Soutenez

Un arbre pour parler de santé mentale chez les jeunes

DOSSIER. À leur retour en classe lundi, les jeunes et le personnel de l’école Cœur-Vaillant auront un prétexte pour parler de santé mentale.

Au Québec, on estime que la dépression touche environ 5% à 7 % des adolescents, principalement les filles, et que le taux augmente à 17% à la fin de l’adolescence.

Deposit/Katarzyna Bialasiewicz

Pour souligner ce dimanche la « Journée nationale de la santé mentale des enfants et des jeunes », un chêne rouge a été planté dans la cour de l’école du secteur Sainte-Foy. Au cours des prochains jours, les élèves seront interpellés pour le nommer. Le geste est symbolique, mais étonnamment, il est aussi clinique.

Il n’y a pas que des remèdes médicaux aux problèmes de santé mentale chez les jeunes, souligne la Dre Andréanne Dussault. D’autres approches entrent dans l’équation pour solutionner les troubles d’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), l’anxiété ou la dépression. Le verdissement du milieu de vie a son rôle à jouer, soutient-elle.

Un concours sera lancé pour nommer l’arbre planté par les participants Ça marche Doc!, dont La Dre Andréanne Dussault et la directrice d’école Nathalie Blais.

« Je pense que ce n’est pas assez vulgarisé, assez expliqué », constate la médecin de famille en santé mentale jeunesse au CLSC de Donnacona. Pourtant, un environnement verdi a le potentiel de diminuer l’anxiété chez les jeunes et d’améliorer leur concentration, souligne celle qui a participé à la plantation de l’arbre. « On est beaucoup dans une approche très pharmacologique : on a des symptômes, une maladie, un traitement pharmacologique. Mais il faut parler des autres mesures qui ont souvent un impact plus grand que la médication. On peut parfois renverser des maladies avec notre mode de vie, avec l’environnement », plaide-t-elle.

En parler

Proposer le plein air comme piste de solution est une bonne idée, approuve la directrice de l’école Cœur-Vaillant, Nathalie Blais. L’enjeu des troubles de santé mentale chez les jeunes a une « très grande importance », selon elle, mais de façon générale, « en étant très franche, on n’en parle pas beaucoup ». Les tabous sur le sujet peuvent être tenaces, constate la directrice.

L’enjeu a récemment été propulsé dans les médias avec l’engouement pour la série « 13 raisons » sur la plateforme Netflix. L’histoire fictive qui traite du suicide d’une adolescente a créé une véritable onde de choc qui divise la communauté d’intervenants en santé mentale. Sans se positionner sur le contenu de la série, la Dre Dussault y voit d’abord une occasion pour discuter de santé mentale.

Et la dépression chez les jeunes?

C’est aussi ce que pense la psychoéducatrice Stéphanie Deslauriers, selon qui on peut tirer des avantages à encadrer les discussions suscitées par le visionnement de la série. Plus encore, Stéphanie Deslauriers y voit une occasion d’aborder la dépression : une grande « absente » des discussions. L’enjeu touche pourtant jusqu’à 17% des jeunes filles à la fin de l’adolescence, rapporte l’experte de l’Université de Montréal.

Les troubles intériorisés comme la dépression tendent à passer sous le radar, parce qu’ils sont moins visibles et « perturbants » en classe, résume-t-elle. Pourtant, les effets sur le cheminement scolaire sont documentés : environ le quart des décrocheurs souffrent de dépression, souligne celle qui vient de lancer un livre pour adolescents sur le sujet. La dépression est aussi un « facteur de risque » très important dans les cas de suicide. « En tant qu’intervenants, c’est important de garder ça en tête. Même en tant que parents, c’est important de garder ça en tête et de prendre les moyens pertinents et nécessaires pour améliorer le bien-être de notre enfant en temps et lieu. »

 « Éli »

Il s’agit du 9e ouvrage de la psychoéducatrice Stéphanie Deslauriers.

(Image – Gracieuseté)

Comment intercepter les signes? Les pistes de solutions de l’auteure sont réunies dans le livre « Éli, comprendre la dépression à l’adolescence ».

Il est normal de vivre des changements et des bouleversements à l’adolescence, note la psychoéducatrice, mais quand les activités du quotidien ressemblent plus à un combat, alors il faut demander de l’aide. Des fluctuations dans le sommeil, l’appétit, les habitudes de vie et l’intérêt dans les loisirs peuvent mettre la puce à l’oreille autant aux parents qu’aux jeunes eux-mêmes.

Besoin d’être écouté(e)? De parler?
– Tel-Jeunes
– Centre de prévention du suicide de Québec

Auteure d’un blogue, Stéphanie Deslauriers a choisi d’emprunter le même style d’écriture pour son livre, de façon à la rendre accessible aux adolescents. « Quand [les jeunes] vont aller chercher de l’information, ils vont aller sur Google, mais ils vont aussi s’inspirer de blogueurs et de « Youtubeurs », des gens de la vraie vie, si on veut ».  

Une attention particulière a été portée au graphisme et à l’intégration de thèmes chéris par les jeunes, comme la poésie. L’auteure a par ailleurs prévu une section pour aider le lecteur à « se mettre en action de façon réaliste » au quotidien et une postface dans laquelle elle partage sa propre expérience de la dépression. 

« Éli, comprendre la dépression à l’adolescence » est disponible en librairies depuis le 22 mars dernier. Il s’agit du 9e ouvrage de l’auteure.

TC Media

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Toute l'actualité locale au même endroit.

En vous inscrivant à Mon Métro, vous manifestez votre engagement envers la presse locale. + Profitez d’une expérience numérique personnalisée en fonction de vos champs d’intérêt et du quartier où vous résidez. + Sélectionnez vos articles favoris pour une lecture en différé.