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Des recrues qui tombent au combat… contre eux-mêmes

TÉMOIGNAGE. «Je respecte encore plus les militaires après avoir vécu ce que j’ai vécu. Quand je vois un sergent ou un caporal-chef, je sais qu’ils ont fait un camp encore pire que celui des recrues», explique Alexandre, un jeune homme de 23 ans qui a été rattrapé par son passé alors qu’il tentait de faire son entrée dans les Forces armées canadiennes.

Plusieurs recrues craquent sous la pression et n’arrivent pas à faire leur entrée dans les Forces armées canadiennes.

(Photo TC Media – Archives)

Alexandre a participé à la première saison de l’émission Les Recrues, une émission sur l’école de leadership et de recrues des Forces canadiennes. Malheureusement, après une semaine dans son peloton, il a demandé à être retiré du camp. «Leur but c’est de « te casser », tu n’as plus de force pour te protéger de tes émotions.»

Alexandre a participé à une émission de télévision sur l’École de leadership et de recrues des Forces canadiennes de Saint-Jean-sur-Richelieu.

(Photo capture d’écran de l’émission Les recrues, diffusée à Z Télé)

Pendant son adolescence, Alexandre a fait face à une période très difficile où il a tenté de mettre fin à ses jours. «Je pensais avoir réglé tout ça, mais dans l’ambiance de l’armée, tu fais juste penser et ça revient à la surface, c’est pour ça que j’ai décidé de partir», explique le jeune homme qui a pris du recul depuis les événements. «Dans 8 semaines, je vais avoir un gun entre les mains, qu’est-ce que je fais?», s’est-il alors demandé.

D’ailleurs, quelques semaines avant l’arrivée d’Alexandre à Saint-Jean-sur-Richelieu, un jeune homme s’y était enlevé la vie.

«Il y a des gens qui me voient à la télé, mais il y a tellement de choses derrière la caméra qu’on ne voit pas. Après avoir parlé de ma tentative de suicide quand j’étais civil avec la travailleuse sociale de l’armée, ça m’a tellement délivré», raconte le jeune homme qui a tout de même su tirer du positif de cette expérience grâce aux ressources qui ont été mises à sa disposition. Sa courte expérience dans les forces a fait en sorte qu’il a été capable de parler de cette période difficile avec ses parents pour la première fois.

Le plus difficile pour lui, c’était de faire face au jugement des autres quand il a quitté l’école de leadership. «Je ne voulais pas exposer ma situation à mes amis, donc c’était dur de leur expliquer ma décision. Surtout si c’est à un militaire, ou quelqu’un qui l’a été… c’est gênant de dire que j’ai lâché parce que j’ai des choses à régler», se rappelle le jeune homme.

Comme il habitait près de la base militaire de Valcartier, il voyait chaque jour des hommes et des femmes qui se présentaient à son lieu de travail en uniforme. «Yo, t’étais dans les Forces armées canadiennes, pis là tu travailles dans une épicerie», se disait-il chaque fois. «Je suis bien content d’être redevenu civil, mais ça a été dur pour l’orgueil.»

Alexandre a vite réalisé que s’il était resté dans les forces, il aurait été sur la médication et aurait été payé à être malade. «Je ne voulais pas profiter du système, je voulais partir honnêtement», raconte le jeune homme qui a préféré se retirer pour vivre «une vie normale».

La vie à Saint-Jean

«Être civil c’est la liberté, t’arrives là c’est une prison, ça a été difficile. Le coucher, c’est à 11h. Le réveil, c’est à 5h et tu n’as pas le droit de te coucher avant, des instructeurs montent faire des rondes», se rappelle Alexandre qui se tenait difficilement éveillé lors des cours théoriques.

D’un autre côté, Alexandre a un ami qui est passé par le camp des recrues et qui s’en est bien sorti. «Il y a des réputations de pelotons, des instructeurs plus durs qui vont te ramasser», raconte le jeune homme qui estime donc que l’expérience de civil à militaire peut être très différente d’une personne à l’autre. Le fait de faire partie d’un tournage a aussi ajouté de la pression sur les épaules des recrues et des instructeurs.

L’expérience dépend aussi du caractère de chacun, estime Alexandre: «si tu es très extraverti dans ta vie de civil, et que tu ne te gères pas, tu vas te faire ramasser».

S’il en avait eu la chance, Alexandre aurait aimé dire aux futures recrues que pour être un bon militaire et ne pas craquer sous la pression, il faut avoir bien réglé tous ses problèmes et avoir la conscience tranquille à son arrivée à l’école de leadership et de recrues des Forces canadiennes.

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