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Attentat de Québec : des lettres pour aider à panser les plaies

ENTRAIDE. Dans une atmosphère appelant au recueillement et à la délicatesse, les instigateurs du projet «Lettre à toi» ont remis les lettres reçues depuis le lendemain de l’attentat de Québec aux familles des victimes, mardi soir.

Tommy Bureau a remis une boîte de lettres à une Famille victime de l’attentat du 29 janvier.

TC Media – Mathieu Galarneau

Quelques citoyens de la région, tous bien ordinaires, pas du tout en lien avec la communauté musulmane… rien ne laissait présager qu’ils se retrouveraient devant des familles encore fragiles de l’attentat qui a fait six victimes et cinq blessés graves le soir du 29 janvier.

Dans les heures qui ont suivi les coups de feu, ils ont tout de suite sauté sur les réseaux sociaux pour organiser la vigile du 30 janvier. Le besoin de faire sentir aux musulmans québécois qu’ils étaient chez eux les a poussés à s’impliquer. «On a fédéré tous les événements qui se créaient sur Facebook. On a contacté la police pour avoir les autorisations, on a accueilli les personnalités qui voulaient prendre la parole… C’est bien peu, mais on a été heureux de le faire», a raconté humblement Tommy Bureau.

Mais après cette soirée de solidarité, que faire? C’est à partir de ce questionnement que l’idée de «Lettre à toi» est née. Les citoyens qui le désiraient pouvaient écrire à un casier postal loué par les six initiateurs qui s’étaient créé une page Facebook.

La réponse a été forte : des montagnes de lettres se sont retrouvées dans des cartables pour être distribuées aux familles endeuillées, mais également dans des lieux publics fréquentés par des membres de la communauté musulmane de Québec.

Des lettres écrites aux membres de la communauté musulmane de Québec.

TC Media – Mathieu Galarneau

Tantôt des jeunes, tantôt des familles, ont écrit une «Lettre à toi», mais un couple a particulièrement ému Annie Demers Caron, une des instigatrices du projet. «Dans la lettre, ils reconnaissaient que longtemps ils ont pensé que les musulmans étaient méchants. La lettre était super honnête : “on entendait ce qui se passait dans d’autres pays, les attentats, et on se disait que les musulmans n’étaient pas des bonnes personnes, qu’ils ne pouvaient pas cohabiter avec nous. On comprend maintenant qu’on a des valeurs très similaires”. Ils disaient aussi qu’entendre les voix des gens de la communauté musulmane leur a permis de comprendre qui ils étaient», a-t-elle raconté.

C’est avec beaucoup d’émotion, de part et d’autre, que les lettres ont été remises aux familles. Les initiateurs en posant le geste ont souhaité que ce soit une première étape d’ouverture entre les Québécois et la communauté. En larmes, les familles ont gracieusement accepté les lettres, symboles pour elles que l’acte lâche de Bissonnette ne représente pas la pensée de la majorité québécoise.

Pour Souheila Djaffer, citoyenne musulmane participante au projet, l’idée n’était surtout pas de faire ressortir les plaies du 29 janvier. Au contraire il s’agit d’un effort de rapprochement. «Dans toutes les sociétés, il y a du bon et du mauvais. Les bons doivent se regrouper pour empêcher les mauvais d’avancer. Il ne faut pas qu’on reste spectateur», a-t-elle plaidé.

Après la prière du soir, de multiples étreintes, et après avoir essuyé les larmes, les participants sont repartis, espérons, le cœur un peu plus léger.

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