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Saint-Sauveur, le quartier «sous le radar»

Dale Gilbert, historien et auteur du livre Vivre en quartier populaire, s’est penché sur l’évolution du quartier Saint-Sauveur, ce secteur de l’arrondissement de La Cité-Limoilou qui a longtemps eu le plus haut ratio de commerces locaux par habitant.

La Taverne Jos Dion fêtera, l’an prochain, ses 85 ans.

Photo TC Media – Marie-Pascale Fortier

«J’ai choisi Saint-Sauveur parce que c’est l’un des quartiers les moins connus de la Ville de Québec. Il est toujours passé sous le radar et demeure très anonyme dans la mémoire populaire», explique-t-il, mais également parce que sa famille y a habité pendant plusieurs générations.

La rue Saint-Vallier Ouest a toujours su demeurer la principale artère commerciale et communautaire de Saint-Sauveur, portion densément peuplée de la Capitale Nationale. M. Gilbert explique d’ailleurs que Saint-Vallier, construite au 18e siècle et auparavant connue sous le nom de route de Lorette, est l’une des plus vieilles rues à Québec.

«Dans les années 1930, Jos a fondé la taverne, qui était très populaire à l’époque parce qu’il y avait beaucoup de main d’œuvre dans le quartier. Les hommes venaient prendre une bière chez Jos Dion quand ils finissaient de travailler»

Photo TC Media – Marie-Pascale Fortier

L’ancien Centre Durocher, construit en 1950, a été le cœur de la vie communautaire et sociale pendant plus de 60 ans, raconte Dale Gilbert, qui a toujours aimé déambuler dans le quartier avec sa grand-mère. Avant le Centre Durocher, on y trouvait la Halle Saint-Pierre, un marché public ravagé par un incendie en 1945. «C’est le cœur géographique et de la vie communautaire depuis très, très longtemps. On change la vocation de ce lieu après plus de 100 ans».

Le décor de Saint-Vallier a connu d’autres changements, comme la disparition du Cinéma Laurier. «Dans les années 60 et 70, les gens préféraient aller dans les grands cinémas plus modernes», retrace M. Gilbert. Cet immeuble au coin des rues Saint-Vallier et de Carillon a donc été rasé pour offrir de l’espace de stationnement pour les voitures, de plus en plus nombreuses. «C’est vraiment un témoignage de l’évolution de la vie dans le quartier».

S’il a vécu des périodes glorieuses, Saint-Sauveur est par contre passé par des décennies plus difficiles, pendant les années 1970 à 1990, relate l’historien. Certains commerces, comme la taverne Jos Dion, ont su rester forts alors que plusieurs de leurs voisins étaient contraints de mettre la clé dans la porte.

Jos Dion

Certains éléments du décor, comme le bar, sont les mêmes qu’à la fondation, en 1933.

Photo TC Media – Marie-Pascale Fortier

L’an prochain, la Taverne Jos Dion, située au 65 rue Saint-Joseph Ouest, fêtera ses 85 ans. Il s’agit de l’un des plus vieux commerces du quartier. Cette longue histoire auprès de la population se lit jusque sur les murs du commerce, tapissés de photos d’époque.

Ce cachet unique est d’ailleurs ce qui a permis à Jos Dion de passer à travers les décennies plus difficiles, croit le propriétaire actuel, Jonathan Delarosbil. Plusieurs curieux se rendent à la taverne simplement pour observer les photos et se remémorer de bons souvenirs. «Quand les gens entrent chez Jos Dion,  ils ont l’impression d’entrer en 1933. C’était comme ça Jos Dion, et ça l’est encore».

«Dans les années 1930, Jos a fondé la taverne, qui était très populaire à l’époque parce qu’il y avait beaucoup de main d’œuvre dans le quartier. Les hommes venaient prendre une bière chez Jos Dion quand ils finissaient de travailler», raconte M. Delarosbil, qui représente la troisième génération de propriétaires. Dans le commerce, on retrouve toujours le plafond, le lambris de bois et le bar d’origine.

Pendant le jour, on y retrouve la clientèle régulière qui fréquente l’établissement depuis près de 50 ans, mais de plus en plus, la nouvelle génération se l’approprie. «Il y a beaucoup de commerces de proximité de qualité qui se sont ajoutés, ça emmène une nouvelle clientèle et un beau mélange. Le quartier Saint-Sauveur reprend vie. Ça redevient à la mode», de conclure M. Delarosbil.

M. Delarosbil représente la troisième génération de propriétaires.

Photo TC Media – Marie-Pascale Fortier

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