour dénoncer la gestion du gouvernement du réseau de la santé.   

L’entente de principe prévoit notamment que les médecins spécialistes empocheront une hausse d’honoraires de 511 millions $ en 8 ans, somme à laquelle il faudra ajouter un rattrapage salarial à hauteur de 1,5 milliard $, étalé sur 10 ans, une somme promise dans le passé en vertu d’ententes antérieures, mais jamais versée.

En 2016, le revenu moyen d’un médecin spécialiste était de 403 000 $. Au sommet de l’échelle, figuraient les radiologistes avec un revenu moyen frôlant les 700 000 $.

Jocelyne Richer, La Presse canadienne

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