Soutenez

«Je ne voulais pas avoir mes enfants à 40 ans»

Josyane Cloutier
MATERNITÉ. En 2012, près de 2,7 % des enfants nés au Québec n’ont pas de père déclaré sur leur acte de naissance : sur les 88 700 bébés, cela en représente 2361. Ces chiffres incluent toutes les situations de mères seules, allant de l’adolescente à la femme plus âgée. Nadine Turcotte fait partie de ces mères célibataires qui, voyant le temps avancer, ont décidé de prendre le taureau par le cornes et de se lancer seules dans la maternité. Un défi qui, pourtant, est considérable.

C’est au moment d’avoir son deuxième enfant que la jeune maman a décidé de s’informer sérieusement sur cette possibilité. «J’ai toujours voulu être mère et j’ai toujours su que je voulais une grande famille. Je vieillis, et je ne veux pas avoir mes enfants à 40 ans non plus… On est rendus en 2016, je peux me débrouiller toute seule !», s’exclame-t-elle en serrant son petit homme contre elle.

«Ce n’est pas pire que si je me dépêche à trouver quelqu’un pour avoir un enfant et que je me fais laisser pendant ma grossesse… Je vais pouvoir lui dire que je le voulais tellement que j’ai décidé de le faire toute seule. Je vais être honnête avec mon garçon et lui expliquer avec des mots d’enfant.»

Le deuil de la famille idéale est toutefois une étape incontournable pour quiconque décide de fonder une famille par soi-même. «L’image du papa et de la maman a toujours été importante pour moi, et c’est une grosse réflexion que j’ai dû faire vu que je n’avais personne dans ma vie. Ça ne marche pas toujours comme on veut…», exprime Nadine Turcotte, avant d’ajouter qu’elle ne regrette absolument pas son choix malgré tout.

S’occuper seule des repas, de la garderie, des devoirs de sa plus grande, des paiements et de tout ce qui découle d’une vie familiale est une responsabilité pas toujours très douce. «Je recommence à travailler en septembre, et c’est là que va se jouer le gros test je pense. Ça me rend fébrile», avoue la jeune maman, bien qu’elle sache un peu à quoi s’attendre.

L’insémination articifielle dite «maison»

Pendant l’année 2015-2016, ce sont 644 femmes, en couple ou non, qui ont fait des démarches pour recourir à l’insémination artificielle au Centre intégré de santé et de services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec (CIUSSS-MCQ).

Dans un processus clinique, une foule de professionnels de la santé interviennent aussi auprès de la future mère. Selon le rapport «Les activités de procréation médicalement assistée, démarche clinique et thérapeutique» du Collège des médecins, paru en octobre 2015 : «Le travail en équipe interprofessionnelle est une réalité clinique de la pratique de la procréation médicalement assistée. Cette approche contribue à fournir des soins et services de qualité et sécuritaires, à la satisfaction des professionnels impliqués et des patients.» Le rapport spécifie également que le suivi psychologique dans ce genre de démarches est souvent nécessaire.

Cependant, un passage en clinique, puisqu’il ne peut être réalisé qu’au privé, coûte en moyenne 4000 $ pour chaque insémination. Et puisque les procédures ne sont plus ou peu remboursées par la Régie de l’assurance-maladie du Québec, les futures mamans ont parfois tendance à se tourner vers d’autres options. En comparaison, effectuer cette procédure de façon artisanale, à la maison, ne coûte que la seringue stérile achetée en pharmacie : aucune intervention médicale ni traitement en laboratoire n’est nécessaire. Toutefois, aucune garantie ni protection n’est offerte concernant, par exemple, la transmission des maladies sexuellement transmissibles. Tout se fait aux risques de la future maman.

Le CIUSSS n’a d’ailleurs aucune donnée à ce sujet, n’étant pas au courant que de telles pratiques avaient cours.

Nadine Turcotte fait partie des femmes ayant tout de même opté pour cette façon de faire. «J’ai appelé une de mes amies qui l’avait déjà fait pour m’informer et savoir comment elle avait vécu tout ça. Elle m’a référé quelqu’un, et je l’ai rencontré. Il dégageait une belle assurance et il me convenait, donc j’ai décidé de ne pas aller en clinique et de faire affaire avec un donneur dont j’ai eu des références.» Elle admet néanmoins qu’elle aurait eu des réticences à faire la même chose auprès d’un donneur rencontré sur Internet et dont elle n’aurait jamais entendu parler.

Lors de leur rencontre, il lui a notamment montré les résultats des tests de dépistage qu’il avait récemment subis, afin de rassurer la future maman sur son état de santé. Un contrat a également été signé entre les deux adultes, comme quoi le donneur s’engage à ne jouer aucun rôle dans la vie de l’enfant à venir. Il a néanmoins accepté de rencontrer le petit garçon de Nadine Turcotte si jamais celui-ci se posait des questions au sujet de ses origines : «un gros plus», selon la dame, puisque cette mesure est parfaitement impossible lors d’une insémination réalisée en clinique.

La Régie de l’assurance-maladie du Québec ne rembourse effectivement que les dons anonymes provenant de banques de sperme. Les bambins nés de l’insémination artificielle n’ont donc aucun moyen de retrouver leur géniteur, une contrainte à laquelle n’est pas soumise l’insémination maison.

 

 

 

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Toute l'actualité locale au même endroit.

En vous inscrivant à Mon Métro, vous manifestez votre engagement envers la presse locale. + Profitez d’une expérience numérique personnalisée en fonction de vos champs d’intérêt et du quartier où vous résidez. + Sélectionnez vos articles favoris pour une lecture en différé.