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Décès d’un travailleur chez Alcoa-Aluminerie de Deschambault: méthode de travail déficiente en cause

RAPPORT. Le 15 août 2015, Emmanuel Bouillé perdait la vie, écrasé par un chariot élévateur, dans un accident de travail au centre de coulée d’Alcoa-Aluminerie de Deschambault-Grondines, dans la région de la Capitale-Nationale. Mercredi, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a dévoilé les conclusions de son enquête sur les causes ayant mené à ce décès, assortie de recommandations pour prévenir d’autres cas malheureux.

Rappel des événements: le 15 août 2015, vers 3h20, Emmanuel Bouillé se trouve au poste d’opérateur de pont roulant, où il effectue la levée d’un creuset près de la salle de contrôle. Au même moment, à proximité, le conducteur du chariot élévateur exécute une manœuvre de marche arrière en utilisant la caméra de recul. M. Bouillé n’entend pas l’alarme de recul et se fait heurter par le chariot élévateur auquel il faisait dos. Les services d’urgence interviennent sur place avant le transport du blessé vers l’hôpital, où son décès est constaté.

Chargée de l’enquête, la CNESST s’est rendue à l’aluminerie Alcoa de Deschambault-Grondines afin de reconstituer la scène pour comprendre ce qui s’est passé cette nuit-là. Dans son rapport déposé mercredi, elle cible une cause à deux volets: la coactivité du chariot élévateur et de l’opérateur de pont, dangereuse en raison des angles morts non couverts par la caméra de recul – où se trouvait M. Bouillé – et d’une méthode de travail déficiente qui ne protégeait pas l’opérateur d’un contact possible avec le chariot de 12 265kg.

Aucun canal de communication entre le conducteur et l’opérateur qui partagent une aire de travail commune; un appareil de protection respiratoire qui, porté par l’opérateur, assourdit le bruit de l’alarme de recul du chariot; les déplacements aléatoires de l’opérateur lors de la manipulation des creusets; et l’absence de zone de sécurité définie pour l’opérateur: autant de facteurs identifiés par la CNESST qui auront contribué à l’inévitable.

Un cas non isolé

Autant de facteurs, surtout, revus par Alcoa qui, à la lumière des exigences de la CNESST, aura élaboré et appliqué un plan d’action pour corriger la situation. Depuis l’accident, notamment, des glissières de béton ont été ajoutées afin de délimiter une aire de sécurité où l’opérateur peut exercer ses tâches sans crainte. «De cette façon-là, on élimine ou diminue sérieusement le risque de collision», juge Yvan Bourgeois.

Le directeur régional de la CNESST-Capitale-Nationale en fait d’ailleurs l’objet d’une recommandation étendue: «Il y a beaucoup d’entreprises qui sont vulnérables à ce genre de situation-là. C’est un accident qui est arrivé dans une entreprise, il y a des particularités qui appartiennent à cette entreprise-là, mais c’est le genre de situation qu’on peut rencontrer partout. Les employeurs qui sont sujets à vivre ce genre de situation, qu’ils prennent conscience du risque auquel ils sont exposés et qu’ils prennent des mesures pour éliminer le risque.»

Au cours des cinq dernières années au Québec, 28 travailleurs, dont 2 dans la Capitale-Nationale, sont décédés après avoir été heurtés par un véhicule ou de l’équipement mobile, rappelle la CNESST.

Québec Hebdo

 

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