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La culture du viol dénoncée à Québec

MANIFESTATION. Dans la foulée des agressions sexuelles survenues à l’Université Laval, plusieurs centaines, voire milliers de personnes ont participé à la manifestation dénonçant la culture du viol, aussi bien à Québec que dans d’autres villes de la province.

Plusieurs milliers de personnes se sont déplacées à la Place de l’Université-du-Québec pour manifester contre la culture du viol.

(Photo TC Media – Prisca Benoit)

Malgré le froid, la pluie et la neige, la Place de l’Université-du-Québec était pleine à craquer mercredi soir à Québec. Femmes et hommes, adolescentes, enfants, politiciennes et politiciens, étudiantes et étudiants se sont déplacés pour dénoncer avec ferveur la culture du viol. Parapluies et pancartes s’élevaient vers le ciel alors que la foule scandait ses slogans. Plusieurs élus du Parti libéral du Québec, du Parti Québécois et de Québec Solidaire ont fait acte de présence.

La manifestation tenue à Québec s’inscrivait dans un vaste mouvement national, intitulé Stop à la culture du viol. Des manifestations à Montréal, Sherbrooke, Chicoutimi et Gatineau se sont tenues le même soir. Les agressions sexuelles dénoncées à l’Université Laval, la poursuite envers Radio-Canada par des policiers de la Sûreté du Québec de Val-d’Or à la suite de la diffusion d’un reportage sur les agressions sexuelles envers les femmes autochtones et les allégations d’agression sexuelle envers un élu de l’Assemblée nationale ont mené à la tenue de ces manifestations.

Pour la porte-parole de la manifestation de Québec, Camille Comeau, c’est la banalisation des petits gestes du quotidien qui bâtit petit à petit la culture du viol. «C’est de dire aux filles de faire attention à ce qu’elles portent comme vêtements ou de ne pas dénoncer l’oncle déplacé dans les fêtes de familles, illustre-t-elle. C’est de mettre la faute sur le dos des victimes plutôt que sur celui des agresseurs.»

Plusieurs témoignages ont précédé la marche se déroulant dans la Basse-Ville de Québec. Des femmes de différents horizons sont venues témoigner de leur expérience devant la foule attentive. Les applaudissements et les slogans accompagnaient les prises de paroles. Le cortège s’est ensuite mis en marche dans une boucle ramenant les manifestants à la Place de l’Université-du-Québec où les témoignages se sont poursuivis.

Le politique interpellé

La nécessité de l’établissement d’un plan d’action clair pour lutter contre les agressions sexuelles se fait de plus en plus sentir. «Ça prend un plan d’action qui va permettre de faire de la formation à la sexualité, imposer des politiques de réaction contre les violences sexuelles sur les campus universitaires, des politiques qui vont faire en sorte qu’un agresseur va avoir des conséquences et que l’agressée va avoir le support nécessaire», rapporte la députée de Chicoutimi et porte-parole de l’opposition officielle en matière de Condition féminine, Michelle Jean.

«La responsabilité que nous avons comme politiciens et politiciennes qui gèrent le portefeuille collectif c’est d’investir l’argent à la bonne place, a déclaré la députée de Québec Solidaire Manon Massé sous un tonnerre d’applaudissements. Ça veut dire maintenant, la question de la politique en matière de lutte aux agressions sexuelles et maintenant, des cours d’éducation sexuelle et de saines relations enseignés par du monde compétent.»

La députée de Taschereau Agnès Maltais croit nécessaire de dénoncer également la culture du silence qui mine l’Assemblée nationale. «S’il y a des gens qui commettent des gestes qui sont inacceptables, il faut les dénoncer rapidement, il faut que les partis prennent ça sérieusement, martèle-t-elle. Je pense qu’au Parti libéral, il y a eu une faille, c’est clair. Maintenant, je ne veux pas en faire non plus un débat partisan.»

Le passage de la ministre de la Condition féminine Lise Thériault a été plus houleux, plusieurs manifestants critiquant vertement le gouvernement libéral. «Es-tu féministe?», clamait la foule alors que l’élue invitait l’ensemble des députés présents à venir sur scène à ses côtés. «J’ai demandé à mes collègues de venir avec moi sur scène, parce que ce matin, nous avons voté à l’unanimité à l’Assemblée nationale une motion pour faire en sorte de cesser la culture du viol, une motion pour se donner les moyens financiers d’y arriver.» Après les pressions de la foule, la ministre a ajouté qu’elle était bel et bien féministe, en plus de promettre des actions à court terme.

Québec Hebdo

 

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