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Santé mentale : des patients à livre ouvert

SANTÉ MENTALE. Dans le cadre de l’activité À livres ouverts présentée à la Bibliothèque Gabrielle Roy, la population a eu la chance de rencontrer des « livres vivants ». L’activité consiste en des témoignages de personnes atteintes de différents problèmes de santé mentale. Grâce à la participation de l’Association des bibliothèques publiques du Québec, l’événement s’est tenu toute la semaine dans plus d’une dizaine de villes partout dans la province. Nous avons rencontré l’organisation et consulté un « livre » sur place.

Éric, le « livre » que j’ai consulté.

(Photo TC Media – Charles-Olivier Caron)

L’organisatrice de l’événement, Rosalie Bérubé-Lalancette.

(Photo TC Media – Charles-Olivier Caron)

Les deux journées tenues à la Bibliothèque Gabrielle Roy ont pour objectif de combattre la stigmatisation en lien avec les troubles divers en lien avec la santé mentale. « On a fait une liste des différentes expériences que l’on voulait couvrir. On a sur place une personne bipolaire, une autre avec un problème alimentaire et quelqu’un qui a connu des problèmes de toxicomanie par exemple. Ces personnes qui fréquentent différents organismes communautaires partenaires ont accepté de se dévoiler lors de cette activité », explique Rosalie Bérubé-Lalancette, de l’AQRP (Association québécoise pour la réadaptation psychosociale).

Ces « livres » partagent ainsi leur parcours passé, leur vie personnelle et professionnelle du moment, les ressources qui les ont aidés, etc. Chaque témoignage est différent. « Les gens qui acceptent de le faire acceptent de le faire pour la cause. On entend souvent parler des gens pendant les moments de crise, mais pas lorsque ça va bien. Ça prend des modèles comme ces livres vivants pour montrer qu’ils ont des vies ordinaires, un travail, une vie de couple, etc. », explique Mme Bérubé-Lalancette.

Un « ouvrage de référence »

En plus des livres vivants, le « livre de référence » Richard Langlois, agent de liaison à l’Alliance des groupes d’intervention pour le rétablissement en santé mentale, auteur et conférencier a participé à l’activité en tant que soutien pour quiconque le demande. Il a publié trois livres traitant de ses épisodes de bipolarité, de psychose et sa vie après ces épisodes.

Il croit qu’il y a beaucoup à faire afin de briser le concept des problèmes de santé mentale. « Malgré le fait qu’une personne vit quelque chose de particulier, ça peut prendre le large et la personne peut vivre un rétablissement total », explique M. Langlois.

En tant qu’agent de liaison, il connaît les ressources disponibles pour les gens qui en ont besoin. C’est le principal objectif de sa présence à la bibliothèque pendant ces deux journées. « Que ce soit à travers les témoignages, les livres ou les groupes d’entraide, on peut se reconnaître quelque part dans tout ça. Ce qui est important c’est de voir que les personnes affectées ne sont pas seules. Il faut se dire que tu ne seras pas la seule personne à vivre un rétablissement, mais aussi une vie heureuse », affirme l’auteur.

Ma location personnelle

Le « livre » que j’ai loué se nomme Éric. Dans sa description, Éric fait l’analogie d’une vie de couple avec sa partenaire, la dépression. Ils sont ensemble depuis 30 ans. Il a connu la dépression lors de son adolescence, à l’école secondaire. Éric est très ouvert à parler de cette vie, par sa présence à l’activité et sa collaboration pendant plusieurs années à différentes chroniques, où il s’ouvrait sur sa condition. Lors de notre rencontre d’une quinzaine de minutes, il s’est ouvert à moi comme si on se connaissait depuis toujours, comme si je lisais un livre. Plutôt, comme si on me racontait une histoire.

Éric raconte son parcours. On est attentif, on écoute chaque mot et on vit avec lui son passé. Son témoignage est sincère, poignant et surtout, humain. En tête-à-tête avec lui, on dépasse l’image simpliste de la dépression. On l’accompagne dans sa démarche. On découvre peu à peu les acteurs qui l’ont aidé dans son rétablissement : Des proches, des loisirs, des organismes.

Ce qui sort de tout ça, c’est qu’Éric n’est pas malheureux. Il connaît ses limites et surveille constamment les moments qui peuvent s’apparenter à une « rechute ». Il sait quand il doit être aux aguets. Cela ne l’empêche pas d’être épanoui dans sa vie personnelle et professionnelle.

Le « chapitre Éric » est très instructif, autant pour comprendre ce que vivent les personnes qui côtoient la dépression, que pour déconstruire ce que l’on croit savoir de la dépression. Un ouvrage nécessaire à la compréhension et à la déconstruction d’un des problèmes qui affectent la société. 

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