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Élection de Donald Trump : Labeaume inquiet pour les entreprises de Québec

POLITIQUE. Le maire de Québec s’est dit incapable de se rassurer au lendemain de l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. La classe moyenne américaine «a mis son pied à terre» pour réclamer du changement et ça peut difficilement être sans conséquence pour la Ville de Québec, selon lui. D’autres partagent son avis.

Le maire de Québec, Régis Labeaume, s’inquiète du fait que le territoire du bassin versant de la rivière Saint-Charles compte quelque 5000 fosses septiques. (Photo TC Media – François Cattapan)

«J’essaie de trouver des repères pour être optimiste, puis je n’en ai pas trouvé encore», a réagi Régis Labeaume, tôt mercredi matin.

Le protectionnisme que le président américain élu a promis de mettre de l’avant inquiète particulièrement le maire de Québec. Avec une majorité de républicains à la Chambre des représentants et au Sénat, les deux instances législatives du gouvernement, «où est le cran d’arrêt» de Donald Trump, questionne-t-il. «Il n’y a personne pour l’arrêter en principe».

Si les États-Unis resserrent leurs frontières, les entreprises de Québec, comme d’ailleurs au pays, en souffriront, plaide M. Labeaume: «[Donald Trump] a toujours dit “America First” et je pense qu’il va le faire. Des entraves à l’exportation aux États-Unis, qui sont notre plus gros marché, honnêtement c’est inquiétant. Je voudrais dire à la population que je ne suis pas inquiet, mais je ne suis pas capable».

Craintes pour le secteur manufacturier

Des quatre secteurs de productivité forts de Québec, c’est le secteur manufacturier qui risque d’être le plus durement touché, avance pour sa part le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Québec, Alain Aubut. Dans la région, 44 000 emplois découlent de ce secteur qui représente 10% du produit intérieur brut (PIB). Les autres secteurs que sont l’immobilier, les assurances, le commerce de gros et de détail, pourraient quant à eux subir des effets «collatéraux».

Ce n’aurait en revanche peut-être pas été complètement rose avec Hillary Clinton, tempère toutefois M. Aubut. «On voit qu’il y a un souhait de protectionnisme aux États-Unis qui était amplifié avec ces deux candidatures-là;  je dirais qu’avec Trump c’était encore plus évident».

«Le protectionnisme aurait été touché d’une manière ou d’une autre, abonde la professeure en Science politique à l’Université Laval, Anessa Kimball, et ce même si Hillary Clinton avait été élue. Les deux [Trump et Clinton] ont dit que l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) est à revoir et les deux auraient fait des modifications. Trump est toutefois plus protectionniste».

Le nouveau président pourrait être difficile à suivre, poursuit Mme Kimball : «Pour le commerce, Trump donne des signaux un peu mélangés. Ses politiques pourraient avoir des bons effets pour le Canada, comme le projet d’oléoduc Keystone, mais d’un autre côté, il dit qu’il faut renégocier l’ALÉNA. Comme notre économie est très liée à la leur, il faudra s’attendre à ce que les chocs sur l’économie américaine auront des impacts ici.»

«On a heureusement beaucoup d’entreprises qui exportent mondialement», ce qui fait que tous les œufs ne sont pas dans le même panier, rassure M. Aubut. Si les frontières américaines se referment, les entreprises de Québec pourront profiter des accords commerciaux avec l’Europe, conclut-il : «Les Européens ne veulent pas nécessairement négocier avec les Américains et ça semble être dans la ligne de pensée de Trump de ne pas développer ce type d’entente.»

Message aux politiciens « déconnectés »

L’élection de Donald Trump est un message aux politiciens «déconnectés», croit Régis Labeaume. «Ça envoie un signal à tous les politiciens que si vous n’écoutez plus le monde – et c’est la beauté de la démocratie – c’est qu’à un moment donné les gens peuvent mettre leur pied à terre». Pour les Américains, ça s’est traduit par le rejet de  l’establishment, mais aucun politicien n’est à l’abri, conclut le maire de Québec.

Cette hypothèse d’une «écoeurite» de la population américaine, Anessa Kimball dit aussi l’avoir remarqué : «Ça [l’élection de Donald Trump] démontre clairement un manque de confiance envers « l’establishment »», conclue-t-elle.

Avec la collaboration de Monica Lalancette et Mathieu Turgeon

TC Media

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