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Les salons funéraires sont-ils préparés à une éventuelle pandémie de grippe?

L’Agence de la santé publique du Canada a élaboré des plans d’urgence pour faire face à toute pandémie de grippe au pays. Mais qu’en est-il des salons funéraires, qui accueilleraient alors un afflux de défunts mais aussi de visiteurs, peut-être eux-mêmes porteurs du virus, et alors que plusieurs de leurs employés seraient eux aussi cloués au lit?

Woman blowing her nose

Selon l’agence fédérale, les salons funéraires devraient s’attendre à effectuer, en cas de pandémie de grippe, l’équivalent d’environ six mois de travail au cours d’une période de six à huit semaines. Or, les salons funéraires des grandes villes pourraient ne pas être en mesure de répondre à une telle demande, rappelle l’Agence de la santé publique du Canada dans ses Lignes directrices sur la gestion des décès de masse durant une pandémie d’influenza.

L’agence recommande notamment qu’entre deux épidémies de grippe, les salons funéraires élaborent déjà des plans sur des ressources humaines d’appoint, au cas où leur personnel actuel serait frappé par la pandémie. On suggère notamment une collaboration avec d’autres salons funéraires et le recours à des fournisseurs funéraires à temps partiel ou à la retraite, à des bénévoles rattachés à des clubs philanthropiques locaux ou des églises pouvant s’acquitter de tâches telles que le creusage de tombes, sous la direction du personnel actuel.

L’entreposage des corps pourrait devenir aussi un problème, car là où il n’est pas possible d’inhumer en temps opportun en raison du sol gelé ou de l’insuffisance des installations, les corps pourraient devoir être entreposés pendant toute la durée de la pandémie (six à huit semaines). On pourrait envisager alors d’utiliser des camions réfrigérants, des casiers d’entreposage à froid et des arénas, suggère l’agence.

Lors d’une pandémie, rappelle l’agence, certaines familles peuvent perdre plusieurs membres en même temps, ce qui exercera une pression énorme sur leur budget. On recommande ainsi aux salons funéraires de faire bonne provision de cercueils moins coûteux. Par ailleurs, l’agence rappelle que le virus de l’influenza ne peut se transmettre après la mort; par contre, les visiteurs aux salons funéraires, avec accolades et poignées de main de circonstance, peuvent devenir des vecteurs redoutables en cas de pandémie. Les autorités provinciales de santé publique pourraient alors limiter le type et la durée des visites.

Allan Cole, directeur de l’Association des services funéraires du Canada, assure que les salons funéraires sont déjà aptes à répondre à de telles crises, comme ils l’ont prouvé par le passé lors de la pandémie de Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Il est cependant difficile de vérifier leurs plans d’urgence en cas de pandémie: La Presse canadienne a posé la question à plusieurs salons funéraires, et aucun n’a répondu aux appels.

Selon M. Cole, les gens planifient lorsqu’une épidémie commence à apparaître dans l’actualité, puis l’intérêt s’épuise au même rythme que la maladie. Il soutient aussi que les salons funéraires n’ont pas toujours l’espace requis — ni les moyens — pour entreposer du matériel supplémentaire, qui a souvent une vie utile limitée.

Dans son Guide de planification pour le secteur de la santé en cas de grippe pandémique, mis à jour en 2015, l’Agence de la santé publique du Canada estime que selon les données historiques, les pandémies de grippe se produisent entre trois et quatre fois par siècle, mais l’intervalle entre chacune est variable (11 à 41 ans).

Leurs répercussions ont aussi été très variées dans l’histoire récente: la «grippe espagnole» de 1918-1919 a été particulièrement grave, causant de 30 000 à 50 000 décès au Canada (20 à 50 millions dans le monde); les pandémies de «grippe asiatique» (1957) et de «grippe de Hong Kong» (1968) ont été «modérées», et la pandémie de grippe A(H1N1), en 2009, est considérée «plus faible».

Rob Drinkwater, La Presse canadienne

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