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Une déclaration-choc trouble l’audience au procès d’Alexandre Bissonnette

QUÉBEC — « L’estie, je peux pas croire qu’après 7 balles, il soit pas mort », aurait dit Alexandre Bissonnette à un codétenu en apercevant à la télévision une de ses victimes survivantes, Aymen Derbali, a rapporté la Couronne au tribunal, ce qui a aussitôt créé une onde de choc dans la salle.

M. Derbali est ce père de famille qui a survécu à la tuerie de la mosquée de Québec, mais qui sera cloué à vie dans son fauteuil roulant, car il est devenu tétraplégique suite aux blessures par balles infligées par Bissonnette.

Cette déclaration n’a pas été déposée en preuve. Il s’agit de ouï-dire, car le détenu qui l’aurait prononcée n’est pas venu témoigner. La Couronne n’a pas expliqué pourquoi elle n’a pas présenté en preuve cette déclaration faite par un détenu à un policier de la Sûreté du Québec, mais s’en est servi pour contre-interroger une experte. Le juge a par la suite indiqué qu’il ne tiendra pas compte de la question ni de la réponse de la psychiatre sur cette déclaration.

Un homme a crié dans la salle et des larmes ont coulé.

Manque d’empathie

La déclaration a été amenée mercredi par François Godin, le procureur de la Couronne, qui contre-interrogeait la psychiatre légiste Marie-Frédérique Allard sur ce qu’il considère être un manque d’empathie de Bissonnette envers ses victimes.

Même le juge François Huot semblait se poser des questions à ce sujet.

Alexandre Bissonnette est demeuré impassible lors des témoignages «à glacer le sang» des proches des victimes de la mosquée de Québec, mais il s’est mis immédiatement à pleurer lorsqu’il était question de sa famille, a fait remarquer le juge au Dr Allard, mercredi matin.

Le magistrat a dit avoir de la difficulté à voir une progression de son empathie envers les autres, une position mise de l’avant par l’experte.

Par ses questions, Me Godin dresse un portrait du tireur de la grande mosquée de Québec, le décrivant comme un jeune homme sans empathie, menteur et manipulateur.

Bissonnette a été déclaré coupable de six meurtres et de six chefs de tentative de meurtre.

Les audiences qui se déroulent actuellement en Cour supérieure visent à déterminer sa peine, soit la durée de sa période d’incarcération.

La psychiatre, dont les services ont été retenus par la défense, a témoigné qu’elle croit que Bissonnette a réalisé certains progrès au niveau de l’empathie, bien qu’ils ne soient pas énormes, mais qu’il a la capacité de la développer. Elle parle d’un potentiel sur 25 ans, précise-t-elle, soit la peine minimale dont il pourrait écoper.

Le 29 janvier 2017, Alexandre Bissonnette a fait irruption dans la grande mosquée de Québec, abattant six hommes, et faisant plusieurs blessés.

Stéphanie Marin, La Presse canadienne

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