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Des poèmes pour les anges

RECUEIL. Avant de donner naissance à Samuel Kewa, Marielle Nelly M’Bangha a dû dire adieu à Dhéliel, décédé à la naissance. Rien ne l’avait préparée à revenir de l’hôpital les bras vides et si elle signe aujourd’hui son premier recueil de poèmes sur le deuil périnatal, c’est pour que les femmes, comme elles, se sentent «moins seules».

Si elle avait eu un ouvrage du genre à son retour à la maison, Marielle Nelly M’Bangha se dit qu’elle aurait peut-être mieux compris les sentiments de colère et de culpabilité par lesquels elle est passée; mieux compris aussi les réactions autour d’elle. «Je ne l’aurais peut-être pas lu sur le coup, admet-elle, mais peut-être après une semaine…»

Rien ne la destinait à devenir auteure et écrire des poèmes n’était pas non plus sa première intention: «Avec le temps qui passait, autour de moi, on ne me parlait plus de Dhéliel et j’avais envie de continuer à le faire vivre. Alors j’ai commencé au départ à écrire des textes», raconte-t-elle, doucement. Son cahier de notes s’est rapidement noirci et on l’a convaincue de partager ses écrits.

Les premières pages de Dhéliel, mon fils, ma chair, mon sang s’ouvrent sur l’annonce de la grossesse, la relation avec son fils dans son ventre, la place du père et «les sentiments qu’on ressent quand on va à l’hôpital», décrit Marielle Nelly M’Bangha. Au fil des textes, l’auteure chemine jusqu’à l’annonce du décès: un poème qu’elle a intitulé Ce jour où tout bascula.

Parler des émotions de colère et de culpabilité, mais aussi du retour à la maison se devait de faire partie de sa démarche. Au passage Marielle Nelly M’Bangha parle aussi de son pays natal, où les «tabous» entourant la mort d’un enfant sont tenaces. «Chez moi au Gabon, lorsqu’on perd un premier enfant, on dit qu’on ne doit pas le pleurer. Ma mère me l’a souvent dit. Dans nos coutumes, on dit que quand on perd un enfant: “il est parti acheter la terre”.» Un de ses poèmes s’intitule d’ailleurs ainsi. «C’est comme s’il allait faire un barrage à la mort, c’est comme une façon de conjurer un sort», illustre-t-elle.

Au-delà du deuil, Marielle Nelly M’Bangha cherche à «apporter un petit peu d’espoir», mais bien «humblement»: «parce que moi je suis encore dans le processus de deuil.»

Cérémonie des anges

Ce samedi 15 octobre, l’auteure sera du nombre des participantes de la Cérémonie des anges. Ce jour-là, on commémore mondialement la mémoire des bébés décédés et elle présentera son recueil au public pour la première fois.

Une fois lancé, elle espère qu’il trouvera sa place dans les maisons de naissance et les hôpitaux. «Mon rêve, si je peux dire comme ça, ce que j’aimerais c’est que les parents aient cet ouvrage-là. C’est-à-dire qu’en partant chez eux, qu’ils aient cet ouvrage-là d’une maman qui a vécu ce qu’ils vivent. Bien souvent on a du mal à aller vers les ressources, mais je me dis qu’un livre qui parle du deuil périnatal serait bien.»

La publication du livre a été rendue possible grâce à une campagne de financement et l’auteure a l’intention de partager les bénéfices de la vente de son livre avec Les Perséides. Selon l’organisme, c’est grossesse sur cinq qui ne se rend pas à terme, chaque année au Québec.

Québec Hebdo

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