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Violence conjugale: comprendre le processus de dénonciation

La violence conjugale se trouve dans toutes les couches de la société. Photo: Photo 123 RF

RELATION. Diverses raisons peuvent rendre complexe la dénonciation de la violence conjugale, comme la relation émotionnelle qui unit la victime à son agresseur, la peur, la présence d’enfants ou la dépendance fonctionnelle. Comprendre le processus de dénonciation peut aider les victimes à envisager l’arrêt de la relation toxique et le début d’une vie plus harmonieuse.

Selon le Service de police de Québec, la violence conjugale comprend toute agression physique, psychologique, sexuelle, verbale (sarcasmes, insultes, chantage, menaces), et tout acte de domination économique vécue dans une relation conjugale ou extraconjugale. En général, le cycle de la violence s’opère par une montée de tension, une agression, une déresponsabilisation de l’agresseur et une réconciliation. Du côté de la victime, ces phases correspondent bien souvent à la peur, la colère, le sentiment qu’elle est responsable de la violence et, enfin, l’espoir que la situation va s’améliorer.

Martin Soucy, lieutenant-détective. Photo Avanti

Les étapes du processus de dénonciation

Bien que les victimes puissent se rendre directement au poste de police pour déposer une plainte, le processus débute la majorité du temps lorsque le service de police reçoit l’appel d’un témoin inquiet ou d’une victime qui a peur. «Les patrouilleurs vont intervenir pour calmer la crise, prendre la déclaration de la victime et de l’agresseur, vont rechercher des preuves et tenter de comprendre les circonstances, rapporte le lieutenant-détective Martin Soucy de l’Unité des violences conjugales du Service de police de Québec. Les patrouilleurs rédigent ensuite un rapport d’évènement, et s’assurent que la victime et ses enfants pourront aller dans un lieu sûr, comme chez des amis, la famille ou dans une ressource d’hébergement.» La Direction de la protection de la jeunesse est appelée si le développement des enfants est compromis ou si la victime n’est pas en mesure de les prendre en charge.

Dans les heures suivant la réception de la plainte, le rapport d’évènement est acheminé à un enquêteur spécialisé de l’Unité des violences conjugales, qui montera un dossier complet et qui communiquera avec la victime pour assurer un suivi du début jusqu’à la fin des procédures. Ce dossier inclut les faits, témoignages, rapport d’évènement, déclaration du suspect et les preuves. «Ce qui est bien, c’est que cet enquêteur devient la ressource principale, le point de chute pour informer la victime de l’avancement du dossier, poursuit le lieutenant-détective Soucy. C’est aussi à ce moment que la victime reçoit un rappel des conseils et instructions pour sa sécurité, comme ne pas rester seule, être attentive à son environnement ou savoir quoi faire s’il y a un bris de condition de la part du suspect.»

L’agresseur, lui, est localisé, arrêté puis interrogé. Différentes options sont alors envisagées selon la gravité des gestes. «Les enquêteurs sont formés pour évaluer le risque et prendre des décisions, confirme le lieutenant-détective. Si l’agresseur est remis en liberté, il peut avoir des conditions à respecter, comme garder une distance avec la victime, ne pas communiquer avec elle, remettre ses armes et son passeport ou ne pas se rendre à des lieux précis. Dans le cas où il pourrait être un risque pour la victime, il peut être gardé en détention en attendant de passer à la cour.»

«La victime n’est pas seule, elle est soutenue et conseillée par des professionnels à chaque étape.»

-Martin Soucy, lieutenant-détective

Des ressources selon les besoins

Le dossier est ensuite acheminé à un procureur de la couronne du Directeur des poursuites criminelles et pénales, qui prend connaissance du dossier, qui rencontre la victime et qui évalue si la preuve est suffisante pour déposer des accusations. Par la suite, l’agresseur comparait devant le juge dans les 24 heures s’il y a lieu. Le juge décide s’il sera détenu ou remis en liberté avec des conditions à respecter. Étant donné que les délais judiciaires peuvent avoir un impact sur la mobilisation et la peur de la victime, les dossiers de violence conjugale sont traités en priorité. «Beaucoup de ressources d’aide sont disponibles, et tout le monde a à cœur que ça se règle rapidement, explique-t-il. Certaines victimes ont besoin d’informations légales pour la garde des enfants, de soutien pour une cessation de bail, pour trouver rapidement un logement, ou ont besoin d’aide pour être plus autonome au quotidien. C’est vrai que le processus demande un certain engagement et une mobilisation de la victime, mais il est fait en tout respect de ses choix. Elle est soutenue et conseillée à chaque étape, qu’elle choisisse de témoigner ou non contre son agresseur.» Une fois la fin du processus, qui peut prendre de quelques semaines à quelques mois, les victimes apprivoisent leur nouvelle réalité, certainement plus saine, plus douce et plus sereine.

Informations supplémentaires

En plus du Service de police, l’organisme S.O.S. Violence conjugale demeure la ressource principale pour obtenir des informations, que l’on soit victime ou témoin. Plus de détails sur sosviolenceconjugale.ca/fr

Témoignages

Pour lire des témoignages de victimes qui ont repris le pouvoir sur leur vie : https://metroquebec.com/local/quebec-hebdo-local/actualites-quebec-hebdo-local/268149/violence-conjugale-reprendre-son-pouvoir/

 

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