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«Nonos» de La Meute: les propos de Trudeau provoquent une escalade verbale

Les propos tenus lundi soir à Québec par Justin Trudeau font tiquer La Meute. Le premier ministre, qui a traité les membres du groupe nationaliste identitaire de «nonos», a été copieusement insulté par l’un des adhérents de premier plan de l’organisation, mardi.

le porte-parole de La Meute, Sylvain Brouillette.

Photo TC Media – Charles Lalande

L’escalade verbale se lit dans un message publié en matinée sur la page Facebook publique du regroupement par Sylvain «Maïkan» Brouillette, qui taxe — sans le nommer — le premier ministre canadien de «trou de cul».

Le membre du groupe aux positions proches de l’extrême droite a affublé Justin Trudeau de cette épithète sous prétexte qu’il «a fait des associations et des amalgames révoltants» entre La Meute et le drame de la mosquée de Québec survenu le 29 janvier 2017.

Dans le discours qu’il a livré dans la Vieille Capitale lors de la cérémonie de commémoration de l’attentat qui a fait six victimes, le premier ministre a pesté contre les «racistes», ces «nonos qui se promènent avec les pattes de chiens sur le t-shirt».

C’est ce qui lui a valu la réplique de Sylvain «Maïkan» Brouillette — qui, selon ce que rapportait Vice News en décembre dernier, a abandonné son poste de chef de bande pour redevenir simple membre de La Meute. Il a été impossible de déterminer quelle est sa position hiérarchique actuelle.

«Un nono c’est quelqu’un qui voit une patte de chien au lieu de voir l’emblème du Québec surmontée de ses valeurs de démocratie, de làïcité (sic), de liberté et d’égalité», écrit-il dans son texte coiffé du titre «C’est quoi un nono?».

Il soutient également dans ce message paru sur la page Facebook comptant près de 17 000 abonnés qu’«un nono ce n’est pas quelqu’un qui s’affirme pour défendre ses valeurs», mais bien «quelqu’un qui acceuille (sic) en héro (sic) dans son bureau un criminel comme Joshua Boyle».

L’auteur du texte fait référence à l’audience qu’a accordée Justin Trudeau à l’ancien otage des talibans rapatrié au Canada en octobre dernier, et qui est depuis sous le coup de multiples accusations criminelles.

Il réserve aussi dans cette publication quelques mots à l’intention de Philippe Couillard. Sans le nommer, il traite le premier ministre du Québec de «nono» — dans son cas, pour avoir comparé «la colonisation du Canada avec l’immigration moderne».

Dans son allocution devant la foule réunie pour souligner le premier anniversaire de la tragédie, le premier ministre québécois s’est demandé pourquoi certains citoyens se sentaient plus Québécois que d’autres alors que leurs ancêtres sont aussi des immigrants.

«On est tous venus d’ailleurs rejoindre les Premières Nations, il n’y a que la date qui change. Et cette date ne détermine pas notre niveau de citoyenneté», a fait valoir Philippe Couillard, lundi soir, à Québec.

Du côté d’Ottawa, Justin Trudeau n’a exprimé aucun regret d’avoir eu recours au terme «nonos». En marge d’une annonce, il a au contraire promis qu’il serait «toujours là pour dénoncer ceux qui ne sont pas en train de bâtir une société meilleure et plus ouverte à tous».

Il a argué qu’il y avait «encore des gens intolérants à l’intérieur de notre société», et qu’il en allait de sa «responsabilité» comme premier ministre de «dire clairement quand des propos sont haineux, quand des déclarations ou des gestes sont inacceptables dans cette société».

Le député conservateur Pierre Paul-Hus ne partage pas cette lecture; selon lui, de tels propos sont indignes de la fonction qu’occupe Justin Trudeau. «Traiter ces gens-là de nonos, je trouve que ce n’est pas des mots qui devraient sortir de la bouche d’un premier ministre», a-t-il dit.

L’élu, qui représente une circonscription de la région de Québec, s’est ensuite demandé à voix haute pour quelle raison Justin Trudeau avait ressenti le besoin d’évoquer La Meute pendant son allocution.

«Pourquoi parler de ces gens-là, pourquoi dans un discours devant un public qui est (prosterné) suite à un attentat, aller parler de ces gens-là de façon comme ça, en les traitant de nonos?», a-t-il lâché en mêlée de presse dans le foyer de la Chambre.

Mélanie Marquis, La Presse canadienne

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