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Des vétérans malades doivent attendre des mois avant d’obtenir de l’aide

Le ministère des Anciens Combattants a du mal à traiter dans un délai convenable les demandes d’aide de vétérans malades ou blessés, et plusieurs doivent attendre plus de quatre mois avant de savoir simplement s’ils sont admissibles, révèlent des rapports internes.

PC

Des documents obtenus par La Presse canadienne indiquent qu’un peu plus de la moitié des vétérans qui ont demandé une prestation d’invalidité entre avril et juillet derniers ont obtenu une décision en moins de 16 semaines. Les responsables soutiennent que le traitement a été accéléré, mais le ministère est loin de ses propres cibles de rendement et il est conscient que des centaines de vétérans malades ou blessés sont laissés à eux-mêmes pendant de longs mois.

Plusieurs de ces vétérans présentent des problèmes de santé mentale, comme un trouble de stress post-traumatique, dont souffrait semble-t-il l’ex-caporal Lionel Desmond, qui aurait selon toute vraisemblance tué sa mère, sa femme et sa fille de 10 ans avant de s’enlever la vie, mardi dernier en Nouvelle-Écosse. Selon des membres de sa famille, M. Desmond, qui avait été déployé en Afghanistan en 2007, a tenté sans succès d’obtenir des soins après son départ de l’armée en juillet 2015.

Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse a demandé une enquête afin de déterminer à quel point le réseau de la santé de la province avait su prendre en charge le vétéran. Le ministère des Anciens Combattants, plaidant la confidentialité, a refusé de commenter le dossier de M. Desmond.

Les documents obtenus par La Presse canadienne grâce à la Loi sur l’accès à l’information révèlent que seulement 52 pour cent des 6023 demandes de prestations d’invalidité déposées entre avril et juillet 2016 ont été traitées en moins de 16 semaines, alors que l’objectif du ministère est de 80 pour cent. Ce ralentissement remonte à au moins 2014-2015.

Des statistiques du ministère des Anciens Combattants révèlent que le trouble de stress post-traumatique figurait l’an dernier au troisième rang dans la liste des motifs qui ont poussé les vétérans à demander des prestations d’invalidité — après la perte auditive et le bourdonnement dans les oreilles.

Un enjeu majeur de la nouvelle politique de défense

Le porte-parole du ministre des Anciens Combattants a soutenu dans un courriel, jeudi, que 61 pour cent des décisions sont maintenant rendues en deçà de 16 semaines. Mais Alexandre Bellemare reconnaît qu’on est loin du compte.

Le ministre Kent Hehr et son collègue de la Défense, Harjit Sajjan, ont déjà promis que le soutien aux militaires et vétérans serait un enjeu majeur de la nouvelle politique de défense du gouvernement canadien, qui doit être présentée ce printemps.

L’ombudsman de la Défense nationale et des Forces canadiennes, Gary Walbourne, demande que les militaires ne soient plus libérés de l’armée pour des motifs de santé tant que toutes les mesures ne seront pas mises en place afin de pouvoir soutenir adéquatement ces vétérans malades ou blessés. Un appel repris jeudi par le porte-parole conservateur en matière d’anciens combattants, John Brassard, qui souhaite une transition plus souple de la vie militaire vers la vie civile.

«Ce processus laborieux peut compliquer la transition», a-t-il soutenu dans un courriel. «(Cette bureaucratie) devient insoutenable pour des vétérans déjà confrontés aux problèmes liés au trouble de stress post-traumatique et autres traumatismes liés au stress.»

La porte-parole néo-démocrate, Irene Mathyssen, trouve inacceptable qu’un vétéran doive attendre plus de 16 semaines — un délai déjà trop long. Elle attribue ces retards aux coupes budgétaires effectuées par le précédent gouvernement conservateur, et elle souhaite que le gouvernement libéral agisse rapidement afin de remédier à cette situation.

Lorsque les conservateurs de Stephen Harper ont réduit les dépenses gouvernementales pour équilibrer le budget fédéral, le nombre d’employés aux Anciens Combattants a été réduit de 21 pour cent de 2008 à 2014. L’effectif du ministère n’avait pas été aussi réduit depuis 1998.

Lee Berthiaume, La Presse canadienne

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